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1.Le Monde

23 mai 2021

ENTRE POUTINE ET ERDOGAN, L’ENTENTE BRUTALE

L’un est calculateur au sang-froid, l’autre tribun exalté. Mais les présidents russe et turc ont en partage leur aversion de l’Occident et leur soif de pouvoir. Héritiers d’empires rivaux, tous deux tirent aujourd’hui parti de leur relation. Même si Moscou n’apprécie guère les intrusions d’Ankara dans le Caucase ou en Ukraine.

Dans l’un des nombreux vestibules du Kremlin, la forteresse symbole du pouvoir russe, une délégation turque conduite par le président Recep Tayyip Erdogan attend d’être reçue par le maître des lieux, le président Vladimir Poutine. En ce jeudi 5 mars 2020, les Turcs sont nerveux. Huit jours plus tôt, 34 de leurs militaires ont été tués, victimes d’une frappe aérienne dans la province d’Idlib, dernier fief de la rébellion contre Bachar Al-Assad dans le nord-ouest de la Syrie. La bombe – un engin à guidage laser – était russe ; elle a pulvérisé le bâtiment où les soldats s’étaient réfugiés, après un bombardement sur leur convoi. La tension entre Ankara, protecteur des rebelles syriens, et Moscou, principal allié de Damas, est à son comble.

Le malaise des hôtes turcs est palpable. Les visages sont crispés, les regards se portent machinalement sur les portraits qui ornent les murs, ceux des généraux tsaristes tombeurs de l’armée ottomane lors des multiples conflits qui ont opposé les deux empires. Las, Erdogan s’écroule sur une chaise. La délégation est enfin invitée à entrer dans la pièce où Vladimir Poutine reçoit. Le décor est soigné. Sur une cheminée de marbre trône une horloge mettant en scène la victoire de l’armée tsariste sur la Sublime Porte dans les Balkans, en 1878, tandis que sur la droite domine la statue de l’impératrice Catherine II, qui arracha le khanat de Crimée à l’Empire ottoman en 1783.

C’est sous le bronze de la Grande Catherine, justement, que la délégation s’est rassemblée, station debout, pour assister aux discussions. Les deux présidents sont assis côte à côte devant la cheminée. L’entretien peut commencer. C’est bien connu, Vladimir Poutine aime se faire désirer. Rien d’exceptionnel donc, sinon que cette séquence a ensuite été diffusée en boucle sur les chaînes de télévision russes. Il s’agit de souligner comment le maître du Kremlin a rabaissé son hôte, en lui rappelant lequel des deux empires, tsariste et ottoman, avait été le plus fort, jadis, sur les champs de bataille.

A cet instant, la relation russo-turque paraît vacillante. Mais, face à Erdogan, livide et visiblement excédé, Poutine sait trouver les mots : non, la frappe n’était pas destinée aux militaires turcs. D’ailleurs, l’état-major russe n’avait pas été informé de leur mouvement à Idlib. Sur la cheminée, la pendule qui rappelle la défaite des Ottomans égrène les heures. La discussion s’éternise. Finalement, un compromis est trouvé, sous forme d’un cessez-le-feu à Idlib, où des milliers de soldats turcs sont déployés et que Bachar Al-Assad brûle de reconquérir grâce au soutien aérien de Moscou. L’accord est précaire, l’impasse syrienne reste entière, mais l’essentiel est là : l’escalade est évitée.

La capacité des deux dirigeants à surmonter leurs divergences ne cesse d’étonner. Quel est le secret de leur alliance ? Jusqu’ici, elle a su résister à toutes les épreuves. Pourtant, les intérêts divergent. Anciennes rivales historiques à l’époque des empires, la Turquie et la Russie sont loin d’être toujours sur la même ligne. En Syrie, en Libye, en Ukraine, dans le Caucase, elles soutiennent des camps opposés.

Vieil ordre mondial « dépassé »

Difficile à qualifier, le nouvel attelage russo-turc, mêlant adversité et coopération, s’impose comme un événement géopolitique majeur de la décennie. Il a bousculé le statu quo en place depuis la fin de la guerre froide, interrogeant sur l’avenir de la Turquie au sein de l’OTAN. Enthousiaste, le politologue russe Fiodor Loukianov y voit « un prototype de partenariat qui s’avérera déterminant dans les années à venir ». Il en est sûr, la relation Poutine-Erdogan « servira de modèle aux futures relations internationales ». Le vieil ordre mondial est dépassé, les règles du jeu ont changé. La diplomatie est transactionnelle, avant tout. « Nombreux sont les Etats qui cherchent aujourd’hui des relations souples, sans beaucoup d’engagements, non tributaires d’alliances rigides », affirme l’analyste, réputé proche du Kremlin.

Dans une étude publiée par l’Institut français des relations internationales (IFRI) et intitulée « Russia and Turkey. Strategic Partners and Rivals » (« Russie et Turquie. Partenaires stratégiques et rivaux »), le chercheur Pavel Baev est plus mesuré. Il souligne le décalage entre la relation telle qu’elle est affichée par les officiels des deux Etats et la réalité. Sous les ors du Kremlin, il est question d’une alliance ambitieuse, sécuritaire, énergétique, économique. Mais, sur le terrain, la coopération laisse à désirer. Dans le dossier syrien, les partenaires ne cessent de vanter la « désescalade » militaire, sans avoir jamais réussi à avancer vers la paix, se contentant de gérer les dérapages.

Quant aux échanges commerciaux, malgré des annonces tapageuses, ils restent modestes – 20,8 milliards de dollars en 2020, loin de l’objectif affiché de 100 milliards. La Turquie, grande consommatrice de gaz, se fournit désormais davantage auprès de l’Azerbaïdjan que de la Russie. Le 8 janvier 2020, le gazoduc TurkStream, destiné à alimenter la Turquie et le sud de l’Europe en gaz russe via la mer Noire, avait pourtant été inauguré en grande pompe par les deux dirigeants. La même année, les importations turques de gaz russe chutaient de 40 % par rapport à l’année précédente.

M. Baev résume bien ces contradictions. « Moscou peut se réjouir qu’Ankara soit désormais perçu à Paris, Berlin et Washington comme un grand fauteur de troubles, écrit-il. Mais il se trouve trop souvent en difficulté face aux tentatives turques de démonstration de force. » A l’automne 2020, le soutien militaire massif turc à l’Azerbaïdjan, dans sa guerre contre l’Arménie pour reprendre le contrôle de l’enclave du Haut-Karabakh, a mis sens dessus dessous l’équilibre géopolitique du sud du Caucase. Or, la Russie voit cette région comme son arrière-cour, un endroit où, depuis près d’un siècle, nulle autre armée que la sienne n’a pu mettre le pied.

