Ah si j’étais pauvre ….: Jean-Luc Mélenchon

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Environ 1,4 million d’euros. Dans le détail : un appartement de 110 m² à Paris estimé à 1,2 million d’euros, une maison dans le Loiret valorisée à 170 000 euros95 000 euros répartis sur différents comptes et livrets bancaires, et une retraite confortable à 8 500 euros par mois. une bibliothèque de 12 000 livres, qu’il refuse d’évaluer mais qu’il évoque avec une certaine coquetterie.

un constat, factuel, documenté. Être riche n’a jamais été un crime. Avoir un patrimoine, c’est souvent le fruit d’une vie de travail, d’un effort d’épargne, d’investissements judicieux ou d’un parcours professionnel bien mené.

Et même dans le cas de Jean-Luc Mélenchon, dont l’essentiel du parcours s’est déroulé dans les institutions publiques, ce patrimoine peut parfaitement s’expliquer. Non, le problème n’est pas là. Le problème, c’est l’hypocrisie. C’est le double discours. C’est cette façon permanente qu’a Jean-Luc Mélenchon de faire la leçon à tout le monde, de dénoncer « l’argent roi », de se présenter comme l’incarnation de la lutte des classes, tout en vivant dans le confort le plus bourgeois que la République peut offrir à ses élus.

Car Jean-Luc Mélenchon n’a jamais travaillé dans le privé. Pas un jour. Pas un poste. Pas un CDI. Il aime rappeler qu’il a été surveillant, correcteur ou professeur à ses débuts. Mais c’est vite oublié. Très vite, il devient élu local, puis sénateur, député européen, député, ministre délégué… Quarante ans de vie politique. Quarante ans de rémunération publique. Quarante ans de retraites et d’indemnités accumulées. Ce que ça révèle, surtout, c’est une vie entière passée loin du réel. Une existence dans les couloirs feutrés des institutions. Et aujourd’hui, avec 8 500 euros de retraite par mois et seulement 95 000 euros sur ses comptes, on peut raisonnablement penser que son train de vie a toujours été élevé. Trop élevé pour avoir pu mettre de côté malgré ses salaires confortables. Il est riche, mais il dépense comme un riche. Et il ose encore parler au nom de ceux qui n’arrivent pas à finir le mois.

Pendant ce temps, des millions de Français galèrent. Des artisans, des mères célibataires, des salariés à temps partiel, des jeunes qui s’endettent pour vivre, des retraités à 1 000 euros par mois. Ce sont eux qui, parfois, se font traiter de « petits bourgeois » ou de « jaloux » par Mélenchon lorsqu’ils osent critiquer son train de vie….

 

sources : Opinion internationale , B.F.

photo : Par © European Union, 1998 – 2025, Attribution, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=158501501

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Jean-Luc Mélenchon (/ʒɑ̃ lyk melɑ̃ʃɔ̃/[b] Écouter), né le  à Tanger (Maroc), est un homme politique français.

Membre de l’Organisation communiste internationaliste de 1972 à 1976, il entre ensuite au Parti socialiste (PS) et devient successivement conseiller municipal de Massy en 1983, conseiller général de l'Essonne en 1985 et sénateur en 1986. Il est également ministre délégué à l'Enseignement professionnel de 2000 à 2002, dans le gouvernement Jospin. Il fait partie de l'aile gauche du PS jusqu'au congrès de 2008, à l'issue duquel il part fonder le Parti de gauche.

Sous les couleurs du Front de gauche, coalition qui réunit notamment le Parti de gauche et le Parti communiste français, il est élu député européen en 2009 et réélu en 2014. Il est le candidat de cette coalition à l'élection présidentielle de 2012, à l'issue de laquelle il arrive en quatrième position, avec 11,1 % des voix.

En 2016, il fonde La France insoumise et se présente sous cette étiquette à l'élection présidentielle de 2017, à laquelle il termine à nouveau en quatrième position, réunissant 19,6 % des suffrages. Il est ensuite député de la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône et préside le groupe La France insoumise à l'Assemblée nationale au cours du premier mandat d'Emmanuel Macron jusqu'en .

En 2022, il se présente pour la troisième fois à l'élection présidentielle : il réalise son score le plus élevé, remportant 22 % des voix et arrivant largement en tête parmi les candidats de gauche, mais échoue une nouvelle fois à accéder au second tour, terminant troisième. Pour les élections législatives, lors desquelles il ne brigue pas de second mandat, il est le chef de file de la coalition de gauche Nouvelle Union populaire écologique et sociale, qui devient la principale force d'opposition de l'Assemblée et prive Emmanuel Macron d'une majorité absolue.

Sans mandat électif après avoir laissé sa circonscription à Manuel Bompard, il reste actif dans le débat public et devient coprésident du laboratoire d'idées Institut La Boétie en 2023 auprès de Clémence Guetté.

Jeunesse et activités professionnelles

Naissance

Jean-Luc Mélenchon naît le  à Tanger, au Maroc, alors zone internationale. Il est le fils cadet de Georges Mélenchon (1922-2007)[1], receveur des Postes, télégraphes et téléphones (PTT), et de Jeannine Bayona (1928-2006)[1]institutrice, tous deux Français d'Algérie française (« Pieds-noirs »)[2],[3],[4].

Ascendances

Son grand-père paternel, Antonio Melenchón, est un Espagnol de la région de Murcie. Au début des années 1900, Antonio s'installe à Oran, et y épouse Aimée Canicio, elle aussi d'origine espagnole, de Novelda (Alicante). Du côté maternel, son grand-père François Bayona est né en 1889 près de Valence, en Espagne, et est marié à Jeanne Emmanuelle Caserta, une Algéroise d'origine sicilienne[3].

Éducation religieuse

Jean-Luc Mélenchon reçoit une éducation catholique par sa mère : il est notamment enfant de chœur[4]. Cependant, sa mère s'éloigne ensuite de la religion[4]. C'est pourquoi il ne se revendique d'aucune foi et affirme simplement être de « culture catholique »[5].

Jeunesse

En 1962, à la suite du divorce de ses parents deux ans plus tôt[6], sa mère quitte le Maroc pour la France et s'installe avec lui à Elbeuf, puis à Yvetot, dans le pays de Caux[7] avant d'être mutée dans le Jura[2],[8],[9].

Bachelier en 1969 après avoir été scolarisé au lycée Rouget-de-Lisle de Lons-le-Saunier[10], Jean-Luc Mélenchon obtient une licence de lettres modernes et une licence de philosophie auprès de la faculté de lettres et sciences humaines de l'université de Franche-Comté à Besançon en 1972[8],[11],[12]. Parallèlement, il s'engage très activement auprès de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF) et dès ses licences en poche, il entre formellement en politique en rejoignant l'Organisation communiste internationaliste (OCI), une organisation trotskiste de tendance lambertiste alors à son apogée.

Jean-Luc Mélenchon parle couramment l'espagnol, qui était la langue utilisée par toute sa famille durant son enfance au Maroc.

Parcours professionnel

Il devient père en 1974, à l'âge de 22 ans. L'emploi de surveillante de son épouse ne suffit plus à subvenir aux besoins du couple : il se met à travailler.

Au premier trimestre 1974, il est correcteur pour l'imprimerie Néo-Typo[13] de Besançon[9] puis travaille quelques mois comme ouvrier dans une usine de l'horloger Maty. Il revendiquera plus tard avoir également travaillé dans une station-service « à la sortie de la ville » sans qu'on en sache plus à ce propos[13].

Après un an de vie ouvrière, il entame une carrière dans l'éducation nationale d'abord comme surveillant, puis maître auxiliaire au lycée du Bois à Mouchard[14],[15]. Après avoir obtenu le CAPES de lettres modernes[16],[17], il retourne à Lons-le-Saunier en 1976[9] en tant que professeur de français dans un lycée technique[9],[18],[19].

Durant cette période, il est parallèlement journaliste aux Dépêches du Jura où il signe ses papiers du nom de Jean-Louis Mula[20],[21]. Ponctuellement, il collabore en qualité de dessinateur à l'hebdomadaire catholique d'information Voix du Jura, sous le pseudo de « Moz » jusqu'en 1977[20].

À la fin des années 1970, il dirige La Tribune du Jura, le mensuel de la fédération socialiste du Jura mais qui finit par péricliter[22].

En 1978, à la demande de Claude Germon, maire de Massy qu'il a rencontré lors d'une visite de ce dernier dans le Jura, il s'installe dans l'Essonne où il devient son directeur de cabinet[12],[23] et fonde un bulletin hebdomadaire intitulé Données et arguments[9].

De 1993 à 1995, il est directeur politique de l'hebdomadaire du Parti socialiste Vendredi[8],[9],[12].

Parcours politique

Débuts trotskistes et à l’UNEF (1968-1976)

En mai 1968. alors qu'il n'est encore qu'un élève au lycée Rouget-de-Lisle de Lons-le-Saunier, il est l'un des meneurs du mouvement lycéen de la ville[23],[24].

