C’est par une déclaration sobre et émue que Laurent Lafitte a ouvert la 78ᵉ édition du Festival de Cannes, ce samedi soir, au Grand Théâtre Lumière.
« Elle est née au Festival de Cannes. Sa délicatesse, humble et puissante, va terriblement manquer. J’aimerais dédier cette cérémonie d’ouverture à Émilie Dequenne », a-t-il lancé, rendant hommage à l’actrice belge récemment disparue.
Maître de cérémonie, l’acteur français a su alterner humour ciselé et propos engagés, dans un discours saluant tout particulièrement le travail des comédiennes et comédiens. Une soirée d’ouverture traversée par les secousses du monde, où le cinéma, plus que jamais, s’est affirmé comme espace de résistance, de mémoire et d’espoir.
Ce mardi soir, la 78ᵉ édition du Festival de Cannes s’est ouverte dans une ambiance chargée d’émotion, de mémoire et de convictions. Maître de cérémonie, Laurent Lafitte a donné le ton en rendant hommage à des figures du courage artistique — de James Stewart à Adèle Haenel, de Marlène Dietrich à Volodymyr Zelensky. Une invitation à puiser dans leurs engagements la force de s’exprimer, de résister, et d’oser : « par nos discours, nos choix et nos refus, afin d’être à la hauteur de cette phrase de Frank Capra : Seuls les audacieux devraient faire du cinéma. »
Sous le frontispice de cette édition — une étreinte symbolique — l’acteur a interrogé le pouvoir du septième art : « On se pose toujours la question de savoir si le cinéma peut changer le monde. Mais si on lui demande toujours plus d’inclusivité, de représentativité, de parité, c’est donc bien qu’il le peut. Parfois, il suffit de raconter un homme et une femme pour toucher à l’universel. »
Il a ensuite accueilli sur scène les membres du Jury international des Longs Métrages, composé de neuf personnalités aux sensibilités diverses — Halle Berry, Payal Kapadia, Alba Rohrwacher, Leïla Slimani, Dieudo Hamadi, Hong Sangsoo, Carlos Reygadas, Jeremy Strong — présidé par Juliette Binoche, saluée comme « née actrice dans cette même salle. »
L’actrice française a livré un discours profondément humaniste, en résonance avec les secousses du monde. Elle a appelé à « faire naître la douceur, la confiance », à dépasser l’ignorance et l’égoïsme, à renouer avec l’humilité. Dans un moment particulièrement fort, elle a évoqué la jeune photojournaliste palestinienne Fatima Hassouna, tuée à Gaza le 16 avril avec dix de ses proches. La veille de sa mort, elle avait appris que le film auquel elle avait participé était sélectionné à Cannes. « L’art reste, il témoigne de nos vies et de nos rêves. Et nous, spectateurs, nous l’embrassons. »
La cérémonie s’est poursuivie avec un hommage vibrant à David Lynch. Mylène Farmer, voix éthérée et silhouette mystérieuse, est apparue pour interpréter un titre inédit dédié au cinéaste disparu en janvier dernier, plongeant la salle dans un moment suspendu.
Puis, l’émotion a gagné en intensité lorsque Leonardo DiCaprio a fait son entrée pour remettre une Palme d’or d’honneur à Robert De Niro. L’acteur américain a salué celui qu’il considère comme son modèle :
« Robert De Niro n’est pas seulement un immense acteur. Il est L’Acteur. Avec Scorsese, ils ont redéfini ce que le cinéma pouvait être : une prise de risque partagée, une vérité brute. »
Dans un discours empreint de gravité, De Niro a ensuite exhorté le public à défendre la démocratie et la liberté :
« Dans mon pays, nous luttons pour préserver des droits que nous pensions acquis. Cela concerne chacun de nous. L’art est une forme de liberté. C’est pourquoi il fait peur aux autocrates. C’est pourquoi nous devons agir — pacifiquement, mais avec passion. »
Et pour clore cette soirée d’ouverture, c’est Quentin Tarantino, fidèle enfant terrible du cinéma mondial, qui a fait retentir sa voix :
« IT’S MY HONOUR TO DECLARE THE 78TH FESTIVAL OPEN!!! »
Un cri de guerre joyeux pour douze jours d’un festival plus que jamais engagé, flamboyant, et libre