Là aussi, un compromis a été trouvé. Ecarté du cessez-le-feu supervisé par le seul Kremlin dans le Haut-Karabakh, le 9 novembre 2020, Erdogan a reçu quelques compensations de son « ami » Poutine. La Turquie pourra construire une voie d’accès permettant de relier l’Anatolie à la mer Caspienne, et obtient le feu vert russe pour l’envoi, en Azerbaïdjan, de 60 militaires en mission d’observation. Vladimir Poutine s’était ensuite répandu en louanges sur son homologue turc. « Avec le président Erdogan, nous avons parfois des divergences, mais c’est quelqu’un qui tient parole, un homme, un vrai ! », déclara-t-il lors de sa conférence de presse annuelle, le 17 décembre 2020.

« Je reconnais à Vladimir Poutine les mêmes qualités et je souhaite que notre bonne relation se poursuive », répondit l’intéressé. La guerre dans le Haut-Karabakh a pourtant failli mettre à mal la « bonne relation ». En soutenant militairement son allié azerbaïdjanais, musulman et turcophone, la Turquie était peut-être allée trop loin.

L’OTAN, organisation honnie

Quelques mois plus tôt, les images de destruction, par les drones turcs, des chars russes utilisés par les forces arméniennes avaient soulevé une vive émotion parmi l’élite « à épaulettes » de Moscou, les hommes des services de sécurité et de l’armée. Vladimir Poutine calma le jeu. L’important n’était pas là. Un autre événement était à même de rasséréner la partie russe : alors que les drones turcs, les conseillers militaires et les mercenaires syriens envoyés par Ankara étaient en pleine action dans le sud du Caucase, l’armée d’Erdogan testait, pour la première fois, les batteries de missiles antiaériens S-400 achetés à la Russie.

Conclue en 2017, la vente de ces missiles s’est révélée être un coup de maître de Moscou, avide d’affaiblir l’OTAN, l’organisation honnie, dont la Turquie est le pilier oriental depuis 1952. En s’équipant avec du matériel russe, techniquement incompatible avec le système de défense de l’Alliance atlantique, la Turquie a semé le doute chez ses alliés traditionnels et s’est exposée à de lourdes sanctions de Washington. En janvier, elle a ainsi été évincée du programme de fabrication des F-35, les avions furtifs américains de dernière génération, sur lesquels son armée comptait pour renouveler sa flotte devenue obsolète. Désormais, il est question d’acheter des avions de chasse russes. Poutine jubile.

Pour Erdogan, l’acquisition de ces missiles est au contraire présentée comme un acte d’indépendance. Il veut montrer que son pays n’est plus l’allié docile des Occidentaux. Son idée-phare, selon laquelle il faut en finir avec « la bride mise au cou de la Turquie par l’Occident », a l’assentiment de ses partisans, pétris de rancœur contre l’Europe et les Etats-Unis. L’islam politique turc entend bien rompre avec les choix des pères fondateurs – Atatürk en tête – qui avaient décidé d’arrimer le pays à l’Occident, à son système de sécurité et à ses valeurs.

La livraison des S-400 a eu lieu le 12 juillet 2019, soit trois jours avant les commémorations de l’échec du coup d’Etat du 15 juillet 2016 en Turquie. La date n’avait pas été choisie au hasard par Vladimir Poutine, désireux de rappeler qu’il avait été le premier à soutenir le président Erdogan au moment du putsch raté. Nul ne sait ce que les deux hommes ont pu se dire au téléphone cette nuit-là, mais une chose est sûre, l’initiative du maître du Kremlin a été appréciée. L’Europe, plus lente à réagir, fut accusée par Ankara de manquer d’empathie, et Washington carrément désigné comme complice…

Le rapport personnel qu’entretiennent les deux hommes est la clé de l’équilibre entre leurs pays. « Entre la Turquie et la Russie, il n’existe pas de mécanismes institutionnels de “déconfliction”, explique le politologue indépendant Kerim Has, à Moscou. Les problèmes se règlent uniquement à travers les rencontres en face à face et les appels téléphoniques entre Erdogan et Poutine. »

L’entente n’a pas toujours été aussi cordiale. Le dossier de la guerre en Syrie a toujours été un point sensible. Le 24 novembre 2015, la Turquie abattait un avion de chasse russe au-dessus de la frontière turco-syrienne, causant la mort de deux pilotes russes. Entre Ankara et Moscou, le ton monta, Erdogan dénonçant « les crimes de guerre » commis par la Russie en Syrie, Poutine évoquant « un coup de poignard dans le dos, asséné par ceux qui soutiennent le terrorisme ». Moscou imposa des sanctions, annula les vols des touristes russes en direction des plages turques et bloqua l’importation de produits agricoles, les tomates surtout.

Acculé, Recep Tayyip Erdogan finit par envoyer une lettre d’excuses à Poutine en juin 2016, déplorant l’avion abattu et adressant ses condoléances aux familles des pilotes disparus. Les contacts s’intensifièrent avec, en point d’orgue, la conversation téléphonique survenue au moment du coup d’Etat raté de juillet 2016. La réconciliation est solide. Elle va résister aux chocs.

Le 19 décembre de la même année, Andreï Karlov, l’ambassadeur de Russie à Ankara, est abattu d’une balle dans le dos par un policier turc, alors qu’il prononçait un discours dans une galerie d’art. Les analystes prédirent aussitôt la fin du rapprochement. Pourtant, Moscou ne broncha pas, accepta les explications des autorités turques selon lesquelles le meurtre avait été planifié par le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen. Cet ancien allié d’Erdogan, installé depuis 1999 aux Etats-Unis, est devenu son pire ennemi puisqu’il est accusé d’avoir fomenté le coup d’Etat.

Issus de la même génération – Poutine est né en 1952, Erdogan en 1954 −, les deux présidents ont en commun d’être aux manettes de leurs pays respectifs depuis une vingtaine d’années. Pour le reste, l’espion communiste et le jeune adepte de l’islam politique n’ont ni les mêmes références ni le même parcours. Leurs caractères sont à l’opposé. Autant Erdogan est émotif, emporté et sans limites, autant Poutine, malgré quelques dérapages verbaux, est un animal à sang froid, calculateur.

Doté d’un fort instinct politique, Recep Tayyip Erdogan est un tribun éprouvé. Militant islamiste depuis son plus jeune âge, il a gravi une à une les marches du pouvoir jusqu’au sommet. A l’inverse, Vladimir Poutine, formé à l’école du KGB, la police politique soviétique, s’est vu offrir le pouvoir sur un plateau. Dès 1999, il fut choisi par son prédécesseur, Boris Eltsine, qui avait flairé sa nature « décisive et robuste ».

Tous deux sont adeptes du multilatéralisme, avec une forte aversion pour l’« hégémonie du dollar ». Tels des prophètes ou des illusionnistes, ils appellent leurs peuples au réveil patriotique et spirituel, mettant en garde contre le déclin de la civilisation occidentale. Tous deux estiment que « les droits de l’homme et la démocratie sont des paramètres inexistants », précise le politologue russe Fiodor Loukianov.