Il obtient son baccalauréat en 1969[25] et dès son entrée à la faculté des lettres et sciences humaines de Besançon[8] en , il rejoint l'Union nationale des étudiants de France (UNEF).

Mais à l'issue des évènements de  à Besançon, la Ligue communiste et le Parti socialiste unifié (PSU), majoritaires dans l'AGEB-UNEF, appuient une prise en main de l'UNEF par les partisans de sa mutation en « mouvement politique de masse ». Jean-Luc Mélenchon y est opposé et rejoint l'Organisation communiste internationaliste (OCI), courant trotskiste d'obédience lambertiste, qui tente de contrer cette politique[AA 1].

Jean-Luc Mélenchon participe alors aux efforts pour reconstruire une cellule locale de l'UNEF[9], à la fois contre le courant syndical issu de l'Union des étudiants communistes (UEC) — qui anime l'UNEF Renouveau, lequel choisit de participer aux conseils de gestion créés par la loi Faure et prend finalement le contrôle de l'AGEB historique[26] —, et contre le courant de la direction nationale de l'UNEF, issue du PSU — laquelle a pour projet la transformation de ce syndicat étudiant en mouvement politique révolutionnaire —, et ce jusqu'à la scission de l'UNEF, en 1971. C'est à ce titre qu'il devient président de l'union locale étudiante (UGEB), puis intègre le bureau national de l'UNEF-US en 1974. Sa liste aux élections du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) en 1975 obtient 60 % des suffrages exprimés[23].

De 1972 à 1976[AA 1], il est le dirigeant de l'OCI à Besançon, où cette organisation est bien implantée[23]. Pendant ces années, sous le pseudonyme de « Santerre »[27], il participe à des luttes étudiantes et ouvrières en Franche-Comté — en particulier la grève des Lip[9], importante entreprise horlogère bisontine démantelée quelques années plus tard. Cette expérience l'amène progressivement à prendre ses distances avec la conception léniniste du parti (« ma vraie divergence, c'est que je n'ai jamais cru à l'avant-gardisme », a-t-il expliqué plus tard). Cela lui vaut, selon lui, d'être « radié » de l'organisation — Charles Berg, dirigeant lambertiste, affirme de son côté qu'il a « négocié son départ » avec lui[23].

C'est l'époque où le Parti socialiste (PS) de François Mitterrand reconstitué au congrès d'Épinay en 1971, occupe progressivement à gauche tout l'espace du socialisme démocratique, mettant le Parti communiste français (PCF) en difficulté électorale. Il n'adhère pas au PCF en raison du refus de celui-ci de condamner l'invasion de la Tchécoslovaquie par le pacte de Varsovie en 1968 pour mettre fin au printemps de Prague, un événement qui, selon ses propos, le marque plus politiquement que Mai 68 et fut l'une des causes de son adhésion à l'OCI[28],[29].

Militant socialiste mitterrandiste (1976-1986)

Jean-Luc Mélenchon quitte Besançon pour entrer dans la vie professionnelle à Lons-le-Saunier et adhère au PS en [AA 2]. Il y occupe des responsabilités locales (secrétaire de section adjoint de Montaigu) et départementales et développe un journal fédéral qui combat pour l'union PS-PCF ; c'est l'époque où le second rompt les accords d'union de la gauche sur un programme commun de gouvernement. Il est remarqué lors d'une fête jurassienne du Poing et la Rose par Claude Germon, maire de Massy, en région parisienne, et membre du bureau exécutif du PS responsable du secteur entreprise du Parti socialiste. Sans travail stable une fois sa candidature écartée à Voix du Jura[AA 3], il devient directeur de cabinet de Claude Germon[AA 4].

Il devient un des principaux dirigeants mitterrandistes de la fédération de l'Essonne, ce qui le conduit au poste de premier secrétaire de cette fédération au congrès de Valence en 1981 — il conserve cette fonction jusqu'en 1986[12]. Se positionnant à la fois contre la Deuxième gauche rocardienne et le Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste (CERES) de Jean-Pierre Chevènement, il s'oppose à la rocardienne Marie-Noëlle Lienemann, par associations locales et radios interposées. Ainsi, quand cette dernière crée Radio Massy-Pal, il fonde Radio Nord Essonne[23] et offre son premier emploi à l'animateur Arthur[30],[31] lors de la fusion des deux émetteurs. Il travaille à l'organisation du courant mitterrandiste, en Essonne d'abord puis à travers sa publication Données et arguments, qui sera le creuset d'un courant ancré à la gauche du parti.

Hispanophone, il développe à Massy la solidarité avec les milieux communistes de l'Amérique du Sud, organisant un rassemblement de Chiliens et d'Argentins[23].

Motivé par le tournant de la rigueur entrepris par le gouvernement socialiste en 1983, il intègre la loge franc-maçonne Roger Leray du Grand Orient de France (GODF) où il a comme thèmes de prédilection l'idéal républicain et la défense de la laïcité[AA 5]. Outre cette filiation politique, il trouve dans la franc-maçonnerie une filiation personnelle, son père et son grand-père étant eux-mêmes maçons[AA 6]. En 1984, lors des débats relatifs à la loi Savary, il reproche au GODF de ne pas s'engager pleinement dans la bataille en faveur de l'unification des enseignements public et privé au sein d'un grand service public de l'Éducation nationale[AA 7]. Amer, il reste franc-maçon mais de manière peu assidue, sans s'impliquer fortement dans les affaires internes du GODF et refusant de participer aux « fraternelles parlementaires » qu'il dénonce comme étant de son point de vue une « déviance grave, un attentat contre la République »[AA 8]. En , Jean-Luc Mélenchon fait l'objet d'une demande de suspension temporaire par le conseil de l'Ordre du GODF à la suite de son comportement lors des perquisitions menées à son domicile parisien et dans les locaux de La France insoumise[32]. Jean-Luc Mélenchon quitte sa loge maçonnique au printemps 2020, à la suite des accusations de communautarisme qu'il a portées contre le CRIF[33].

Il est élu sénateur lors des scrutins de 1986[34].

De la Gauche socialiste à Pour la République sociale (1988-2005)

Fondateur avec Julien Dray de la Gauche socialiste en 1988, il s'oppose à la politique d'ouverture de la seconde présidence de François Mitterrand, prenant pour cible Michel Rocard et la « gauche molle », ainsi qu'à l'entrée de la France dans la première guerre du Golfe — contre la majorité de son parti et le président[23].

Lors du congrès de Rennes de 1990 où aucune motion n'atteint 30 %, l'aile gauche du parti part divisée en quatre, Jean-Luc Mélenchon conduit sa propre motion, qui obtient 1,35 % des voix. En , il dépose au Sénat une proposition de loi pour la création d'un « contrat de partenariat civil », texte précurseur de ce qui deviendra le Pacs en 1999[35].

En avril 1992, il est battu dans le canton de Massy-Ouest qu'il avait conquis en 1985 : ses 38,43 % sont insuffisants face aux 39,71 % du candidat de droite Vincent Delahaye. Il attribue sa défaite de 73 voix au maintien au second tour de Guy Bonneau (Génération écologie)[36].

En 1992, il appelle à voter en faveur du traité de Maastricht, qu'il considère comme un « compromis de gauche ». Dans un discours au Sénat, il considère que la monnaie unique est l'instrument majeur qui permettra à l'Europe d'être « porteuse de civilisation, de culture, de réseaux de solidarité » contre le dollar, qui « porte la violence »[37]. Dans cette logique, il regrette le vote des Danois sur le traité de Maastricht, affirmant : « Si cruel que ce soit à entendre, les peuples peuvent se tromper. Le nôtre s'est déjà trompé et on sait de quel prix il faut payer dans l'histoire le fait d'avoir manqué le train qui passait »[37].

Tout en continuant à défendre l'existence de la monnaie unique, il regrette rapidement son choix sur le traité de Maastricht[38] et dépose avec la Gauche socialiste un amendement, intitulé « Tourner la page de Maastricht », à une convention du PS de 1996[39]. Il déclare par la suite que ce sont les opposants à ce traité qui avaient raison et que l'objectif affiché à l'époque est un « échec total »[40].

Courant longtemps stable et solide, la Gauche socialiste présente sa propre motion lors de trois congrès du PS jusqu'à sa disparition en 2002. Elle obtient des scores oscillant entre 7,3 % et 13,3 % des suffrages exprimés.

Bien que mitterrandiste, Jean-Luc Mélenchon soutient en 1993 l'accession de Michel Rocard au poste de premier secrétaire du Parti socialiste, ce qui lui permet d'accéder lui-même à la direction du Parti, puisqu'il devient chargé de la presse : « Rocard, qui plaidait pour le consensus quand il était à Matignon, ne parle plus d’alliance avec les centristes mais d’un axe avec les socialistes, les communistes et les écologistes. Voilà le changement… »[41].

