Dès dimanche, quel-
ques heures après que le
Royaume-Uni, l’Australie et le Portu-
gal ont annoncé reconnaître l’État de
Palestine, le premier ministre a promis
de « frapper en retour ». « Il n’y aura
jamais d’État palestinien à l’ouest du
Jourdain », a martelé
Benyamin Netanyahou.
Le premier ministre israélien hésite, coincé entre une aile
droite religieuse qui exige l’annexion
de territoires en Cisjordanie occupée
et la pression internationale, notam-
ment venue des pays du Golfe. La
guerre à Gaza et ses ravages humani-
taires ont déjà isolé Israël comme rare-
ment dans son histoire récente.
Benyamin Netanyahou,
prompt à forcer la main de Washing-
ton lorsqu’il frappe l’Iran ou le Qatar,
sait que, sur ce dossier, il ne peut se
passer de l’appui américain.
En Israël, ses soutiens le pressent
d’annexer une partie de la Cisjordanie.
Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich,
de l’extrême droite religieuse,
dont dépend la survie de sa coalition,
plaident pour un geste spectaculaire.
Dans sa version la plus radicale, le plan
consisterait à absorber 82 % du terri-
toire cisjordanien, ne laissant aux Pa-
lestiniens qu’un archipel de six villes
isolées. Une option plus réaliste, pro-
mue par le conseiller de Benyamin Ne-
tanyahou Ron Dermer, cible la vallée
du Jourdain. Outre sa valeur sécuritai-
re – elle borde la Jordanie -, cette zone
recèle des ressources hydriques et
agricoles déjà exploitées par les colons.
Seulement, l’annexion mettrait en
péril l’une des plus grands succès di-
plomatiques de Benyamin Netanya-
hou : les accords d’Abraham, signés en
2020, qui actent la reconnaissance de
l’État d’Israël par les Émirats arabes
unis et Bahreïn. Les Émirats ont déjà
annoncé qu’une annexion ouverte
constituerait un point de rupture. Or
ces accords constituent l’accomplisse-
ment le plus emblématique de la poli-
tique étrangère du premier mandat de
Donald Trump, une réussite qu’il aime
rappeler et qu’il invoque volontiers
pour justifier sa prétention au prix No-
bel de la paix…..
sources : Le Figaro , B.F.
photo : D.R.