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Arménie-Artsakh blocus

Grâce à la médiation et l'intervention russe, le blocus a été desserré. Désormais, les cigarettes sont de nouveau disponibles en quantité et quelques charcuteries ont fait leur retour sur les étals des magasins de Stépanakert.

Les prix restent élevés mais l'important est là: la médiation russe commence à porter ses fruits ce qui donne beaucoup d'espoir aux habitants d'Artsakh et la force de tenir coûte que coûte.

La question de l'énergie reste difficile bien que le gaz soit plus ou moins disponible. Sa fourniture change d'heures en heures. En ce moment, le gaz est disponible en volumes limités mais les stations services de GPL fonctionnent par intermittence.

Les restrictions sur l'essence et le diesel restent en place.

Au vu de l'incertitude de la situation à venir, les habitants de Stépanakert en particulier essaient d'économiser le bois ! Dès que possible les logements sont chauffés à l'électricité qui sert aussi pour cuisiner. Le bois est réservé pour les mauvais jours.

Tôt ou tard, sans rétablissement de l'approvisionnement d'Arménie, l'électricité finira par être coupée.

L'autosuffisance est clairement une politique salvatrice. L'artisanat fondé sur les ressources locales est clairement un métier tout autant salvateur. Le développement de micros entreprises familiales est d'une urgence absolue.

En Arménie, les témoignages se multiplient pour contredire la version officielle de Nikol Pashinyan concernant l'incendie qui a coûté la vie à 15 soldats le 19 janvier dernier.

Comme un scandale en chasse un autre, changeons de domaine. Il y a quelques années, les autorités avaient autorisées la vente du marché couvert très populaire de la rue Mashtots qui vendait des produits gastronomiques naturels et traditionnels. Après d'importants travaux, il avait été reconstruit pour devenir un centre commercial sans aucune âme. Des dizaines de commerçants indépendants avaient perdu leur emploi et leurs étals avaient été remplacés sans indemnisation par des chaînes de magasins et des employés salariés.

L'an dernier, ce fut au tour du marché populaire de produits de la maison Firdus sur l'avenue Tigran Metz. Il fut tout simplement rasé par des buldozzers. Les commerçants indépendants ont tous perdu leurs emplois sans aucune indemnisation. Un lot de bâtiments va être construit sur place. 

En août dernier, l'Arménie a du affronter l'explosion du marché de Sourmalu qui a causé 16 morts, 62 blessés et la faillite non indemnisée de dizaines de commerçants indépendants. Après 6 mois, toujours aucun accusé, aucun procès en vu, le directeur n'a même jamais été interrogé !

À présent, c'est au tour du marché de Malatia d'être menacé pour une sombre histoire de normes incendies. L'Etat, au lieu de sanctionner le propriétaire qui refuse de mettre aux normes le marché, a tout simplement décidé de fermer le marché à partir du 1er février. Bien sûr les probables centaines de commerçants indépendants ne seront pas indemnisés ni par l'Etat, ni par le propriétaire qui fera probablement recours à une clause de force majeure pour fuir ses responsabilités.

Si demain, on voit émerger un programme immobilier, on pourra se poser légitimement la question d'une coopération privé-public, c'est-à-dire d'une possible corruption de l'autorité publique.

L'Arménie (ses dirigeants, ndlr) tue ses métiers indépendants quand l'Artsakh est acculé à les soutenir. Les indépendants ne doivent pas devenir les victimes du développement mais le socle du développement sain de l'économie. 

Armen Rakedjian