Lors du congrès de Brest en 1997, Jean-Luc Mélenchon se présente au poste de premier secrétaire du PS. Seul concurrent face à François Hollande[AA 9], il obtient 8,81 % des voix, un score inférieur à celui de la motion de la Gauche socialiste et vit cette défaite comme une humiliation[AA 10]. En 2009, il affirme que François Hollande n'a pas tenu sa parole de lui accorder un score de 15 % conformément à leur accord et indique lui avoir dit qu'il ne lui « pardonnerai[t] jamais »[42],[43].

Les 22 et , il va à l'encontre de la position du parti et est l'unique sénateur du groupe socialiste à voter contre le projet de loi d'intégration de la Banque de France au système européen de banques centrales[44] et contre la résolution sur le passage à l'euro[45]. Il affirme à cette occasion que face au « capitalisme transnationalisé », l'intégration économique européenne « donne l'illusion de la puissance, alors qu'elle est, au contraire, le moyen d'un enfermement »[46],[47]. À la suite de ce vote, il est sanctionné, comme cinq autres parlementaires, par le bureau national du Parti socialiste et reçoit du premier secrétaire, François Hollande, une lettre de blâme[48].

Jean-Luc Mélenchon et ses collègues du courant de la Gauche socialiste s'opposent, les mois suivants, au traité d'Amsterdam, qu'ils critiquent notamment pour l'absence de gouvernement économique et le manque d'avancée vers l'Europe sociale. Selon eux, ce traité constitue une menace pour le modèle social français et ne peut mener qu'à « de graves risques sociaux, économiques, dangereux pour la démocratie »[49]. Lors de la ratification du traité en Congrès le , il fait partie des cinq parlementaires du groupe socialiste à voter contre le texte[50].

En , il accepte de participer au gouvernement de cohabitation de Lionel Jospin comme ministre délégué à l'Enseignement professionnel auprès du ministre de l'Éducation nationale Jack Lang, après avoir refusé les secrétariats d'État au Logement en 1997[2] et à l'Outre-Mer[23]. Son passage à ce ministère délégué est notamment marqué par une réforme des certificats d'aptitude professionnelle (CAP), une réforme de la validation des acquis, et la création du label « lycée des métiers »[51]. Il occupe cette fonction jusqu'à l'élection présidentielle de 2002, qui voit le Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, éliminé au premier tour.

Tirant le bilan de la défaite électorale d', lorsque la composante animée par Julien Dray fait le choix de passer dans l'équipe de François Hollande, Jean-Luc Mélenchon cofonde le courant Nouveau Monde, avec Henri Emmanuelli. Leur motion obtient 16,3 % des voix au congrès de Dijon, un score équivalent à celui du NPS, l'autre principale formation de l'aile gauche du parti.

Jean-Luc Mélenchon en compagnie d'Olivier Besancenot et de José Bové, lors d'un meeting pour le non au référendum sur la Constitution européenne.
Olivier BesancenotJosé Bové et Jean-Luc Mélenchon lors d'un meeting pour le non au référendum sur la Constitution européenne.

Après la victoire du « oui » au référendum interne au Parti socialiste sur le projet de traité établissant une Constitution pour l'Europe, il enfreint les consignes de son parti et fait campagne aux côtés de Marie-George Buffet (PCF), Olivier Besancenot (LCR) et José Bové (Confédération paysanne) lors de meetings pour le « non ». La campagne du « non » amène l'éclatement de Nouveau Monde : alors qu'Henri Emmanuelli crée un nouveau courant, Alternative socialiste, Jean-Luc Mélenchon crée Trait d'union (TU). Il fonde dans le même temps l'association Pour la République sociale (PRS), en dehors du Parti socialiste, dans le but de formuler et de faire vivre une orientation « républicaine et antilibérale » dans la gauche française. PRS se prononce pour une force politique nouvelle qui prenne en compte à la fois l'échec de ce qui fut le modèle soviétique[52] et l'« impasse » d'une social-démocratie européenne accompagnant les « réformes » du néolibéralisme[53],[54].

Il défend l'idée selon laquelle le candidat socialiste pour l'élection présidentielle de 2007 doit être une personne qui a défendu le « non » au référendum sur la Constitution européenne, car cette échéance coïncide selon lui avec le calendrier européen pour une renégociation du traité constitutionnel, qui devrait s'appliquer à partir de 2009. Dans cet esprit, pour Jean-Luc Mélenchon, Laurent Fabius est le mieux placé pour l'élection présidentielle de 2007[55].

Dernières années au Parti socialiste (2005-2008)

Lors du congrès du Mans, en Trait d'union dépose une contribution. L'aile gauche du PS, malgré le consensus de ses dirigeants sur la question européenne, part cependant divisée, TU rejoignant la motion conduite par Laurent Fabius et soutenue par Marie-Noëlle Lienemann, tandis que les autres meneurs de l'aile gauche se rassemblent derrière la motion présentée par le NPS. La première obtient 21,2 %, la seconde 23,6 %, tandis que les militants reconduisent la majorité sortante de François Hollande (53 %). Dans le cadre de l'élection primaire organisée un an plus tard au PS pour départager les candidats à la candidature socialiste à l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon apporte à nouveau son soutien à Laurent Fabius.

Jean-Luc Mélenchon en 2005.

À ce titre, il déclare en  :

« Il n'y a pas cinquante candidats pour l'élection présidentielle de 2007 au PS, au point où nous en sommes, il n'en reste que deux : Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. Ce sont deux hommes intelligents, qui ont bonne mine, mais il faut bien les démarquer sur quelque chose donc sur leurs idées et leurs engagements. […] Je souhaite que le PS ne fasse pas l'erreur d'aller présenter un candidat qui aurait été partisan du oui [à la Constitution européenne, ce qui est le cas de Dominique Strauss-Kahn]. Par raisonnement, je déduis que c'est Laurent Fabius qui doit être candidat. […] Fabius a été ministre, il est capable de diriger le pays. Je vais le soutenir, mais pas de chèque en blanc[56]. »

Le surlendemain de l'investiture de Ségolène Royal par le Parti socialiste, à laquelle il s'était opposé[57], il assiste à un meeting de la gauche antilibérale, laissant planer le doute sur son éventuel soutien à sa candidature à l'élection présidentielle[58].

Après l'échec des collectifs unitaires à se réunir derrière une candidature commune, il écrit sur son blog, affirmant son soutien à Ségolène Royal : « Une partie de l'électorat politisé de la gauche se démobilise. Il ne se sent pas représenté. Une partie de la population électorale parmi les désemparés (par la dureté de la vie) — désorientés (par l'absence d'alternative politique radicale intelligible) va continuer à flotter entre l'indifférence écœurée et les poussées de colère électorale aveugle. Enfin, la centralité de la candidature socialiste à gauche est désormais totale, que cela plaise ou pas, parce qu'elle paraît la seule efficace pour atteindre le programme commun le plus élémentaire : être présent au deuxième tour et battre la droite »[59]. La défaite de cette dernière au second tour du scrutin présidentiel, face au candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy, l'amène à critiquer de manière très vive la stratégie de l'ex-candidate, notamment par le biais de son livre En quête de gauche.

À l'occasion du congrès de Reims en , Trait d'union dépose une nouvelle contribution. Appelant à l'union de toutes les tendances de l'aile gauche du PS, Jean-Luc Mélenchon parvient très tôt à un accord avec le courant Forces militantes animé par le député nordiste Marc Dolez. Mais les autres tendances, rassemblées autour du Nouveau Parti socialiste de Benoît Hamon et Henri Emmanuelli, hésitent longtemps entre cette stratégie et un soutien à la motion conduite par Martine Aubry et Laurent Fabius. La veille du dépôt des motions, un accord est finalement conclu entre les sept contributions de l'aile gauche du PS, et Jean-Luc Mélenchon fait partie des signataires de la motion C intitulée « Un monde d'avance », conduite par Benoît Hamon[60]. Il a qualifié ce rassemblement d'« événement historique » [61]: cette motion rassemble en effet pour la première fois toutes les sensibilités de l'aile gauche du PS, avec des personnalités emblématiques de cette tendance comme Gérard FilocheMarie-Noëlle Lienemann ou Paul Quilès.

Le , les militants socialistes votent pour départager les différentes motions. La motion soutenue par Ségolène Royal arrive en tête avec environ 29 % des suffrages exprimés, tandis que celle conduite par Benoît Hamon arrive en quatrième position avec 18,5 %. Pour Jean-Luc Mélenchon, c'est une victoire de la majorité sortante, qui emporte 80 % des suffrages et, parmi ces voix, quelques-unes prônent l'alliance au centre[62]. S'estimant trop éloignés de cette tendance au point qu'il ne soit pas utile de prendre part au congrès, Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez annoncent le  leur décision, « par fidélité à leurs engagements » et dans un souci d'indépendance d'action, de quitter le Parti socialiste, pour créer un nouveau mouvement « sans concession face à la droite »[63].