La même soif d’autoritarisme les anime. Réécrire la Constitution au pas de charge, disperser violemment les manifestations, jeter les opposants en prison, museler les médias et toutes les voix critiques… Les modes de gouvernance sont analogues. A Ankara comme à Moscou, le président est le soleil autour duquel évoluent toutes les planètes institutionnelles. En cas de nécessité historique, lui seul est habilité à lancer des purges, à faire enlever ou à éliminer des opposants – y compris à l’étranger.

En interne, chacun joue la carte de l’« homme providentiel », celui qui a permis au pays de relever la tête. Tous deux aiguillonnent le ressentiment et les rêves de grandeur de leurs populations, trop heureuses de pouvoir ainsi oublier la chute du niveau de vie, la corruption des élites, le délitement des institutions. Erdogan et Poutine font de l’histoire un instrument au service de cette mission.

Pour autant, les systèmes politiques des deux pays sont différents. Si la scène politique russe ne connaît pas la concurrence, la turque est encore sujette à des batailles électorales. Au printemps 2019, le parti présidentiel, Parti de la justice et du développement (AKP), a perdu les municipales à Istanbul, Ankara et dans plusieurs autres grandes villes côtières. Les islamo-conservateurs ont perdu Istanbul, leur fief depuis vingt-quatre ans, au profit de l’opposant Ekrem Imamoglu, du Parti républicain du peuple (CHP), vainqueur du scrutin. La chose aurait été impensable en Russie, où jamais Vladimir Poutine ne laisserait son principal adversaire, Alexeï Navalny, participer à la moindre élection.

Des fêlures dans la cuirasse

Dans l’arène internationale, Poutine et Erdogan sont comme larrons en foire. La Russie a envoyé ses « petits hommes verts » et ses mercenaires, notamment en Crimée, dans le Donbass (Ukraine) et en Libye. La Turquie a déployé des milliers de combattants syriens en Libye, des dizaines en Azerbaïdjan. Moscou fait pression sur les gouvernements européens dépendants de son gaz. La Turquie instrumentalise la question des réfugiés. Tous deux jouent sur la potentialité du conflit, en Ukraine pour Poutine, en Méditerranée orientale pour Erdogan.

Adeptes du rapport de force, ils aiment à afficher leur capacité de nuisance face à un Occident indécis. On se souvient de l’accueil peu diplomatique réservé par les Russes à Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l’Union européenne. En visite à Moscou, le 5 février, il apprit l’expulsion de trois diplomates européens en poste en Russie au moment même où il sortait de son entretien avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, lequel s’était bien gardé de lui en souffler mot. Ou de l’impolitesse faite à Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, laissée sans siège officiel, contrairement à son collègue masculin Charles Michel, le président du Conseil européen, lors de leur entrevue avec Recep Tayyip Erdogan, le 6 avril.

La cuirasse russo-turque a ses fêlures. Les conflits éloignés de Moscou – Libye, Syrie – paraissent peu susceptibles de remettre en cause la bonne entente. La Libye, où Moscou a soutenu en sous-main le maréchal dissident Khalifa Haftar, n’est pas un dossier prioritaire pour le Kremlin, tout au plus une source d’opportunités et un levier de négociations, avec les Occidentaux comme avec Ankara. Que des mercenaires russes y aient trouvé la mort, ciblés par des avions ou des drones turcs, n’est qu’une péripétie, rapidement noyée sous les déclarations d’amitié, les marques d’attention. Dernière en date : la commande par la Turquie de 50 millions de doses du vaccin contre le Covid-19 Spoutnik V, un dossier particulièrement cher à Vladimir Poutine.

En revanche, les conflits régionaux situés dans ce que Moscou considère comme sa sphère d’influence – Ukraine, Haut-Karabakh – sont les ventres mous de la relation. Moscou n’apprécie guère les intrusions de son partenaire dans sa chasse gardée postsoviétique. Si l’aide militaire turque à l’Azerbaïdjan passe encore, la coopération militaro-industrielle avec l’Ukraine, en revanche, inquiète. Depuis 2019, Kiev achète des drones à Ankara et multiplie les échanges de technologies pour la fabrication de turbopropulseurs, de moteurs d’avions et de missiles, de systèmes radars, de liaisons satellitaires.

Autre sujet douloureux pour la Russie, lors de la visite le 10 avril à Istanbul du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Erdogan a réaffirmé son soutien à la candidature de l’Ukraine à l’OTAN. De quoi faire monter la moutarde au nez de Vladimir Poutine, qui se sent encerclé par l’Alliance atlantique. Il fallait sévir. La veille de la visite du chef d’Etat ukrainien, Moscou a décidé de suspendre, jusqu’au 30 juin, ses liaisons aériennes vers la Turquie. Officiellement pour raison sanitaire, pandémie oblige, mais plusieurs officiels russes ont vendu la mèche, l’un d’eux évoquant un « test de patriotisme » pour les touristes privés de vacances sur la côte turque de la Méditerranée.

Pour le gouvernement turc, qui comptait justement sur le tourisme et ses revenus en devises pour renflouer les caisses de l’Etat, c’est une mauvaise nouvelle. La piètre situation économique en Turquie (hausse du chômage et de l’inflation) et la mauvaise gestion de la crise liée au Covid-19 ont attisé le mécontentement de la population, en particulier dans le secteur touristique. Si, contrairement à leurs habitudes, les Russes ne viennent pas passer leurs vacances dans les stations balnéaires turques cet été, la grogne va s’amplifier.

Moscou commence à craindre pour son hégémonie. « Erdogan peut vendre ses armes à l’Ukraine, à condition de ne pas renforcer outre mesure les capacités de l’armée ukrainienne », explique Fiodor Loukianov. Une limite que le président turc « comprend parfaitement ». La relation « ne sera pas amicale, mais elle sera gérable », veut croire le politologue. Jusqu’à ce qu’une crise imprévue, en mer Noire, dans le Caucase, à Idlib, ne la mette à nouveau à l’épreuve.

 

 

 

 

 

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2.Le Figaro

25 mai 2021

LES JUSTES TURCS QUI SAUVÈRENT DES ARMÉNIENS EN 1915

( Veuillez trouver l’article en pièce jointe)

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3.Le Figaro

25 mai 2021

L’UNION EUROPÉENNE NE FAIT PEUR A PERSONNE

( Veuillez trouver l’article en pièce jointe)

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4.Nouvel Hay Magazine

25 mai 2021

Palestine : Les dirigeants turcs, « ..voix de la conscience & de la justice.. » font de bonnes affaires avec Israël

 

Bulletin du 18 mai 2021 du ministère des Affaires Etrangères de Turquie  :

 

Le ministre Mevlut Cavusoglu (prononcer Tchavouchorlou, ndlr) a participé à la session sur la Palestine de 

l'Assemblée Nationale turque et il a déclaré :

 

"Nous ne renoncerons jamais à défendre la cause palestinienne sous la 

direction du président Recep Tayyip Erdogan. Nous sommes et continuerons à être la voix de

la conscience et de la justice dans la monde.".

