1 Nouvel Hay Magazine

Hommage à un Héros : Arsène Tchakarian, l’Affiche Rouge

Après l'enterrement au  Cimetière parisien d'Ivry 44, avenue de Verdun 94200 – IVRY s/Seine

tout près des tombes du groupe Manouchian de l'Affiche Rouge (https://www.tombes-sepultures.com/crbst_724.html) (bénédiction par un prêtre ).

Après le requiem le Samedi 22 septembre 2018 à 13 heures en la cathédrale St Jean Baptiste 15 rue Jean Goujon 75008 Paris , célébré par Monseigneur Vahan Hovhanessian .

Voici l'hommage du 24 février 2019 :" :Chers amis, Nous voici réunis autour de la tombe d’Arsène Tchakarian qui repose désormais auprès de ses frères d’armes du Groupe Manouchian.
En ce dimanche 24 février, nous sommes venus honorer la mémoire de Missak et de ses camarades exécutés par les nazis en 1944 mais nous sommes également là pour vous cher Arsène qui fut leur compagnon. Vous, le dernier survivant du Groupe Manouchian, vous vous étiez fait une promesse à vous-même, celle d’être présent tous les ans, quel que soit le temps, au cimetière d’Ivry sur Seine pour évoquer les combattants de l’Affiche Rouge.
Pour la première fois, vous n’avez pas pu respecter ce serment mais sachez, cher Arsène, que nous suivrons le chemin que avez tracé et que nous serons présents pour eux et pour vous dans les années à venir comme nous sommes présents aujourd’hui.
Et pourquoi reprendre le flambeau de ce travail de mémoire ?
Nous devons reprendre le flambeau du travail de mémoire parce que plus jamais ce travail est primordial et indispensable. Arsène, vous qui alliez dans les lycées et les collèges pour raconter l’histoire de la Résistance mais aussi celle des Arméniens et du génocide, vous connaissiez l’importance du témoignage et de la transmission.
En ces temps troublés où resurgissent des démons du passé que tous espérions à jamais disparus, il me revient en mémoire une phrase du dramaturge Bertolt Brecht : « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ». Cette bête immonde c’est le rejet des autres, c’est l’antisémitisme, ce sont toutes ces idées nauséabondes contre lesquelles s’étaient levés les héros de la Résistance et qu’ils combattaient avec force et avec rage.
Votre histoire, Arsène comme celle de Manouchian est une page de l’Histoire de France mais aussi de l’Histoire universelle car vous étiez à la fois des Résistants contre l’occupant nazi en France et des rescapés du génocide des Arméniens.
Comment dans ce cas ne pas être choqué par le fiel haineux déversé par un négationniste du Génocide des Arméniens le 21 février dernier sur Manouchian, le jour même de la commémoration de son exécution ?
Tout le travail de mémoire, dans une telle actualité prend alors pleinement son sens pour combattre les négationnistes de tout poil et pour rappeler que la France, notre France celle pour laquelle sont tombés Missak Manouchian et ses camarades est celle des Droits de l’Hommeet des valeurs républicaines Liberté, Égalité et Fraternité.
Votre combat, cher Arsène, nous le continuerons inlassablement pour que le sacrifice des héros de la Résistance ne soit pas vain !
Comité Directeur
Taline Durman
Ivry, 24 février 2019

L'HISTOIRE :

Arsène Tchakarian ,né le 21 décembre 1916 à Sabandja (Boursa), dans l'Empire ottoman est un résistant français de la Seconde Guerre mondiale, d'origine arménienne, dernier survivant du «groupe Manouchian» (membre des FTP-MOI dirigé par Missak Manouchian) qui a résisté à l’occupant nazi.

Sa famille fuit le génocide des Arméniens par le gouvernement "Jeune Turc" appuyé par l'Organisation Spéciale (Teshkilat y Mahsusa) en passant par la Bulgarie.

En 1928, ils ont le passeport Nansen qui permet aux apatrides de voyager.

Arsène Tchakarian et sa famille arrivent à Marseille à la fin de l'année 1930. Son père est mineur à Decazeville puis tailleur à Paris .