Ils annoncent « la construction d'un nouveau parti de gauche », simplement intitulé le « Parti de gauche » (sur le modèle allemand de Die Linke), et appellent « à la constitution d'un front de forces de gauche pour les élections européennes »[64]. Le , à l'occasion d'une rencontre avec le Parti communiste français, les deux partis ont annoncé leur alliance sous forme de « partenariat », dans le cadre d'un « front de gauche pour une autre Europe démocratique et sociale, contre la ratification du Traité de Lisbonne et les traités européens actuels ». Le meeting de lancement du Parti de gauche se tient le  à Saint-Ouen, en présence du coprésident de Die Linke Oskar Lafontaine[65].

Fondation et émergence du Parti de gauche (2009-2012)

Jean-Luc Mélenchon, lors d'un meeting du Front de gauche, en mars 2009.
Jean-Luc Mélenchon, lors d'un meeting du Front de gauche en .

Le Parti de gauche (PG) est fondé le  lors du Congrès de Limeil-Brévannes, en présence de quelque six cents délégués venus de tous les départements dans lesquels des comités du parti se sont formés. Jean-Luc Mélenchon est élu président du bureau national, puis coprésident de ce parti (en binôme avec Martine Billard) lors du congrès du Mans en .

À l'occasion de cette fondation s'inspirant du modèle de Die Linke, un secrétariat national (SN) au combat écologique (confié à Corinne Morel Darleux) est fondé pour réconcilier socialisme et préservation des ressources de la planète Terre. Il s'inspire en partie des théories de la décroissance pour réaffirmer l'idée forte d'une organisation de gauche sociale et écologique. Le développement des énergies alternatives, du fret et du ferroutage sont donc des chevaux de bataille décisifs pour le PG et son président Mélenchon qui considère qu'« écologie et capitalisme sont incompatibles »[66].

Bien qu'il ait réalisé l'essentiel de sa carrière politique dans l'Essonne, la répartition des candidatures au sein du Front de gauche l'amène à conduire la liste présentée par la nouvelle alliance dans la circonscription Sud-Ouest lors des élections européennes de . Cette liste obtient 8,15 % des suffrages exprimés, le meilleur résultat du Front de gauche, et lui permet de devenir député européen. Selon Lilian Alemagna et Stéphane Alliès[35], son appartenance à la franc-maçonnerie aurait pesé dans le choix du Sud-Ouest, dont Jean-Luc Mélenchon apprécie la tradition radicale et laïque[67].

Il entretient des relations plus développées avec les élus européens du sud de l'Europe qu'avec les Allemands de Die Linke et plusieurs autres élus des pays du nord et de l'est du continent[68]. Il est, lors de la mandature allant de 2009 à 2014, quatrième vice-président de la commission des Affaires étrangères de l'Union, même s'il n'a été présent à aucune des réunions en 2013[69].

Dès lors, en , il se dit disponible pour se présenter aux élections régionales françaises de 2010 en tant que tête de liste dans la région Languedoc-Roussillon[70]. Puis, à la suite de l'affaire Jean Sarkozy portant sur la direction de l'EPAD, situé dans le département des Hauts-de-Seine, au sein du quartier de la Défense, il signale sa disponibilité pour mener la liste Front de gauche en Île-de-France pour remporter la bataille de la direction à gauche. Pierre Laurent, futur secrétaire fédéral du PCF, conduit le Front de gauche en Île-de-France, Jean-Luc Mélenchon n'étant pas candidat aux élections régionales.

Candidature présidentielle de 2012

Voir les articles : Consultation interne au Parti communiste français pour l'élection présidentielle de 2012 et élection présidentielle française de 2012.

Pressenti candidat à l'élection présidentielle[71], Jean-Luc Mélenchon connaît en octobre et en  une percée médiatique, de par une présence importante dans la presse et à télévision, mais aussi lors de manifestations[72],[73],. Son ouvrage Qu'ils s'en aillent tous !pamphlet contre les élites[71] et avant-goût de programme électoral[74], connaît de très bons chiffres de ventes (16 000 exemplaires en un mois[71], 50 000 en trois[75]). Il s'y créé un personnage populaire, qui « parle au peuple à la façon du peuple », s'opposant à l'élite strauss-kahnienne — Dominique Strauss-Kahn est à ce moment le favori du Parti socialiste[74]. Le résultat immédiat de cette communication est cependant très mesuré, sa popularité et ses résultats dans les sondages préélectoraux étant toujours faibles[74],[72].

Mélenchon propose officiellement sa candidature le [76]. Il obtient successivement le soutien du Parti de gauche, de Gauche unitaire et de la Fédération pour une alternative sociale et écologique. Le , 63,6 % des huit cents délégués du Parti communiste français réunis lors d'une conférence nationale à Montreuil votent en faveur d'une résolution politique incluant la candidature de Jean-Luc Mélenchon en vue de l'élection présidentielle de 2012[77]. Lors d'une consultation interne qui se tient du  au , les militants communistes se prononcent majoritairement en faveur de sa candidature (59,12 %) face à celles d'André Chassaigne (36,82 %) et d'Emmanuel Dang Tran (4,07 %). Jean-Luc Mélenchon devient ainsi le candidat officiel du Front de gauche pour l'élection présidentielle de 2012[78],[79],[80]. Il reçoit le soutien de l'ensemble des composantes du Front de gauche, d'autres partis comme les Alternatifs, et de plusieurs dirigeants du Nouveau Parti anticapitaliste qui le préfèrent au candidat présenté par leur parti, Philippe Poutou[81].

Jean-Luc Mélenchon lors de son dernier meeting de campagne, le 19 avril 2012.
Jean-Luc Mélenchon lors de son dernier meeting de campagne, le .

Au cours de sa campagne, Jean-Luc Mélenchon tient de nombreux meetings qui connaissent de vrais succès d'affluence[82]. Il rassemble jusqu'à cent vingt mille personnes, selon les organisateurs, lors d'une « marche pour la Sixième République » organisée place de la Bastille, à Paris, le [83]. Le candidat du Front de gauche connaît une progression constante dans les sondages ; le sondeur CSA lui attribue ainsi 13 % d'intentions de vote le [84]. Le , en recueillant 14 % des intentions de vote selon un sondage BVA[85], il confirme cette dynamique positive en dépassant, dans ce sondage, François Bayrou et Marine Le Pen qu'il prend souvent pour cible dans le cadre de sa campagne. Le , le Front de gauche réunit vingt-trois mille personnes lors de son meeting à Lille[86]. La semaine suivante, après deux meetings en salle comble, à Vierzon et Limoges, il réunit près de soixante-dix mille personnes place du Capitole à Toulouse et près de cent vingt mille, selon les organisateurs[87], sur la plage du Prado à Marseille le .

Le , il reçoit le soutien du président équatorien Rafael Correa[88]. Lors de la dernière semaine de l'élection, sa présence, quatre ans auparavant en 2008, lors la remise de la Légion d'honneur à Patrick Buisson est évoquée provoquant une courte polémique[89],[90]. Le , un manifeste intitulé « Pour nous, c'est Mélenchon » est lancé par plus de mille universitaires, chercheurs, artistes « travailleurs de la culture » appelant à voter en sa faveur[91].

Totalisant 11,10 % des voix (3,98 millions de voix) au premier tour[92], Jean-Luc Mélenchon termine quatrième de cette élection présidentielle, derrière Marine Le Pen et devant François Bayrou.

Selon Le Figaro son score ajouté à ceux du NPA (1,15 %) et LO (0,56 %) revient au total de ceux du PCF et des deux partis d'extrême gauche à la présidentielle de 2002[93], qui avait ensuite été divisé par deux par le vote utile à la suivante, en 2007, où ces trois partis n'avaient réuni que 7%, dont 1,93 % pour le PCF, 1,33% pour LO et 4,08% pour le NPA, tandis qu'EÉLV s'était effondré à 1,57% contre 5,25% en 2002.

En appelant dès le soir du premier tour à voter contre Nicolas Sarkozy, il demande à ses électeurs de voter pour le candidat du Parti socialiste François Hollande, sans toutefois prononcer le nom de ce dernier[94].

Selon un sondage OpinionWay-Fiducial-Le Figaro conduit le jour du vote du premier tour de l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a dépassé son score général, dans plusieurs catégories à qui il s'était adressé en particulier : 15 % chez les ouvriers, 14 % chez les professions intermédiaires, 18 % chez les intérimaires, 17 % chez les personnes vivant dans un foyer dont les revenus mensuels sont inférieurs à 999  par mois, 23 % chez les électeurs de confession musulmane, 18 % chez les « sans-religion » et 16 % chez les 18 à 24 ans.

Candidature aux élections législatives de 2012 dans le Pas-de-Calais

Article connexe : Élections législatives de 2012 dans le Pas-de-Calais.