 

Le même jour , le ministre a eu une réunion avec son homologue pakistanais et

a reçu l'ambassadeur du Quatar à Ankara et dans les deux cas les "atrocités

commises par Israël contre les Palestiniens" ont été abordées.

La veille ,le ministre avait déclaré :"Cela fait partie de la campagne systématique

d'Israël de nettoyage ethnique, religieux et culturel.  Il est temps de montrer notre

détermination au sujet de ces opérations. L'oumma (l'ensemble des musulmans

du monde) attend le leadership de notre part et la Turquie est prête a prendre

toutes les mesures nécessaires".

 Enfin le président Erdogan a utilisé les expressions "Etat voyou'' et "Etat  terroriste" pour Israël , le même jour.

Malgré la tension en paroles, les relations économiques continuent de se développer

dans les échanges et les investissements directs mutuels entre la Turquie et

Israël. En 2020 les exportations turques se sont élevées a 4.7 milliards dollars

classant Israël au 9e rang des pays vers lesquels la Turquie exporte.

Au cours des quatre premiers mois de 2021, les exportations turques ont progressé de 35% par rapport à la même période de 2020 et Israël monte au 8e rang des clients de la Turquie.

Lorsque le parti islamiste AKP d'Erdogan est arrivé au pouvoir les exportations

turques vers Israël s'élevaient à 850 millions de dollars par an. Ce chiffre  a été

multiplié par 4.5 en 18 ans.

Dans les importations totales d'Israel en 2020, la Turquie occupe le 4e rang apres

la Chine, les Etats-Unis et l'Allemagne (*)

Le pays "terroriste et voyou" réalise 6.2% de ses importations du pays qui est prêt

à intervenir pour libérer Jerusalem et fait appel au djihat ("guerre sainte" , ndlr).

L'Azerbaïdjan, pays frère de la Turquie  fournit 40% du gaz importé par Israel qui

 est son premier fournisseur d'armes depuis 2015.

L'"Une nation, deux Etats" mène la même politique envers Israël. Ennemis jurés

par conviction religieuse et culturelle mais partenaires  privilégiés dans le domaine économique.

Seth Frantzman(**) a  jugé  récemment  la  position de la Turquie d'hypocrite

quand Ankara a décrit l'accord de normalisation entre les Emirats Arabes Unis et Israël

comme une trahison de la cause palestinienne tout en maintenant ses relations

avec celui-ci.

 

(*)Patronlar dunyasi (le Monde des Patrons) .

(**) Correspondant en chef au Moyen Orient du Jérusalem Post.

 

Zaven Gudsuz

zaven471@hotmail.com

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5.Les Nouvelles d’Arménie

25 mai 2021

L’Iran et l’Arménie réaffirment l’importance de leur frontière commune face aux (…) – Nouvelles d'Arménie en Ligne (armenews.com)

L’Iran et l’Arménie réaffirment l’importance de leur frontière commune face aux menaces de Bakou

Les responsables arméniens et iraniens ont intensifié lundi 24 mai des négociations en vue de développer les relations commerciales entre les deux pays, notamment les infrastructures frontalières en vue de renforcer leurs capacités de transit, au moment où le regain de tensions sur la frontière arméno-azérie compromet fortement les projets annoncés d’une ouverture progressive de cette frontière, au tracé encore incertain et potentiellement facteur de crise et de conflit. Les promesses annoncées par Erevan d’une levée partielle du blocus imposé à l’Arménie par l’Azerbaïdjan et la Turquie, qui auraient été portées par l’accord de cessez-le-feu qu’avait dû signer le 9 novembre 2020 le premier ministre arménien Nikol Pachinian avec le président azéri Ilham Aliev sous l’égide du président russe Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre de six semaines au Haut Karabagh sont oubliées, alors que l’armée azérie semble désireuse de percer par la force à travers le sud de l’Arménie un corridor vers l’enclave azérie du Nakhitchevan et au-delà la Turquie, sans aucune contre partie pour les Arméniens. L’Arménie se tourne donc naturellement vers l’Iran, avec laquelle elle partage une courte frontière et qui s’inquiète lui aussi des mouvements de troupes et des risques de modifications des frontières entre ses voisins arménien et azéri, d’autant qu’il compte une importante minorité azérie, qui suit de près l’évolution de la situation de l’autre côté de l’Araxe, en Azerbaïdjan. L’Iran, qui compte par ailleurs sur une politique moins hostile de Washington depuis l’accession à la Maison Blanche de Joe Biden, avait aussi intérêt à afficher une certaine proximité avec Erevan, pour tenter d’endiguer la politique de conquête néo-ottomane du président turc Erdogan au Sud-Caucase. Autant dire que la crise provoquée par l’intrusion le 12 mai de soldats azéris sur le territoire arménien dans les provinces méridionales du Syunik et du Gegharkunik, où ils étaient toujours présents en dépit des efforts d’arbitrage de la Russie, était inscrite en priorité à l’agenda des discussions le 17 mai entre l’ambassadeur arménien en Iran, Artashes Tumanian et le ministre iranien des routes et du développement urbain, Mohammad Eslami. L’ambassadeur arménien avait alors fait savoir que l’Arménien comptait sur le soutien de l’Iran dans cette crise dont l’Azerbaïdjan refuse d’assumer la responsabilité, en affirmant que ses troupes, loin d’occuper le territoire arménien, n’avaient fait que renforcer leurs positions sur le côté azéri de la frontière.

M.Eslami a officiellement apporté son soutien à l’Arménie en effectuant une visite officielle lundi à Erevan où il rencontrait le ministre arménien chargé de l’Administration territoriale et des Infrastructures, Suren Papikian, à qui il a proposé l’aide de l’Iran pour moderniser et développer les axes de comunication reliant l’Iran au Syounik, réaffirmaint ainsi la volonté de la République islamique d’Iran de continuer à partager une frontière avec son ami et partenaire arménien. Dans un communiqué, le service de presse de S.Papikian a indiqué qu’il avait tenu informé M.Eslami des projets du gouvernement arménien en vue de reconstruire les axes majeurs maillant le Syounik, dont certains sont devenus caducs, en raison d’une menace azérie qui s’est dépoyée aux frontières de la région, depuis que les Arméniens ont dû abandonner aux Azéris victorieux après la guerre, les « zones tampons », de Kelbadjar notammant, entre l’Arménie (Syounik) et le Haut Karabagh proprement dit, qu’ils contrôlaient depuis 1994 au titre d’une « monnaie d’échange » pour une paix durable. Le communiqué précise que M.Eslami aurait fait part de la volonté de la partie iranienne de participer à ce projet de rénovation des infrastructures routières. S.Papikian lui auraitbfait savoir que Erevan était disposé à faire appel à des entreprises de construction iraniennes dans cet objectif. Les deux responsables ont réaffirmé l’engagement de leurs gouvernements respectifs dans un ambitieux projet visant à créer un corridor de transport qui relierait les ports iranuens du Golfe persique à la Mer Noire à travers l’Arménie et la Géorgie. S.Papikian a ajouté que son ministère planchait sur un texte de loi qui viserait à diminuer de manière considérable les taxes de transit payées par les compagnies iraniennes faisant transiter leurs marchandises par le territoire arménien. Signe de cette intense acticvité diplomatique, le chef du Comité des revenus de l’Etat d’Arménie (SRC), Edvard Hovannisian, a rencontré le même lundi, lors d’une visite à Téhéran, le chef du service des douanes d’Iran, Mehdi Mirashrafi. Selon le SRC, les discussions ont porté surtout sur la modernisation et le développement prévu de l’unique poste-frontière entre l’Arménie et l’Iran. E.Hovannisian aurait à cette occasion affirmé que les nouvelles installations douanières faciliteraient le transport de frêt entre les deux pays et ne pourraient que développer le commerce bilatéral, déjà encouragé par une zone franche qui s’étend aux abords du poste frontière de Meghri.