En 1936, il manifeste avec le Front populaire et adhère à la CGT. Il rencontre pour la 1ère fois, Missak Manouchian, poète arménien et militant communiste.

À 21 ans, en 1937, il rejoint le 182e régiment d'artillerie lourde de Vincennes. Il combat en 1939 et 1940 dans les Ardennes et la Meuse et sera démobilisé à Nîmes le 5 août 1940 après la bataille de France.

En novembre 1940, il rejoint Missak Manouchian à Paris pour une distribution de tracts anti-hitlériens, avant l'entrée en résistance du parti communiste en juin 1941 à la rupture du pacte germano-soviétique.

Leur action se radicalise avec des actions militantes violentes. En 1943, Arsène Tchakarian, Manouchian et leurs camarades forment le « Groupe Manouchian » et entrent dans la Résistance, au sein des FTP-MOI, pour des actions armées.

Le 17 mars 1943 : Arsène, Missak et Marcel Rayman attaquent une formation de feldgendarmes à Levallois-Perret. Les mois suivants il fait des distributions de tracts, actions militaires ou de sabotage. En mai 1943, Manouchian est nommé responsable provisoire de la première section parisienne de l'Armée secrète et Tchakarian, en juin, est nommé chef de la première section des « triangles commandos ».

« Nous n'étions pas des héros . Il ne faut pas croire que nous n'avions pas peur. Nous avons résisté parce que nous en avions la possibilité : pas de famille, pas de travail. Et parce que nous aimions la France. Elle nous avait adoptés. » Arsène Tchakarian

Sous le nom de code « Charles », Arsène Tchakarian et ses compagnons sont les auteurs d'actes de la Résistance  contre les nazis en organisant sabotages et exécutions. Le groupe Manouchian abat le général SS Julius Ritter, responsable du Service du travail obligatoire (STO), le 28 septembre 1943, près de son domicile. Ils feront cent quinze actions réussies entre juin et septembre 1943 et le groupe comptera au total une centaine d'hommes et de femmes.

Après l'arrestation de Missak Manouchian et de (selon les sources) seize à vingt-trois autres membres de son groupe , mi-novembre 1943, qui sont jugés et exécutés, Tchakarian est caché à Paris grâce à Léon Navar, commissaire de Montrouge, et de la police résistante de la préfecture de Paris.

En mai 1944, pour son expérience militaire et ses actes , il est exfiltré vers Bordeaux pour la préparation du bombardement du camp d'aviation de Mérignac par les Alliés. Il est rappelé à Paris début juin 1944, il rejoint le maquis de Lorris et participe à la libération de Montargis. Il est nommé lieutenant et commande une vingtaine de résistants.

Après la Libération, il est nommé sous-lieutenant, le 13 juillet 1948 et obtient la Croix de combattant de la guerre 1939-1940, ainsi que la Médaille d'argent du ministère de la défense. À partir de 1950, il est historien, membre de la Commission des Fusillés du Mont-Valérien et chargé de recherches auprès du ministère de la Défense. Il est le président d'honneur de l'Association nationale des volontaires, anciens combattants et résistants arméniens (ANACRA).

Arsène Tchakarian est le dernier survivant du groupe Manouchian, dont 22 membres sont exécutés par les nazis le 2 février 1944 au Mont Valérien. Il reste apatride jusqu'en 1958, où il est naturalisé français. En 2005, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur, officier de la Légion d'honneur en 2012 et enfin commandeur le 14 avril 2017.

De son premier mariage, Arsène Tchakarian a eu cinq enfants & une enfant qu'il a reconnue ; quatre sont vivants.

Sa première épouse s'est occupée pratiquement seule de ses enfants car il se consacrait à la Résistance menée avec Missak Manouchian et ses camarades de l'Affiche Rouge. Sa première femme Bertha (Christiane) était aussi active dans le groupe, pour  les transmissions dans la Résistance. De son deuxième mariage, il a un enfant.

Arsène Tchakarian est mort le samedi 4 août 2018 à l'âge de 101 ans à l'hôpital Paul-Brousse à Villejuif (France, Val-de-Marne, Île-de-France).

Source : wikipedia.fr