À l'issue de l'élection présidentielle, il se présente aux élections législatives dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais, où le quart des électeurs habite Hénin-Beaumont, ville où Steeve Briois (Front National) avait été élu maire dès le 1er tour en 2014, et où se présente aussi Marine Le Pen, à qui il espère « faire barrage »[95].

Pendant cette campagne, il est notamment la cible d'une opération de propagande noire des militants du front national, qui confectionnent et diffusent dans la circonscription, en se faisant passer pour des militants du Front de gauche, un faux tract rédigé en arabe appelant à voter pour Jean Luc Mélenchon. Marine le Pen reconnait les faits et se félicite d'avoir réussi un « coup médiatique »[96].

Jean-Luc Mélenchon obtient 21,5 % des votes exprimés au premier tour, juste derrière les 23,7 % de Philippe Kemel (PS) mais loin derrière les 42,3% de Marine Le Pen[97]. N'ayant pas atteint le seuil de 12,5 % des inscrits, il ne peut se qualifier pour le second tour et appelle à faire battre la candidate frontiste. Philippe Kemel est ainsi élu de justesse, malgré la progression de 4 414 voix par Marine Le Pen.

Même si la presse y voit un second échec après l'élection présidentielle, il relativise en soulignant sa progression de 965 voix par rapport à la présidentielle[98] dans cette circonscription ouvrière et populaire, située au cœur du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, où il a, une semaine avant le 1er tour, participé à une marche de 6 000 personnes commémorant celle des femmes résistantes vers les grands bureaux de la Compagnie des mines de Courrières à Billy-Montigny, menées par Émilienne Mopty en pleine grève des mineurs de mai-juin 1941.

Opposant sous la présidence Hollande (2012-2017)

Dans un discours de 2012, il précise sa stratégie de conquête du pouvoir, inspirée de la révolution bolivarienne : « l’hégémonie politique a un préalable : il faut tout conflictualiser […] pour transformer un peuple révolté en peuple révolutionnaire »[99][100][101]qu’il confirmera régulièrement par la suite[102].

Le , Jean-Luc Mélenchon rencontre Julian Assange à l'ambassade d'Équateur à Londres, prenant la défense du fondateur de WikiLeaks, menacé d'extradition vers les États-Unis pour des crimes qu'il nie avoir commis[103].

Il se rend, le , sur la tombe de Chokri Belaïd, homme politique tunisien assassiné quelques jours avant son arrivée au Maghreb[104],[105].

Marche citoyenne pour la VIe République, place de la Bastille, le .

Au printemps 2013, Jean-Luc Mélenchon appelle à une manifestation de masse, baptisée « Marche citoyenne pour la VIe République », organisée à Paris le  par le Parti de gauche entre la place de la Bastille et la place de la Nation[106]. Elle réunit cent quatre-vingt mille personnes selon les organisateurs et trente mille selon la préfecture[107].

Le , il dirige à Paris une nouvelle manifestation pour la « révolution fiscale », protestant notamment contre les hausses de TVA décidées par le gouvernement Ayrault. Elle réunit cent mille personnes selon les organisateurs et sept mille selon la police. Une polémique concernant ces chiffres, ainsi que les conditions d'une interview donnée à la chaîne TF1, mettent en cause Jean-Luc Mélenchon[108] ainsi que les rôles de différents médias[Pas dans la source][109]. L'association de critique des médias proche de la gauche antilibérale Acrimed, publie peu après un récapitulatif de la couverture médiatique de l'événement[110].

Il est à nouveau désigné tête de liste du Front de gauche pour les élections européennes de 2014 dans la circonscription Sud-Ouest (AquitaineMidi-PyrénéesLanguedoc-Roussillon). Dans le cadre de ce scrutin, il se dit pessimiste sur l'avenir de la monnaie unique européenne : « La question n'est pas de savoir si on doit sortir de l'euro mais quand et comment on le fera[111]. » La liste qu'il mène obtient un élu avec un score de 8,57 % et arrive en sixième position, ce qui lui permet d'être réélu député européen le .

Au niveau national, le Front de gauche obtient 6,6 %. Si Jean-Luc Mélenchon reconnaît un « échec » du Front de gauche, il en rejette la responsabilité sur le Parti communiste et les accords électoraux conclus entre celui-ci et le Parti socialiste aux élections municipales de [112].

Le , il annonce l'évolution de sa position au sein du Parti de gauche : « Pour moi, ce n'est pas de me mettre en retrait, c'est m'utiliser autrement. J'ai fait mon temps à organiser la vie d'un parti. J'essaie de cristalliser quelque chose qui existe en dehors de moi. J'ai besoin de temps, je ne peux plus continuer comme cela »[113].

Il annonce, le  suivant, son départ de la direction du Parti de gauche et la création d'une direction collégiale[114]. Cette mise en retrait au sein du parti n'est pas une mise en retrait politique, et il déclare fin  être « disponible » pour l'élection présidentielle de 2017[115].

En , il lance un appel pour un grand mouvement populaire en faveur d'une Sixième République[116].

Il milite pour une alliance Front de gaucheEurope Écologie Les Verts, en y engageant éventuellement l'aile gauche (« frondeurs ») du Parti socialiste, le Nouveau Parti anticapitaliste et Nouvelle Donne[117]. Son but est de créer un équivalent français à la coalition SYRIZA[117], qui a pris le pouvoir en Grèce à la suite des élections législatives grecques de janvier 2015. Ce projet déclenche des tensions entre l'aile droite d'Europe Écologie Les Verts (surtout représentée par Jean-Vincent Placé), favorable à un retour au gouvernement social-libéral de Manuel Valls[118], et l'aile gauche (surtout représentée par Cécile Duflot), plus sensible aux appels de Mélenchon[119],[120].

Candidature présidentielle de 2017

Jean-Luc Mélenchon, le 26 mai 2016 à Paris, lors d'une manifestation contre la loi El Khomri.
Jean-Luc Mélenchon, le  à Paris, lors d'une manifestation contre la loi El Khomri.

Article connexe : Élection présidentielle française de 2017.

Cette section est trop longue. Elle pourrait gagner à être raccourcie ou répartie en plusieurs sous-sections.
Il est également possible que sa longueur crée un déséquilibre dans l'article, au point d'en compromettre la neutralité en accordant à un aspect du sujet une importance disproportionnée.

Le  sur TF1, Mélenchon annonce qu'il est candidat à l'élection présidentielle de 2017 et qu'il ne participera donc pas à la primaire de la Belle Alliance populaire[121]. Il propose une candidature « hors cadre de partis », donc hors du cadre du Front de gauche, et invite ainsi les citoyens à le soutenir, notamment sur le plan financier ; pour cela il lance le mouvement La France insoumise (LFI), dont l'outil principal est une plate-forme Internet participative[122].

Jean-Luc Mélenchon prononçant un discours devant des sympathisans en 2017.

Son mouvement et sa candidature reçoivent a posteriori le soutien des trois principales composantes du Front de gauche, à savoir le Parti de gauche[123], le mouvement Ensemble ![124] et le Parti communiste français[125], ainsi que de la Nouvelle Gauche socialiste fondée par d'anciens membres du PS[126] et de plusieurs membres d'Europe Écologie Les Verts comme la « Coopérative écologie sociale » avec le député Sergio Coronado[127], ou encore le maire de GrenobleÉric Piolle[128].

À partir de , des enquêtes d'opinion donnent Jean-Luc Mélenchon devant le président sortant François Hollande comme devant le Premier ministre Manuel Valls en termes d'intentions de vote à la présidentielle et indiquent qu'il est le candidat préféré des sympathisants de gauche[129],[130]. Il publie en décembre le programme de La France insoumise (L'Avenir en commun, aux éditions du Seuil), qui entre directement dans le top 10 des ventes tous genres confondus selon le classement GFK/ LivresHebdo, puis se retrouvera en  avec un total de 250 000 exemplaires vendus, ce qui selon Challenges « pulvérise les records »[131],[132].

Stratégie numérique

Largement perçu par les organes de presse comme le meilleur orateur parmi les principaux candidats[133], Jean-Luc Mélenchon choisit d'opter pour une « stratégie numérique » visant à utiliser des médias nouveaux afin de pouvoir s'exprimer en dehors du cadre des médias traditionnels, sans pour autant les laisser de côté. Cette stratégie, inspirée de la campagne de Bernie Sanders aux États-Unis[134],[135], est initiée par Sophia Chikirou, sa plus proche conseillère et la « directrice de la communication » de sa campagne[136]Antoine Léaument étant responsable de la partie internet (Facebook, Twitter, Youtube)[137]. Il devient ainsi massivement suivi sur YouTube, puisque sa chaîne est la première parmi les personnalités politiques françaises avec plus de cent trente mille abonnés en [138],[139] — il dépasse les chaînes du président américain Donald Trump et de son adversaire Hillary Clinton durant le même mois[140] — puis plus de deux cent soixante-dix mille abonnés en [141]. Il y propose notamment une émission hebdomadaire, intitulée La Revue de la semaine. Pour son meeting sur l'esprit des sciences et du partage du , le candidat réalise également une première mondiale en étant présent à la fois à Lyon et, en « hologramme », à Paris[142],[143],[144]. Il est également soutenu durant toute la campagne par de nombreuses initiatives émanant du Discord insoumis, une plate-forme numérique depuis laquelle se coordonnent plusieurs milliers de sympathisants sur les réseaux sociaux.