La question de la crise frontalière arméno-azérie était plus directement au cœur des discussions qu’ont eux le même jour le ministre des affaires étrangères arménien Ara Ayvazian et l’ambassadeur arménien à Erevan, Abbas Badakhshan Zohouri. Le ministère arménien a indiqué à cette occasion qu’A. Ayvazian avait “souligné le caractère impératif d’une retrait immédiat et inconditionnel des forces azerbaïdjanaises qui ont violé la souveraineté territoriale de l’Arménie”. Cette rencontre semblait aussi avoir vocation à préparer la venue, annoncée dans le même temps, du ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, Mohammad Javad Zarif, qui effectuera une visite officielle à Bakou et à Erevan, respectivement mardi et mercredi. Mojtaba Zolnour, président du Comité du Parlement iranien sur la sécurité nationale et la politique étrangère, avait exprimé un soutien sans équivoque à l’intégrité territoriale de l’Arménie en réagissant la semaine dernière à l’incident grave à la frontière arméno-azérie. “Il serait inacceptable pour nous qu’ils s’emparent d’une partie du territoire arménien et modifient nos frontières”, avait déclaré le haut responsable iranien dans une allusion évidente aux déclarations martiales des autorités de Bakou relatives à la création par la force d’un corridor qui longerait le fleuve Araxe, privant ainsi l’Arménie de sa frontière avec l’Iran. La province méridionale arménienne du Syounik a une frontière tant avec l’Iran qu’avec l’Azerbaïdjan. Profitant des acquis territoriaux aux dépens des Arméniens à la faveur de la guerre du Karabagh de l’automne 2020, le président Ilham Aliyev avait clairement énoncé ses visées sur le Syounik, qu’il tient pour un territoire historiquement azéri, et avait menacé encore récemment, si ce n’est de s’en emparer, du moins de créer par la force un “corridor” reliant le Nakhitchevan au reste de l’Azerbaïdjan, via la province arménienne frontalière de l’Iran, dans le mépris des termes du cessez-le-feu arméno-russo-azéri, qui prévoirait la création d’un axe reliant les deux entités azéries à travers le territoire arménien, en échange de la sécurisation du corridor de Latchine, seul axe reliant désormais l’Arménie au Karabagh, et du transit des marchandises arméniennes par le territoire de l’Azerbaïdjan.

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6.Les Nouvelles d’Arménie

25 mai 2021

L’Arménie en proie aux bouleversements prévisibles ?, par Armand (…) – Nouvelles d'Arménie en Ligne (armenews.com)

L’Arménie en proie aux bouleversements prévisibles ?, par Armand Nasir

La situation dans le Sud-Caucase, depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu du 9 novembre 2020, connaît une évolution inquiétante ces derniers temps. Les récents événements aux frontières de l’Arménie marqués par les déclarations, fin avril, du président Aliev concernant l’ouverture « par la force » d’un passage entre l’Azerbaidjan et le Nakhijevan et l’entrée des soldats azéris dans la région du lac Sev (nord de Sissian), le 12 mai, devraient nous conduire à rechercher les tenants et les aboutissements de ces développements.

En Arménie, en dépit du sentiment de désordre et d’incertitude au sein de la population encore sous le choc de la lourde défaite militaire de l’an dernier, des voix se font entendre, pour démasquer, en clarifiant les enjeux, les intrigues, aux dépens de l’Arménie, des acteurs du « grand jeu » sud-caucasien avec la complicité de leurs affidés locaux. Ces voix dénotent des bouleversements qui se profilent à l’horison et nous mettent en garde contre une nouvelle configuration géopolitique vraisemblablement défavorable aux Arméniens.

Le cessez-le-feu de novembre 2020 et le groupe de Minsk

Le processus de Minsk, enclenché en 1992 pour trouver une solution négociée au conflit du Haut-Karabagh, avait connu une accéleration au cours de la décennie 2000, avec la confirmation à Paris des principes élaborés à Helsinki (non-recours à la force pour résoudre un conflit, respect de l’intégrité territoriale, droit des peuples à l’auto-détermination). Par la suite, les principes de Madrid, fondés sur ces 3 principes, ont, pour leur part, constitué un acte concret suite aux efforts des co-présidents du groupe sur lequel il y eut consentement. En effet, ce document qui comprend 6 points(*), a été accepté par les parties au conflit, l’Arménie et l’Azerbaidjan, outre sa « bénédiction » par les trois chefs d’Etat américain, russe et français.

On se souvient qu’au lendemain de la signature de l’accord de cessez le feu de novembre dernier, le président Aliev, dans ses déclarations publiques, a considéré que le conflit du Haut-Karabagh était résolu, alors que la France, par la voix du président Macron, a soulevé la question relative à l’implication du groupe de Minsk dans la résolution du conflit. Les propos du président français laissaient entedre que le dernier mot devrait revenir au groupe de Minsk, celui-ci étant mandaté, en son temps, par l’OSCE en vue de trouver une solution satisfaisant les deux parties. Dans cet esprit, l’accrod de novembre 2020 s’était réalisé hors du cadre du processus de Minsk.

L’arrivée de Joe Biden à la présidence américaine en janvier 2021 a remis sur la table cette problématique. D’après l’analyste arménien, Stopya Safaryan, Moscou, signataire du document de Madrid, a introduit 3 des 6 points de celui-ci dans l’accord de cessez le feu. Cet accord contient 9 points, dont 2 respectent ce qui avait été convenu à Madrid, la remise des districts adjacents (Aghdam, Kelbajar, …) de l’ancienne Région autonome du Nagorny-Karabagh à l’autorité de Bakou, le retour des réfugiés. Quant à la mise en place d’un contingent pour le maintien du cessez le feu, force est de constater qu’il y a non-respect de la part de la Russie du « gentleman agreement » des 3 co-présidents suivant lequel aucun n’enverrait au Haut-Karabagh ses troupes dans le cadre du dispositif de maintien de la paix. Or, les troupes présentes actuellement sont exclusivement russes, ce que suggerait le plan Lavrov.

