A Marseille, 74 associations créent « Le Collectif National Arménie-France » (CNAF).
"Le site armenews.com, sous la plume de son rédacteur-en-chef et co-président du CCAF, publie un article « De l’organisation du pluralisme » dont le contenu dévoilerait les objectifs occultes de cette initiative.
Le CNAF serait fondé pour être un contrepoids « pro-Pachinian » au CCAF, une officine masquée du gouvernement arménien, et source de division face au CCAF .
Puisqu’on n’a pas cru bon de poser les questions qu’il fallait, qu’il soit permis à un de ses membres, d’apporter, à titre personnel, des réponses à des questions qu’on ne lui a pas posées.
La première aurait pu être la suivante : qu’est-ce qui a poussé 74 associations à former un Collectif visant à renforcer les liens de la Diaspora avec l’Arménie ? N’est-il pas étrange, en effet, que ces associations aient été obligées de fonder une nouvelle entité, alors que le CCAF est là depuis si longtemps ?
La deuxième question découle de la première : pourquoi ne pas avoir intégré le CCAF au lieu de créer une nième organisation et courir le risque d’apparaître schismatique ? En divisant la communauté, cette initiative n’affaiblit-elle pas la Diaspora française aux yeux des autorités d’Arménie et des pouvoirs publics de la France ?
Enfin le CNAF ne court pas le risque d’apparaitre comme le petit jack-russel de Sinanian et Pachinian, le petit chien de la voix de son maître ?
Première question : pourquoi un CNAF ? Réponse : avec ou sans accord de Washington, la paix dans le Caucase n’est que l’intermède entre une guerre réelle et une guerre potentielle. Cernée par des voisins irréductiblement hostiles, l’Arménie est en danger et le restera tant que le rapport de force militaire restera ce qu’il est. Il en découle que la priorité de la Diaspora doit être d’apporter tout son soutien à l’Arménie dans son effort de défense, dans le développement économique qui permet de le financer et dans la préservation de l’Etat de droit qui le légitime. Pour y parvenir, les citoyens arméniens se sont choisis des dirigeants en pleine souveraineté. Ces dirigeants librement élus sont donc seuls légitimes. Composée de citoyens souverains dans leur pays d’accueil, la Diaspora n’a aucune part à la souveraineté des citoyens d’Arménie qui en sont seuls dépositaires. Pour autant qu’il résulte d’un processus électif transparent et démocratique, le choix des citoyens arméniens n’est pas contestable par la Diaspora. Il n’est pas plus justifié pour un citoyen français d’origine arménienne de manifester dans les rues d’Issy-les-Moulineaux contre un dirigeant légalement élu en Arménie qu’il n’est permis à un citoyen arménien aux origines françaises de défiler dans les rues de Gumri pour la destitution du président Macron. La règle que se sont donnés les membres du CNAF est donc le respect des institutions arméniennes et de leurs dirigeants tels qu’ils émanent des urnes.
Pour participer aux efforts qu’on a cités, la Diaspora ne peut que travailler avec les institutions publiques légalement investies. Il ne s’agit pas de « collaborer » (au sens sournoisement pétainiste qu’on veut donner à ce terme) avec tel ou tel politicien ou régime forcément transitoire, mais d’œuvrer pour la pérennité du pays avec les institutions de l’Etat qui, lui, est permanent. Voilà, pour une partie, les principes fondateurs du Collectif National Arménie-France.
Pourquoi un Collectif visant à rétablir le lien entre l’Arménie et la Diaspora ? Précisément parce qu’aucune organisation inter-associative n’a énoncé ces principes, ne les a adoptés, ni ne les a mis en pratique. Force est de constater, au contraire, qu’entre la représentation supposée de la Diaspora française et les institutions d’Arménie, les ponts sont rompus. Les causes, chacun les connait : les élections législatives en Arménie de 2026. Ne nous appesantissons pas, on en a parlé ailleurs. Mais le fait est là, le CCAF n’a plus de contact avec l’Etat arménien.
Or, dans cette période de son histoire où se joue son existence, l’Arménie a besoin d’une Diaspora unie et solidaire qui soutient son aspiration à la paix. De son côté, la Diaspora ne peut survivre sans un foyer national solide et pérenne. En bref le Collectif National Arménie-France répond à la nécessité de rétablir ce lien doublement vital qui a toujours existé et qui n’aurait jamais dû être rompu.
Alors pourquoi ne pas avoir intégré le CCAF pour faire prévaloir ces principes ? La réponse est simple : le CCAF a pour ambition d’être la « représentation de la communauté arménienne de France ». Son objet est de défendre les intérêts de cette Diaspora. Les principes de solidarité et de soutien à l’Arménie ne figurent pas dans ses statuts. L’idée d’un lien de coopération avec notre foyer national n’y est même pas évoquée. A l’inverse, rappelons-le, le Collectif n’a pas pour but d’être « la représentation de la Diaspora française » mais de servir les intérêts de notre foyer national et de sa population. Quid de représenter la communauté ? Le CNAF a, à ce jour, 74 membres et il ne prononce qu’au nom de ces 74 voix, pas une de plus. Prétendre représenter les 600 000 Français d’origine arménienne avec un nombre limité d’associations, (surtout si beaucoup sont des franchises de la même enseigne), serait une supercherie à laquelle nous nous refusons de nous livrer ou de cautionner…."
source : René Dzagoyan
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Ecrivain d'origine arménienne, René Dzagoyan est né en 1948 à Marseille.
Après l'Ecole normale supérieure à Paris et des études d'économie, il part pour les Etats-Unis, où il travaille comme économiste dans plusieurs entreprises et pour l'US Navy, tout en se spécialisant en informatique.
Rentré en France, il fonde sa société de conseil informatique pour le secteur industriel.
Il se lance dans l'écriture, notamment dans le polar.
Il a publié Le système Aristote et Vadim Bronsky : dernière mort avant l'oubli.
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photo : armenews.com / D.R.