Programme

Son programme reprend celui de 2012, « L'Humain d'abord », actualisé dans l'optique d'une réponse au changement climatique, et comporte comme grands axes : sortir des traités européens, construire une Sixième République, mener une transition énergétique, et développer l'économie de la mer[135],[134]. Selon Damon Mayaffre, lors de cette campagne, « le mélenchonisme se présente […] de manière ambitieuse et officielle comme un « néohumanisme social et écologique », et revendique dans un même mouvement les Lumières et la Révolution jacobine comme passé, le socialisme comme présent et l'exigence écologique comme avenir »[145].

Selon les organisations non gouvernementales Action Santé mondiale, Action contre la faim, Care France et ONE, qui confrontent les propositions de chacun des candidats à l’élection présidentielle sur l'aide au développement pour les pays les plus pauvres, Mélenchon est le candidat le plus engagé en matière de solidarité internationale[146]. Cependant, le volet international de son programme pose plusieurs questions, notamment sur la volonté de rapprochement avec la Russie : Mélenchon souhaite faire retirer le système de défense antimissile de l'OTAN en Europe de l'Est avant de quitter l'organisation et convoquer une conférence internationale sur la Crimée afin de statuer sur de nouvelles frontières à la suite de l'annexion russe de 2014. Le candidat socialiste Benoît Hamon qualifie cette légitimation de l'invasion de fait « extrêmement dangereu[se] » alors que plusieurs historiens signent une tribune dans Libération contre cette proposition[147]. Pour la journaliste Aude Lorriaux de Slate, Jean-Luc Mélenchon est « le plus profondément féministe des cinq « grands »[c] candidats » et « est celui qui a le plus travaillé son programme […], son texte [étant] le plus pointu et le plus précis de tous les candidats » en ce qui concerne « la question des droits des femmes »[148].

Évolution des intentions de vote à l'élection présidentielle de 2017 : en rouge, celles de Jean-Luc Mélenchon, qui connaissent une forte augmentation en fin de campagne au détriment de Benoît Hamon (en rose).

Hostilités, traitement médiatique

Alors qu'il cherche à progresser chez les électeurs indécis et à atténuer l'image révolutionnaire qu'il mettait en avant durant sa précédente campagne présidentielle[149],[150], sa percée dans les sondages, où il passe en quelques semaines de 11 % à 19 %, fait de lui « la cible privilégiée de ses adversaires » selon L'Express, qui souligne qu'il avait été jusqu'ici épargné[151]. Le chef de l'État, François Hollande, déclare à son sujet que la classe politique a « besoin de renouvellement », ce qui, d'après L'Express, est une « façon d'enfoncer un peu plus Jean-Luc Mélenchon, élu depuis le début des années 1990 »[151]Acrimed relève que les médias dominants procèdent « un déferlement de commentaires hostiles, outranciers et grossièrement partisans ». Acrimed note que Libération compare un salon internet animé par les militants de La France insoumise à un salon similaire du Front national, et François Lenglet sur France Télévisions expose « les similitudes » entre les programmes de Mélenchon et de l'extrême droite, « un procédé qu’il ne renouvelle pas – du moins avec autant de ferveur et d’aplomb – avec les autres candidats »[152]. D'après le journaliste politique Alexandre Poussart, la presse de droite tombe « parfois dans la caricature anticommuniste »[153]. Le journal de droite Le Figaro estime d'ailleurs que son programme est « délirant » et qualifie le candidat d'« apôtre des dictateurs révolutionnaires » (ChávezCastroRobespierre). Pour Mathias Reymond d'Acrimed, Jean-Luc Mélenchon subit un traitement médiatique qu'aucun autre politique n'avait subi avant lui, excepté Jean-Marie Le Pen en 2002[152]. Selon Thomas Guénolé, deux voire trois fois plus d'articles traitant de Jean-Luc Mélenchon (40 % à 65 %) que ceux traitant d'Emmanuel Macron (environ 28 %) ont une portée négative à la fin de la campagne[154]. Pour Marianne, la perspective de le voir au second tour déclenche un violent tir de barrage de la « presse conservatrice » : il est accusé d'être extrémiste, et son électorat est traité d'irresponsable. Marianne raille les craintes concernant le programme social de Mélenchon[d]. Selon le journal Les Échos, le candidat insoumis inquiète les marchés financiers à cause de son programme fiscal, qui prévoit de taxer à 100 % les revenus au-dessus de vingt fois le revenu médian, ce dernier étant à 1 800 euros[153],[155]. Une autre source d'inquiétude est une éventuelle sortie de l'euro s'il venait à être élu président de la République[e].

Échec et consigne pour le second tour

Jean-Luc Mélenchon termine finalement à la quatrième position, avec sept millions de voix et 19,58 %, derrière Emmanuel Macron (24,01 %), Marine Le Pen (21,30 %) et François Fillon (20,01 %). Jean-Luc Mélenchon arrive en première position dans les départements de la Seine-Saint-Denis, de la Dordogne, de l'Ariège, de la Guyane, de la Martinique, de La Réunion et à Saint-Pierre-et-Miquelon, mais sur ces sept départements et collectivité, quatre présentent la caractéristique d'un pourcentage de votes exprimés inférieur à 55 % des inscrits[156].

Pour le second tour, opposant Marine Le Pen à Emmanuel Macron, il renvoie dos à dos les deux qualifiés et ne donne aucune consigne de vote[157], refusant d'appeler au « front républicain » contre Le Pen, alors qu'en 2002, il avait appelé à voter Jacques Chirac contre le père de la candidate Jean-Marie Le Pen[158],[159]. Il appelle à la responsabilité de ses électeurs, tendant en grande majorité contre Marine Le Pen[160],[161], et invite les membres de La France insoumise à se positionner en votant sur la plate-forme Internet du mouvement, dont le résultat sera publié le [162]. Les membres de la plate-forme s'étant inscrits avant le  à 22 h sont appelés à choisir entre l'abstention, le vote blanc ou nul, et le vote en faveur d'Emmanuel Macron seulement[163]. Le , Jean-Luc Mélenchon décide de ne pas indiquer précisément quel sera son vote personnel[161], tout en affirmant qu'il ne votera pas pour le Front national[164]. Il déclare qu'« il n'y a pas besoin d'être grand clerc pour deviner ce [qu’il va] faire » et qu’il se tient à cette position « pour que [ses soutiens puissent] rester regroupés »[165]. Lors de certaines interviews, dans cet entre-deux-tours comme lors de celui des élections législatives qui suivent, il appelle cependant à ne pas voter pour le FN[165],[166]. Selon Claude Askolovitch, Jean-Luc Mélenchon a voté Macron, contrairement à la plupart de ses proches ; le journaliste souligne qu'« il est resté dans la tradition des gauches et les scrupules de toute une vie. Il n’a pas pu le dire »[167]. D'après les études d'opinion, les partisans de Jean-Luc Mélenchon ont voté majoritairement pour Macron, alors que le sondage proposé sur la plate-forme Internet des Insoumis donnait le vote Macron à seulement 34 %[157].

Député de la XVe législature (2017-2022)

Jean-Luc Mélenchon (au centre) lors de la « fête à Macron », en 2018.

Jean-Luc Mélenchon conduit la campagne législative de  pour son mouvement[168] et annonce sa candidature à Marseille, ville dans laquelle il est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle. Il se présente dans la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône, notamment face au député PS sortant, Patrick Mennucci[169]. Cette candidature est dénoncée par certains commentateurs et responsables politiques comme un « parachutage »[170],[171]. Candidat précédemment investi par La France insoumise dans cette circonscription, Gérard Souchet regrette qu'il ne s'attaque pas à une zone de force de l'extrême droite : « Je pensais qu'il se présenterait dans la troisième où il y a un vrai défi avec le Front national. Mais son équipe est traumatisée par l'échec de 2012 à Hénin-Beaumont »[169]. Mélenchon explique qu'il ne se présente pas dans la troisième circonscription afin de permettre l'élection de Sarah Soilihi[172], qui finalement n'est pas élue[173].

Lors de la campagne pour les législatives, Jean-Luc Mélenchon attaque l'ancien ministre de l'Intérieur, alors Premier ministre, Bernard Cazeneuve en déclarant qu'il « s'est occupé de l'assassinat de Rémi Fraisse », un militant écologiste tué par une grenade de gendarme en 2014. Ces déclarations suscitent des désapprobations et Cazeneuve porte plainte contre Mélenchon pour « diffamation »[174]. Celui-ci refuse de s'excuser, mais reconnaît un mot « mal calibré » en ayant parlé d'« assassinat »[175].

