RICHARD GOWAN. – L’ONU a déjà
connu des périodes difficiles. Mais l’or-
ganisation fait face aujourd’hui à la
convergence de trois crises. Combi-
nées, elles constituent un défi fonda-
mental pour la pérennité des Nations
unies. La première est un effondrement
géopolitique progressif, qui a commen-
cé voici près de vingt ans et s’est accé-
léré récemment avec l’attaque de la
Russie contre l’Ukraine et la dégrada-
tion des relations entre les États-Unis et
la Chine. Le Conseil de sécurité a perdu
sa capacité à répondre efficacement à
de nombreux conflits, pas seulement en
Ukraine et à Gaza, mais aussi au Sou-
dan, en Éthiopie, au Myanmar. Ce ni-
veau de tension géopolitique pèse lour-
dement sur l’ONU.
La deuxième crise est financière.
L’ONU et en particulier ses agences hu-
manitaires dépendaient massivement
des États-Unis pour leur financement.
L’année dernière, 40 % du budget du
Programme alimentaire mondial pro-
venait de fonds américains. Du jour au
lendemain, l’ONU, qui était déjà
confrontée à une crise de liquidités, est
entrée dans une crise financière fonda-
mentale. Et l’Union européenne et la
Chine, ainsi que d’autres pays qui pour-
raient combler ce déficit financier,
n’ont pas montré d’intention de rem-
placer les États-Unis.
La troisième crise, dont on ne parle plus
beaucoup, est la crise climatique. Il y a
dix ans, l’ONU avait promis d’agir, avec
la conférence de Paris ou l’accord sur le
développement durable. Or le réchauf-
fement climatique se poursuit à un
rythme qui rend les engagements de
Paris assez insignifiants. Parallèlement,
la pauvreté augmente dans certaines
parties du monde, et les chocs écono-
miques liés au Covid et à la guerre en
Ukraine rendent impossible pour la….
photo : D.R.
sources : Le Figaro , B.F.