A quel prix Ilham Aliev a-t-il accepté l’installation des troupes russes dans le réduit artsakhiote ?

C’est en effet la question qu’on peut se poser et que se pose publiquement Armen Chibukhjyan (ARTN), analyste politique. Compte tenu de l’avance des troupes azéries aux portes de Stépanakert et la débande de l’armée arménienne, on peut supposer que l’ennemi était en mesure d’occuper la capitale du Haut-Karabagh, puis les autres secteurs restés aux mains des Arméniens. Certains « bons esprits » chez les Arméniens rétorquent que l’Azerbaidjan ne pouvait pas (et ne pourra pas) aller contre la volonté de Moscou. Peut-être, mais le fait est qu’un Karabagh entièrement occupé par l’armée azérie aurait enlevé aux Russes la possibilité de s’installer dans la région.

Posons la question autrement. Quelle a été la contrepartie réclamée par le président azéri, fortement soutenu par Ankara, pour laisser le contingent russe s’introduire très rapidement dans les parties non-occupées de l’Artsakh ? L’analyste estime qu’outre la reprise des districts perdus en 1993-94, Shushi, … , le maître de Baku a obtenu la disposition concernant la zone de Meghri (point 9 de l’accord de cessez-le-feu), permettant l’ouverture d’accès de l’Azerbaidjan au Nakhijevan. Ce qui, dans l’esprit des Azéris, doit être le pendant du corridor de Lachin dans le cadre d’une disposition générale de déblocage des voies de communication.

Tandis que les troupes russes continuent de renforcer leur présence et d’étendre leur action philantropique, afin d’emporter l’adhésion de la population du territoire, interviennent les provocations de l’Azerbaidjan (maintien des prisonniers de guerre arméniens, occupation des parcelles de territoire en Arménie, …) à l’égard de l’Arménie.

Provocations et agression azéries, mais attitude « timorée » de Moscou

Qu’a dit notre principal allié dans la région, lorsque les militaires azéis ont franchi la frontière dans la zone du lac Sev (ou dans le Gégharkounik) ? Moscou a dépéché le Général Mouradov pour trouver un arrangement. Ce dernier n’est-il pas le chef du contingent russe, chargé du respect du cessez-le-feu au Haut-Karabagh et non en Aménie, s’est interrogé Ara Papyan, membre du conseil du Pôle National Populaire, le 18 mai, sur une plateforme d’information arménienne ?

Pour leur part, le président Poutine et son porte parole, Dimitry Peskov, se sont empressés de souligner la nécessité de mettre en œuvre « tous les points » de l’accord de cessez-le-feu. Vraisemblablement, selon l’analyste Hovsep Khurshudyan (organisation « Citoyen libre »), l’intervention de l’Azerbaidjan a eu lieu en l’absence voulue de contre-indication, sinon à l’instigation de Moscou.

L’analyste se dit convaincu que Moscou s’emploie à contrôler la zone de Meghri. Il craint qu’un dispositif de passage exclusif (sovereign passage) se matérialise au profit de l’Azerbaidjan. L’idée du corridor est apparue suite à celle, refusée à l’époque, d’un échange de territoires (Nord-Karagagh contre Meghri) qu’avait suggéré l’ancien diplomate américain, Paul Goble en 1999.
Pourquoi le Kremlin souhaite-t-il contrôler Meghri ?

La zone de Meghri, la seule avec la frontière géorgienne au nord, permet à l’Arménie de communiquer avec l’extérieur dans un contexte de blocage décidé par la Turquie et l’Azerbaidjan. Outre un verrou contre l’expansion du pan-turquisme, elle permet la communication et la circulation des biens ou encore l’évacuation au prix compétitif du gaz et du pétrole de la mer caspienne. Elle est donc un enjeu géopolitique et géostratégique important.

Dans un contexte de concurrence et de recherche d’extension de leur prépondérance que mènent certains Etats, Washington, sans vouloir bousculer les choses, tend à renforcer son influence géopolitique dans le Sud-Caucase, comme l’a souligné Julien Zarifian dans son ouvrage (**). Ainsi, la perspective d’une percée de la route de la soie de la zone océan Indien et du Golfe persique à travers l’Iran, en passant par l’Arménie et la Géorgie pour atteindre l’Europe via la mer Noire intéresserait grandement les USA et l’UE. En ce sens, selon la thèse d’Armen Chibukhjian, une frontière entre l’Iran et l’Arménie assurera un trafic nord-sud contournant les voies traditionnelles russes. L’analyste rappelle que l’Occident a toujours exigé la restitution des 7 districts autour du Haut-Karabagh à l’Azerbaidjan et dans ces conditions, « Moscou devrait donner à l’Azerbaidjan plus que l’Occident ». L’ouverture d’une voie de communication par Meghri permettant l’accès au Nakhijevan constituerait ce plus. Cependant, ce passage devrait être placé sous le contrôle russe, ajoute Hovsep Khurshudyan qui parle d’« Idlibisation » de cette zone.

Finalement, par sa mainmise sur Meghri/Siyunik, la Russie contrôlerait et éventuellement limiterait à sa guise les flux est-ouest comme les flux nord-sud à cet endroit. Ne l’a-t-elle pas fait à l’égard du gaz iranien exporté vers l’Arménie ? Moscou s’étaient opposé au projet de gazoduc iranien d’un diamètre de 1,5 m prévu au départ, pour le réduire à 750 mm et finalement, le gazoduc est passé sous le contrôle de Gazprom. Avec de telles dispositions, le gaz iranien et éventuellement le gaz qatarien ne peuvent pas atteindre le marché européen via l’isthme du Caucase. Il en sera de même pour d’autres biens, si les intérêts russes le dictent.
Armand Nasir

(*) Principes de Madrid (présentés dans le désordre) sont : prise en considération de la Région autonome du Nagorny Karabagh (RANK), corridor de Lachin (qui doit avoir le même statut que la RANK) liant le territoire à l’Arménie, retour des réfugiés, retour à l’autorité de Bakou des districts limitrophes du Nagorny Karabagh, mise en place d’une force de maintien de la paix et organisation d’un référencum pour le statut final du territoire.

(**) Les Etats-Unis au Sud-Caucase post-soviétique, L’Harmattan, septembre 2012.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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7.Les Nouvelles d’Arménie

24 mai 2021

Aucun territoire n’aurait été cédé à Bakou selon un officiel – Nouvelles d'Arménie en Ligne (armenews.com)

Aucun territoire n’aurait été cédé à Bakou selon un officiel

Un législateur pro-gouvernemental a réaffirmé que le Premier ministre Nikol Pashinian n’a pas secrètement accepté de céder un quelconque territoire arménien à l’Azerbaïdjan, dans le cadre de la démarcation de la frontière entre les deux États proposée par la Russie.