Au premier tour de l'élection législative dans la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône, Jean-Luc Mélenchon devance ses concurrents, avec 34,3 % des voix[176],[177]. Il est élu député au second tour, le , avec 59,8 % des suffrages exprimés, face à Corinne Versini, candidate de La République en marche, dans un contexte de forte abstention (64,2 %)[178],[179]. Il entre en fonction trois jours plus tard et devient membre de la commission des Affaires étrangères[180].

Après son élection, il cède sa place au Parlement européen à la communiste Marie-Pierre Vieu, qui le suivait sur la liste de candidature du Front de gauche dans la circonscription Sud-Ouest en 2014. Jean-Luc Mélenchon aurait préféré qu'elle cède sa place au suivant sur la liste, Manuel Bompard, qui a dirigé sa campagne présidentielle de 2017[181].

Alors que Jean-Luc Mélenchon, contrairement à une partie des autres députés de La France insoumise, est absent de la Fête de l'Humanité, le numéro un du PCF Pierre Laurent regrette qu'il ne cherche pas d'alliances avec les autres partis de gauche dont le Parti communiste français et indique : « Personne ne peut prétendre détenir la vérité à lui tout seul »[182]. En réaction, Jean-Luc Mélenchon évoque « une direction communiste en perdition, qui s'accroche, qui ne s'exprime plus que contre [lui] », et appelle les militants communistes à le rejoindre lors de la manifestation du  pour s'opposer au projet de réforme du code du travail[183].

Le , Jean-Luc Mélenchon apprend par la presse que des partisans de l'« ultra-droite » auraient projeté des attaques armées contre des migrants, des lieux de culte musulmans et des hommes politiques, dont lui-même[184],[185]. Le meneur de ces militants ayant été arrêté au mois de juin, Jean-Luc Mélenchon interpelle à l'Assemblée nationale le Premier ministre, Édouard Philippe, déclarant qu'il aurait voulu être averti de la menace qui pesait sur lui. Philippe lui répond qu'une communication aurait pu fragiliser l'enquête[186],[187],[188], tandis que le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, dément le « sérieux » de la menace constituée par ce groupe[189],[190]. Lors du procès des membres du groupuscule, qui se fait appeler OAS et se réclame du terroriste Anders Brevik, y compris son chef Logan Nisin, il apparait que les assassinats de Christophe Castaner et Jean Luc Mélenchon faisaient effectivement partie des projets d'attentats qui avaient été conçus[191],[192].

J.-L. Mélenchon figure en position non éligible sur la liste de La France insoumise aux élections européennes de 2019[193]. Celle-ci arrive en cinquième position avec 6,3 % des voix[194].

En , afin de mener la campagne présidentielle de l’année suivante, il cède la présidence du groupe LFI à Mathilde Panot[195],[196].

Candidature présidentielle de 2022

Portrait de Jean-Luc Mélenchon en pixel art disponible sous licence libre sur Wikimedia Commons
Portrait de Jean-Luc Mélenchon en pixel art.

Articles connexes : Candidats à l'élection présidentielle française de 2022 et Élection présidentielle française de 2022.

Annonce de candidature et campagne

Le , invité sur le plateau du Journal de 20 heures de TF1, il annonce proposer sa candidature à l'élection présidentielle de 2022[197]. Il met une condition à cette candidature : il se présentera si au moins 150 000 personnes votent pour le soutenir sur une plate-forme numérique appelée « Nous sommes pour ! »[197]. Cette « investiture populaire » se base sur une proposition de la commission Jospin pour les candidatures présidentielles, suggérant de remplacer les actuelles 500 signatures d'élus par 150 000 parrainages citoyens[198],[199]. Il annonce avoir obtenu ces 150 000 signatures quatre jours plus tard[199],[198]. Quatorze mois après exactement, le , il annonce au grand jury RTL-LCI que ce nombre a quasiment doublé, passant à plus de 270 000 signatures[200].

Jean-Luc Mélenchon refuse de participer à la Primaire populaire, estimant que les différences programmatiques sont trop importantes[201],[202],[203]. Comme Yannick Jadot et Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon a demandé que son nom soit retiré du scrutin[204],[205] après la découverte d'une vidéo appelant à les dénigrer sur les réseaux sociaux[206],[207],[208] et suspendre leurs parrainages en lien avec le « serment de Romainville »[209],[210]. Après avoir échoué à présenter un candidat, la structure organisatrice de la primaire appelle néanmoins à voter pour Jean-Luc Mélenchon en mars 2022[211].

En décembre 2021, il annonce la création d'un « Parlement de l'Union populaire » qui vise à rassembler des personnalités extérieures à La France insoumise afin de soutenir sa candidature et de préparer la refondation de la gauche. Cette structure est dirigée par Aurélie Trouvé qui quitte la présidence d'Attac pour assumer cette charge, et accueille des universitaires, des responsables associatifs et syndicaux, des figures de différents mouvements sociaux ou encore des artistes[212],[213]. Elle accueille aussi des personnalités issues d'autres formations politiques de gauche, comme les partis communistes (Sébastien Jumel[214]Karine Lebon[215]…), EELV (Thomas Portes[216]) ou Génération.s (Ali Rabeh[214]).

En mars 2022, Jean-Luc Mélenchon est dans les sondages « nettement devant »[217] les autres candidats de gauche. Mélenchon affirme alors être le seul candidat de gauche à pouvoir accéder au second tour, un narratif appuyé par l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal, qui déclare : « Aujourd'hui, il est évident que le vote utile à gauche, c'est le vote Mélenchon »[218],[217]. Mélenchon, qui en 2012 critiquait ardemment le « vote utile » en le qualifiant de « camisole de force », utilise en 2022 l'expression « vote efficace »[219]. De même, Christiane Taubira déclare publiquement lors du dernier jour de la campagne officielle qu'elle votera pour Jean-Luc Mélenchon car « il est le seul candidat de gauche en mesure de barrer la route à l'extrême droite dès le premier tour »[220].

Il reçoit le 6 avril 2022 le soutien de l'ancien président brésilien Lula[221].

Électorat

Dans une publication pour la fondation Jean-JaurèsJérôme Fourquet passe en revue les caractéristiques du vote Mélenchon au premier tour de l'élection présidentielle de 2022. D'un point de vue géographique, cet électorat est très présent dans les grandes villes, les villes universitaires, les territoires ruraux du sud de l'hexagone, les territoires ultramarins et les banlieues. Jean-Luc Mélenchon rencontre cependant plus de difficultés dans les fiefs traditionnels du PCF, ce qui est mis en relation avec la candidature concurrente de Fabien Roussel. En termes socioéconomiques, son électorat paraît interclassiste. Il parvient en effet à obtenir le vote de cadres et professions intermédiaires tout en concurrençant le RN dans les classes populaires, étant dans ce cadre notamment performant chez les travailleurs se reconnaissant dans le syndicalisme (que Fourquet assimile aux restes du mouvement ouvrier) et chez les personnes ayant des revenus particulièrement bas (qui correspondent à des situations d'exclusion). La proportion de locataires est en outre largement plus importante que celle des propriétaires, suggérant un soutien des urbains connaissant des formes de précarité. Enfin la répartition du vote Mélenchon sur la pyramide des âges révèle une très forte surreprésentation des jeunes électeurs[222].

Il est le candidat pour lequel les électeurs âgés de 18 à 24 ans ont le plus voté[223]. Les détenus français ont largement donné leur voix à Jean-Luc Mélenchon[224].

Programme

Son programme est une version remaniée et actualisée de L'avenir en commun, son projet de 2017. Sa conception a profité des contributions du laboratoire d'idées « Intérêt général », constitué de hauts fonctionnaires proches de LFI, ainsi que celles d'économistes ayant rejoint la campagne[225],[226],[227]. Dans un entretien accordé à l'INA, Jean-Luc Mélenchon indique avoir voulu construire un programme comparable au programme commun de la gauche qui avait permis à François Mitterrand de « réussir l'union à la base quand l'union au sommet s'est dérobée » et ainsi de gagner en 1981, stratégie dont Jean-Luc Mélenchon dit vouloir s'inspirer[228]. Le 12 mars 2022, Jean-Luc Mélenchon présente sur ses réseaux sociaux le chiffrage de L'avenir en commun et ses 690 propositions dans une émission en direct de trois heures où, notamment, il répond aux questions de quatre journalistes économiques[229],[230].

Jean-Luc Mélenchon lors d’un meeting à Strasbourg, le 19 janvier 2022.

