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Lettre ouverte à Arte TV

 

 

 

 

     6, cité du Wauxhall
     75010 PARIS                                                                       Paris, le 29 mars 2023
 

À l’attention de Monsieur Bruno Patino
Président d’Arte-France

 

LETTRE OUVERTE À ARTE-FRANCE

Monsieur le Président d’Arte-France,

 

La chaine de télévision franco-allemande Arte que vous présidez a diffusé le 25 mars dernier un documentaire sous le titre « Azerbaïdjan : Karabagh, l’heure du retour », mettant une nouvelle fois l’Azerbaïdjan en exergue.

Ce documentaire reprend sans contre-partie les thèses défendues par le dictateur IIham Aliev relayées en la circonstance par ses supplétifs, bafouant toutes vérités historiques. À en croire les interviews des propagandistes azéris de cette émission, les Arméniens seraient la cause de tous leurs malheurs. À longueur d’émission, c’est une déferlante de contre-vérités à caractère nationaliste et haineuse.

Les pogroms anti-arméniens de Soumgaït (février 1988), de Kirovabad (automne 1988) et de Bakou (janvier 1990) ont été un des éléments déclenchants et accélérateurs de la mise en œuvre des velléités d’indépendance exprimées par le peuple du Karabagh. Ce territoire avait dans le cadre de l’URSS, un statut de région autonome rattachée à l’Azerbaïdjan.

Les Arméniens vivent sur cette terre de l’Artsakh depuis plusieurs millénaires. De nombreux monuments très anciens attestent l’antériorité de cette présence arménienne qui n’a jamais été séparée de son territoire historique depuis l’antiquité.

L’Artsakh proclame son indépendance le 2 septembre 1991 à la suite d’un vote d’autodétermination de sa population. Le Haut Karabakh s’est déclaré indépendant sur les fondements de la loi de l’URSS du 3 avril 1990.

Deux principes de droit international s’opposent : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, défendu par les Arméniens, et l’intégrité territoriale mise en avant par l’Azerbaïdjan.

Aujourd’hui ce qui se joue dans ce territoire et en Arménie, c’est l’existence même des Arméniens menacés d’extermination.

Les 120 000 habitants du Haut-Karabagh, dont 30 000 enfants, sont pris en otage depuis trois mois, par le blocage du corridor de Latchine, unique voie de communication et d’accès avec l’extérieur, créant ainsi les conditions d’une grave crise humanitaire.

Aujourd’hui l’Arménie, et son peuple sont de nouveau menacés de disparition sur leur propre territoire reconnu internationalement. Devant cette menace, début janvier, l’Institut Lemkin pour la prévention des génocides alertait sur les actes de l’Azerbaïdjan qui visent « à créer la terreur et des conditions de vie insupportables. Ces événements (…) s’inscrivent dans un schéma génocidaire plus large contre l’Arménie et les Arméniens par le régime azerbaidjanais (…) le monde doit empêcher un second génocide Arménien ».

Monsieur le Président d’Arte-France, nous sommes profondément choqués par ce genre d’émission, nous vous invitons à méditer sur la mise en garde de l’Institut Lemkin au lieu de donner l’antenne à des propagandistes manipulés par une des plus terribles dictatures au monde, qui n’hésite pas à mettre en scène ses crimes avec la création d’un sordide musée dédié « aux trophées militaires ». Chaque jour, l’Azerbaïdjan mène des actions violentes, menaçant et terrorisant les Arméniens du Haut-Karabakh ou d’Arménie afin de provoquer leur départ de la région. L’effacement de toute trace de présence arménienne est un moyen de démontrer au monde qu’il n’existe ni Arméniens, ni Arménie. Comment peut-on tomber si bas !

Le combat pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes dans la liberté, la paix, et la sécurité, est un combat de chaque instant qui doit rassembler tous ceux qui sont attachés à la démocratie et à la liberté.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président,  l’expression de nos sentiments blessés.

 

 

Le Conseil National de l’UCFAF

L’UCFAF Paris-Ile-De-France

L’UCFAF Nièvre-Bourgogne

L’UCFAF Lyon-Rhône-Alpes

L’UCFAF Valence-Drôme

L’UCFAF Marseille PACA
 

 

 

NOTE DE LA REDACTION DE NHM :

Conseil de surveillance d’Arte France

Arte France est sous la surveillance d’un conseil dont le président est Bernard-Henri Lévy.

 

photo : D.R.