Avec Two Prosecutors, présenté en Compétition, le cinéaste ukrainien Sergei Loznitsa revient à la fiction, onze ans après Dans la brume, et confirme une nouvelle fois sa capacité à sonder l’histoire soviétique avec une acuité implacable. Ce troisième long métrage de fiction, adapté du roman éponyme de Gueorgui Demidov – physicien et ancien détenu du goulag –, nous entraîne au cœur de la Russie des grandes purges staliniennes.
Le film suit le parcours d’un procureur récemment nommé, qui, en décidant de rencontrer un prisonnier victime de la police secrète, découvre les rouages d’un système répressif où vérité et justice n’ont plus cours. Un récit tendu, porté par une mise en scène rigoureuse, qui interroge les dérives d’un pouvoir sans visage.
Révélé en 2010 avec My Joy, un road-movie crépusculaire présenté en Compétition, Sergei Loznitsa s’est d’abord illustré dans le documentaire, genre qu’il n’a jamais quitté. Depuis Maïdan (2014), chronique bouleversante des soulèvements populaires ukrainiens, jusqu’à L’Invasion, présenté l’an dernier à Un Certain Regard, il n’a cessé de documenter les traumatismes politiques de l’espace post-soviétique, entre mémoire collective et actualité brûlante.
Naviguant avec précision entre documentaire et fiction, Loznitsa a construit une œuvre singulière, où chaque plan témoigne d’un souci du détail quasi chirurgical. Cinéaste de la complexité, il capte les silences, les regards, les fissures d’un monde en crise.
« Je voulais faire un film d’amour, mais comme ça arrive fréquemment avec les Russes, quel que soit votre projet, vous finissez avec une kalachnikov », déclarait-il en 2010. Quinze ans plus tard, cette phrase résonne comme une sombre ironie, dans une œuvre marquée par la guerre, l’histoire, et la résistance par le cinéma.
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