M. Pashinian a admis le 20 mai que Moscou avait rédigé en début de semaine un accord sur la création d’une commission intergouvernementale arméno-azerbaïdjanaise chargée de délimiter et de démarquer la frontière. Mais il a catégoriquement nié l’existence de protocoles secrets à l’accord qui engageraient Erevan à faire des concessions territoriales majeures à Bakou.

Les dirigeants de l’opposition et les autres critiques du gouvernement arménien n’ont pas été convaincus par ces assurances et ont renouvelé leur demande de démission immédiate de M. Pashinian.

Ruben Rubinian, président de la commission des relations étrangères du Parlement arménien, a également rejeté les affirmations selon lesquelles il y aurait un accord secret avec Bakou sur la frontière.

« Je tiens à vous dire clairement qu’il n’existe aucun accord, même oral, sur le retour ou l’échange de villages ou la cession de territoires, a-t-il déclaré aux journalistes. Une telle question n’a pas fait l’objet de discussions ».

Rubinian a également souligné qu’Erevan continuera de subordonner la signature de l’accord rédigé par la Russie au retrait des forces azerbaïdjanaises des zones frontalières arméniennes qu’elles ont occupées depuis une dizaine de jours.

La Russie a proposé la création de la commission sur la délimitation et la démarcation de la frontière dans le cadre de ses efforts visant à mettre fin à une impasse militaire arméno-azerbaïdjanaise persistante causée par les mouvements de troupes azerbaïdjanaises dans plusieurs sections de la frontière.

Dans des remarques qui semblaient principalement adressées aux partis arméniens, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a exhorté le 21 mai toutes les parties prenantes à ignorer les rapports non confirmés concernant la crise frontalière et les solutions possibles.

« Cette question est si sensible et les efforts pour résoudre cette situation sont si sérieux qu’il faut réagir à ces rapports frivoles avec beaucoup de retenue et ne suivre que les sources officielles », a déclaré M. Peskov, selon les agences de presse russes.

Erevan affirme que les forces azerbaïdjanaises ont avancé de plusieurs kilomètres dans les provinces arméniennes de Syunik et Gegharkunik les 12 et 13 mai. L’armée arménienne y a envoyé des renforts pour tenter de stopper et d’inverser ces avancées. Aucune fusillade ou escarmouche entre les deux parties n’a été signalée jusqu’à présent.

La partie azerbaïdjanaise a nié avoir pénétré en territoire arménien, affirmant que ses troupes avaient simplement pris de nouvelles positions du côté azerbaïdjanais de la frontière.

M. Pashinian a déclaré le 20 mai qu’entre 500 et 600 soldats azerbaïdjanais étaient toujours stationnés à l’intérieur des frontières internationalement reconnues de l’Arménie. Le ministère arménien de la Défense a indiqué le lendemain que la situation dans cette région restait largement inchangée mais « stable ».

L’épicentre de l’affrontement est une zone montagneuse située à environ 10 kilomètres au nord de la ville de Goris, dans le Syunik. Selon le gouverneur de Syunik, Melikset Poghosian, trois douzaines de soldats azerbaïdjanais ont avancé le 20 mai vers le village arménien de Khoznavar, situé juste à l’est de cette zone.

Les habitants de Khoznavar ont confirmé l’information. Ils ont déclaré que les enfants et les personnes âgées vivant dans le village ont été évacués pour des raisons de sécurité.

Les bergers locaux ont déclaré avoir été les premiers à remarquer les militaires azerbaïdjanais alors qu’ils faisaient paître leur bétail sur les collines voisines.

« Nous nous sommes approchés d’eux, pensant qu’il s’agissait de nos hommes », a déclaré l’un d’eux au service arménien de RFE/RL. Nous avons alors vu qu’ils ne portaient pas d’uniformes [arméniens] et ne disaient rien. L’un d’eux m’a fait signe de m’éloigner".

Les habitants ont déclaré que Khoznavar, qui compte environ 400 habitants et dépend fortement de l’élevage, risque désormais de perdre la plupart de ses pâturages.

Le Comité d’enquête arménien a déclaré le 20 mai que les troupes azerbaïdjanaises ont été contraintes la veille de se retirer de ces pâturages en fin de journée après s’être battues avec les soldats arméniens qui gardaient Khoznavar. Onze Arméniens ont été blessés dans cet affrontement, a indiqué l’organisme chargé de l’application de la loi, ajoutant qu’il s’est produit du côté arménien de la section locale de la frontière.

Les autorités azerbaïdjanaises n’ont pas fait état d’incidents violents ni de commentaires sur les mouvements de troupes dans cette zone à la date du 20 mai soir.

Reprinted with permission from RFE/RL Copyright(c)2007 Radio Free Europe / Radio Liberty, Inc.1201 Connecticut Ave, t N.W. Washington DC 200

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8.Les Nouvelles d’Arménie

25 mai 2021

La sécurité de l’Arménie passe par une défaite de Pachinian aux élections, selon Ter Petrossian

