De ses origines arméniennes, Gérard parlait peu.
Enfant de la deuxième génération – celle qui s’intègre mais ne répare pas –, il avait fui comme tant d’autres la douleur muette des veuves et des rescapés, ceux qui avaient accepté leur destin sans combattre. Lui n’acceptait pas la reddition.
À voix haute, il invoquait le souvenir ému de son oncle, fédaï arménien tombé lors de l’autodéfense de Hadjine, berceau de sa famille paternelle.
Quand d’autres choisissaient la Légion étrangère à 18 ans, Gérard, lui, prit le large : quittant son foyer presque les poches vides, il mit le cap sur l’Algérie.
Ce n’est qu’à l’automne de sa vie – lui qui avait francisé son nom d’un « d » – qu’il revint pleinement à ses racines, au contact d’une jeunesse arménienne qu’il soutint de toutes ses forces….
source : lediplomate / Tigrane Yegavian
photo : D.R.