Ce centre de radioastronomie, qui a accueilli jusqu’à 800 chercheurs, a connu son heure de gloire du temps de la course aux étoiles entre l’URSS et les États-Unis. C’est ici que sous la direction de Paris Herouni, scientifique arménien de renom, ont été mis au point au début des années 1970 les tout premiers standards (ou étalons de référence) permettant de mesurer les paramètres des antennes, alors reconnus et utilisés dans toute l’Union soviétique. « Avant même les États-Unis », précise sa nièce Arevik Sargsyan, chercheuse et professeure à l’université polytechnique d’Arménie. Les premiers PC de l’URSS ont été produits en Arménie et intégrés à ce centre de recherche », ajoute-t-elle avant d’évoquer le rêve originel de son oncle, disparu en 2008 : « Construire un instrument qui allait permettre à l’Arménie d’explorer l’Univers. »
« Dans l’Univers, 14 500 objets portent des noms arméniens ! »
Areg Mickaelian, directeur de l’observatoire de Byurakan
En 2015, l’Union astronomique internationale a fait de l’observatoire de Byurakan (Puragan en arménien occidental, son centre régional pour la zone Asie centrale et du Sud-Ouest.
Un symbole de reconnaissance fort, d’après son directeur : « Il est important que nous soyons reconnus comme leaders en astronomie dans la région, y compris par nos voisins comme la Turquie, avec laquelle nous avons des controverses politiques [notamment dans le cadre du conflit avec l’Azerbaïdjan, que la Turquie soutient, ndlr]. Nous avons du mal à nous faire entendre sur le plan politique, notamment pour la reconnaissance du génocide [1915–1916, ndlr], mais en astronomie nous y parvenons. »
Les sciences, de manière générale, prospèrent en Arménie où le nombre de scientifiques rapporté à la population serait, selon Areg Mickaelian, supérieur à la moyenne d’autres pays. Reste à transmettre cette flamme aux nouvelles générations.
À Byurakan, Kamo Gigoyan déplore « un manque d’intérêt » des étudiants arméniens pour l’astronomie et les envies d’ailleurs des rares jeunes qui en font leur métier. Plus optimiste, Arevik Sargsyan rêve quant à elle d’ériger sur le site du radiotélescope un centre de recherche dédié aux étudiants et aux chercheurs, arméniens mais aussi internationaux : « Si nous parvenons à remettre le télescope en état, nous pourrons développer l’enseignement de ces disciplines aux nouvelles générations. Mais si nous attendons encore dix ans, nous allons perdre cet héritage scientifique. » Soixante-cinq ans après l’envoi dans l’espace du satellite Spoutnik 1, l’ancienne république soviétique n’a plus qu’une toute petite fenêtre de tir pour concrétiser son espoir de jouer un rôle majeur dans la deuxième vague de la conquête spatiale.
sources : https://usbeketrica.com/fr/article/en-armenie-on-espere-rescussiter-une-puissance-astronomique-decimee-par-la-chute-de-l-urss , JP D.