Symbolique

À partir d'octobre 2021, il recourt à l'expression « L'Union populaire » comme slogan voire comme nom de mouvement, ce qu'il assimile à une démarche d'ouverture vis-à-vis de personnalités et d'électeurs divers[231]. Les meetings sont marqués par la présence de nombreux drapeaux tricolores et par une musique de campagne qui est un remix du Chant du départ[232]. La tortue devient également un symbole utilisé avec humour par les sympathisants et Jean-Luc Mélenchon lui-même[233],[234],[235], faisant écho à une boutade lancée par le candidat lors d'un meeting de janvier 2022 à Nantes lorsqu'il avait ironisé « Faites confiance à une tortue électorale sagace comme moi. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Et j’ai déjà épuisé quelques lièvres », en référence à une fable de La Fontaine et à son retard d'alors dans les sondages[236],[237].

Stratégie numérique

Comme en 2017, la campagne électorale mobilise des technologies numériques pour se démarquer. En plus de son activisme sur Youtube, Jean-Luc Mélenchon investit d'autres réseaux, comme la plateforme de streaming Twitch sur laquelle il lance un format intitulé « Twitchons »[238]. Face à la contrainte représentée par la crise sanitaire et les mesures de confinement, il diffuse le 29 novembre 2020 un meeting en réalité augmentée où il apparait entouré de décors numériques[239],[240]. En janvier 2022, il réalise à Nantes un meeting immersif et olfactif qui est présenté comme une première mondiale. Des images en rapport avec les thèmes abordés sont diffusées tout autour du public, permettant notamment d'évoquer les enjeux liés à l'espace ou aux fonds marins[241],[242]. Fin mars 2022, un jeu vidéo conçu par des militants bénévoles, intitulé LAECestTOI, est rendu disponible gratuitement afin de faire connaitre le programme de manière ludique[243],[244]. En avril 2022, son équipe rend disponible un filtre sur les réseaux sociaux faisant apparaitre un mini-hologramme du candidat appelant à se rendre aux urnes[245]. Le 5 avril, le dernier meeting de sa campagne, physiquement effectué à Lille, est retransmis en direct dans onze autres villes grâce à des hologrammes[246].

Défaite au premier tour

Après avoir culminé à 18 % dans les sondages, il bénéficie du vote utile de la part de sympathisants d'autres partis de gauche, mais échoue au premier tour avec 21,95 % des voix, se plaçant à la troisième place à 1,2 % de Marine Le Pen et 5,89 % d'Emmanuel Macron[247]. Il progresse[f] par rapport à l'élection de 2017, époque où il était allié avec le parti communiste et avait perdu avec un score de 19,58 %[249],[248]. Au soir de sa défaite[250], dans une allocution, Jean-Luc Mélenchon déclare qu’une « nouvelle page du combat s’ouvre », appelant à « ne pas donner une seule voix à Marine Le Pen », mais sans appeler à voter pour Emmanuel Macron[249],[251].

Second quinquennat d'Emmanuel Macron (depuis 2022)

Formation de la NUPES aux élections législatives de 2022

Discours de Jean-Luc Mélenchon lors de la Convention de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, à Aubervilliers, début .

Le , lors d'une interview sur BFM TV, il demande aux Français de l'« élire Premier ministre », en votant pour « une majorité de députés insoumis » aux élections législatives[252]. Quelques semaines plus tard, au début du mois de mai, est créée la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) qui regroupe les partis de gauche dont le Parti socialiste et le Parti communiste, et qui a pour but de remporter un maximum de sièges lors de législatives afin d'imposer une cohabitation au président Emmanuel Macron. Dans le même temps, Jean-Luc Mélenchon déclare qu'il ne « croit pas » qu'il sera candidat à l'élection présidentielle de 2027, lors de laquelle il sera âgé de 75 ans[253],[254].

Le , il annonce ne pas être candidat à sa succession aux prochaines élections législatives, expliquant sur son compte Twitter « céder la place » à Manuel Bompard[255]. Lors du premier tour des législatives, la NUPES et la coalition présidentielle sont au coude-à-coude en nombre de voix avec une légère avance (26,11 %), sur la coalition de la majorité présidentielle (25,82 %)[256]. Durant l'entre-deux tours, Jean-Luc Mélenchon appelle notamment à la mobilisation des jeunes, chez lesquels le taux d'abstention est fort : près de 70 % d'entre eux ne sont pas allés voter au premier tour[257].

Au soir du second tour, Manuel Bompard est élu député avec 73,92 % des voix, succédant à Jean-Luc Mélenchon. Le soir-même, le leader de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (en mesure de devenir le premier groupe d'opposition parlementaire avec 131 sièges obtenus), qui quitte les bancs de l'Assemblée nationale, déclare « changer de poste de combat », mais que son engagement « demeurera jusqu'à [s]on dernier souffle[258] ».

Influence persistante malgré une absence de mandat électif (2022-2024)

À l'été 2022, Jean-Luc Mélenchon entame une tournée de plusieurs semaines en Amérique latine au cours de laquelle il rencontre le président du MexiqueAndrés Manuel López Obrador, avant de passer par le Honduras où il a un entretien avec l'ex-président Manuel Zelaya et son épouse, l'actuelle présidente Xiomara Castro, ainsi que par la Colombie[259]. Le , dans un entretien avec Reporterre, Jean-Luc Mélenchon déclare qu'il « souhaite être remplacé » pour l'élection présidentielle de 2027 et dit vouloir « terminer [son] travail intellectuel »[260],[261]. En , il prend la présidence conjointement avec Clémence Guetté de l'Institut La Boétie[262].

Malgré son absence de mandat, il continue d'être influent au sein de La France insoumise et se veut également le leader de la NUPES, ce qui n'est pas sans créer de vives tensions avec les autres partis de gauche, plus particulièrement avec le Parti communiste et Fabien Roussel, notamment lors de la stratégie à adopter face à la réforme des retraites du gouvernement Borne[263]. Les syndicats sont également très critiques à son encontre[264],[265] mais également plusieurs députes de son propre mouvement[266]. En effet, des tensions apparaissent progressivement au sein de la France Insoumise au cours de la législature. Fin 2022, une nouvelle direction avec Manuel Bompard comme coordinateur est mise en place, mais plusieurs figures historiques comme Raquel GarridoAlexis CorbièreClémentine Autain et François Ruffin en sont écartés[267],[268]. Cette mise à l'écart est perçue comme une sanction, voire une purge décidée par Jean-Luc Mélenchon lui-même[269], pour avoir critiqué la position officielle du mouvement lors de l'affaire Quatennens[270].

Face à cette contestation de sa ligne, Jean-Luc Mélenchon persiste dans son refus de toute création de courants différents[271] et se montre critique vis-à-vis des militants « frondeurs » qui réclament davantage de démocratie interne[272],[273]. Il se voit également confronté à la montée en popularité de François Ruffin, qui pousse à un changement de stratégie du mouvement et qui est analysé comme une potentielle alternative pour l'élection présidentielle de 2027[274]. Un tweet de Jean-Luc Mélenchon en  lui enjoignant à se lancer dans la campagne présidentielle est à ce titre vu comme une tentative de tuer dans l'œuf une candidature du député de la Somme[275],[276]. Il ne ferme en effet pas la porte à une quatrième candidature, affirmant en septembre 2023 que « ce sont les circonstances qui font la bonne candidature »[277],[278].

Après les attaques du Hamas le , il est critiqué par les autres partis de gauche et contesté par une partie de La France insoumise pour son refus de qualifier l'organisation palestinienne comme « terroriste[279],[280] ». France info relève qu'il a déclaré : « Nous n'avons jamais contesté le fait que des actes puissent être de nature terroriste »[281]. La position de Jean-Luc Mélenchon le vaut d'être qualifié d'« ennemi de la République » par le président du CRIF Yonathan Arfi[282]. Il est également régulièrement accusé d'être ambigu à l'égard de l’antisémitisme par des médias privés et publics sous gouvernement de centre droit[283],[284],[285],[286], accusations accentués par son refus de se rendre à la marche contre l'antisémitisme organisée par Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher le  à Paris, qu'il justifie par la présence du Rassemblement national et le refus des organisateurs d'appeler à un cessez-le-feu après le lancement par Israël de l'opération Épées de Fer dans la bande de Gaza[287],[288]. Cette décision est contestée au sein de La France insoumise[289] et plusieurs cadres du mouvement, bien que refusant également de défiler avec l'extrême-droite à Paris, se rendent à la marche organisée au même moment à Strasbourg[290],[291],[292].

En réaction à la déclaration d'Emmanuel Macron qui affirme ne pas exclure l'envoi de troupes françaises sur le front ukrainien, il s'y oppose fermement et appelle à négocier avec Vladimir Poutine[293],[294]. Il continue d’appeler également à un cessez-le-feu en Palestine et qualifie les bombardements de l'armée israélienne de « génocide »[295],[296],[297]. Lors du lancement de la campagne des européennes de 2024 aux côtés de Manon Aubry, il affirme que le scrutin européen « prépare l'élection présidentielle de 2027[298] » et se dit prêt à repartir en campagne[299], laissant planer le doute sur sa candidature au prochain scrutin présidentiel. Il assure toutefois quelques jours plus tard qu'il so….

source : wikipedia

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