Quelques jours après avoir annoncé son entrée en lice dans la campagne pour les législatives anticipées du 20 juin à la tête de son parti Congrès national arménien (HAK), le premier président de l’Arménie indépendante, Levon Ter Petrossian, a une fois encore désigné le départ de Nikol Pachinian comme un enjeu majeur du scrutin à venir, le seul même, qui valait qu’il tende la main à ses successeurs et ennemis jurés, les ex-présidents Robert Kotcharian et Serge Sarkissian, en vue de former une alliance dans cet objectif. Les deux anciens présidents, qui partent en campagne avec leur alliance respective, ont décliné l’offre, mais Ter Petrossian, tout en les accablant de critiques, persiste dans son argumentaire qui consiste à désigner l’actuel premier ministre comme l’adversaire principal, dont la défaite dans les élections à venir doit advenir à tous prix pour que l’Arménie puisse espérer pouvoir relever les sérieux défis auxquels elle est confrontées en matière de sécurité. “Ce gouvernement nous a laissés dans une situation où il ne s’agit plus de remporter quoi que ce soit mais de limiter les pertes”, a déclaré Arman Musinian, cité par le service arménien de RFE/RL, en ajoutant :“Le meilleur moyen d’en sortir avec un minimum de pertes est que le peuple rejette le gouvernemet de Nikol Pachinian le 20 juin, a déclaré le représentant du Hak lundi 24 mai. “Si Nikol Pachinian restait au pouvoir, l’Arménie courrait à la catastrophe”, a poursuivi A. Musinian. Dans un discours prononcé le 16 mai, Ter-Petrossian avait précisé que l’objectif principal de son parti était non seulement d’empêcher la réélection de Pachinian, mais aussi d’empêcher que l’ancien président Robert Kotcharian revienne au pouvoir. Il ajoutait que c’était pour torpiller les efforts en ce sens de R.Kotcharian, qui se pose en challenger de Pachinian, qu’il avait proposé cette surprenante alliance ou troïka d’ex-présidents dont aucun n’aurait brigué, dans ce format, le poste de premier ministre en succession de Pachinian. Si Kotcharian ne fait pas mystère de son ambition politique à la tête d’une alliance formée du Parti dachnak et du parti Renaissance, S. Sarkissian quant à lui, a tout de suite annoncé qu’il n’avait pas de telles visées et qu’il laissait la candidature au poste de premier ministre à Arthur Vanetsian, leader du parti Patrie qui a formé une alliance avec son Parti républicain d’Arménie (HHK) anciennement au pouvoir. A.Musinian faisait une évidente allusion à Kotcharian en déclarant que l’ “Arménie ne retrouvera pas le calme si certaines forces [d’opposition] viennent au pouvoir”. “Nous allons essayer d’expliquer ces dangers à la société”, a-t-il ajouté en développant la stratégie électorale du HAK. Si, comme les deux autres ex-présidents et d’ailleurs comme l’ensemble de l’opposition, Ter Petrossian attribue à Pachinian la responsabilité de la défaite humiliante dans la guerre de l’automne dernier au Karabagh, il a rappelé, dans un article publié sur le site Ilur.am lundi, que l’élite politique et intellectuelle du pays portait aussi une grande part de responsabilité dans la guerre et son issue tragique. L’ancien président âgé de 76 ans a souligné à cette occasion que tous les partis arméniens à l‘excepion du sien s’étaient opposés aux solutions de compromis du conflit du Karabakh jusqu’à ce qu’éclate le 27 septembre 2020 cette guerre qui en six semaines, transformera en défaite la victoire remportée 26 ans avant par les Arméniens. “Le fait est que nous n’avons pas perdu que face à l’Azerbaïdjan. Nous avons apporté cette défaite sur nous-mêmes en raison de l’immaturité de notre pensée politique”, écrivait notamment ter Petrossian. Rappelons que Ter-Petrossian avait été contraint à la démission en 1998 par des membres plus intransigeants de son gouvernement sur la question du Karabagh, à commencer par Kotcharian et Sarkissian, qui étaient originaires du territoire controversé et s’étaient opposés aux compromis du plan de paix préparé en 1997 par les Etats-Unis, la Russie et la France, les trois puissances coprésidants le Groupe de Minsk de l’OSCE. Il faut dire qu’il avait présenté à l’opinion arménienne en expliquant que le Karabagh était un « fardeau pour l’Arménie », dont il freinait le développement et l’intégration dans la région. Ces mots lui vaudront un discrédit durable. Certaines phrases peuvent changer le cours de l’histoire… ainsi Pachinian qui déclarait en août 2019 à Stepanakert : « Le Karabagh, c’est l’Arménie »… Des propos largement exploités par Bakou !

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9.Les Nouvelles d’Arménie

25 mai 2021

Quand Aliev dessine les contours de sa politique au Sud-Caucase – Nouvelles d'Arménie en Ligne (armenews.com)

Quand Aliev dessine les contours de sa politique au Sud-Caucase

Le 20 mai, l’association azérie Nizami Ganjavi International Center a organisé une conférence par vidéo entre différents acteurs internationaux et Aliev. D’ex-chefs d’Etat, de Premiers ministres, de hauts fonctionnaires, de personnalités politiques de premier plan, de diplomates et de politologues, ont débattu du thème : « Le Caucase du Sud : Développement régional et perspectives de coopération ».

Dans cette discussion par web interposé, le président azéri a décrit sa politiques des prochains mois et prochaines années.

Sur sa vision de la situation en Arménie :

« Si nous examinons la situation actuelle en Arménie, nous constatons que la situation est bien pire que lorsque l’Arménie est devenue un pays indépendant, car aujourd’hui l’Arménie n’a pas d’armée. Elle a été détruite, et le pays est dans une crise politique permanente depuis plus de six mois.

Il y a un degré considérable de méfiance dans la société, des accusations mutuelles, et le discours des dirigeants politiques dépasse tout cadre acceptable. ( …). Nous devons maintenant nous tourner vers l’avenir. (…) Nous espérons que le moment viendra où nous parlerons effectivement de coopération active dans le Caucase du Sud et d’intégration. Nous avons tous déjà fait des propositions et des initiatives importantes, d’ailleurs, qui sont reflétées dans la déclaration trilatérale du 10 novembre 2020, notamment en ce qui concerne l’ouverture des communications et l’ouverture de nouveaux couloirs de transport. Je peux vous dire que le travail a déjà commencé pour la mise en œuvre de ce projet. L’Azerbaïdjan a déjà alloué des ressources techniques et financières à cet effet. Et lorsque le corridor de Zangazur sera ouvert, il ouvrira de nouvelles opportunités pour tous les pays de la région. Par conséquent, je voudrais dire que l’Azerbaïdjan est ouvert à la coopération, ouvert à la planification de notre avenir commun, car nous sommes voisins, que nous le voulions ou non. Nous devons vivre côte à côte, et nous devons réapprendre à vivre côte à côte. Ce n’est pas facile ; les émotions sont là, surtout lorsque les Azerbaïdjanais visitent les territoires libérés et voient la destruction totale. Vous pouvez imaginer le genre d’émotions qu’ils ressentent. Mais le rôle des hommes politiques est de défendre leur programme et d’expliquer que seule l’interaction peut assurer le développement durable, la paix et la sécurité dans la région. »

Sur le rôle de Bakou dans l’acheminement des ressources énergétiques vers l’Europe et de la possibilité de relier logistiquement l’Asie à l’Europe.

La réponse d’Aliev : « Le dernier jour de l’année précédente a été remarquable du point de vue de l’achèvement du projet historique du corridor sud pour le gaz. Ainsi, 3,5 mille km de trois gazoducs intégrés ont été réunis et ils sont connectés comme un projet global. La première livraison de gaz azerbaïdjanais en Europe a eu lieu. C’était un événement historique, car le projet représentait un défi de taille à tous les points de vue, financier, politique et technique, et nous avons vraiment travaillé en bonne équipe, une équipe composée de plusieurs pays. Certains d’entre eux sont membres de l’UE. Nous avons apporté une contribution importante à la sécurité énergétique de l’Europe. Compte tenu des nouvelles découvertes en Azerbaïdjan et du nouveau niveau de production, il s’agit d’un projet pour les décennies à venir. Le gaz d’Azerbaïdjan est un nouveau gaz pour le continent européen, c’est maintenant la seule nouvelle source de gaz pour l’Europe, et il a également renforcé dans une large mesure les relations bilatérales et multilatérales entre les pays concernés. Cette question est donc considérée comme réglée. ( ….)
Je peux vous dire que lors de la mise en œuvre du projet de corridor gazier méridional, toutes les grandes institutions financières mondiales étaient nos partenaires – la Banque mondiale, la BERD, la Banque asiatique de développement, la Banque européenne d’investissement et la banque fondée par la Chine, la Banque d’infrastructure et d’investissement. Ainsi, toutes les grandes institutions financières internationales ont participé au projet et cela a constitué un message clair aux banques commerciales pour qu’elles apportent leur soutien ( ….) »

Sur les pipelines entre l’Azerbaidjan et la Géorgie :

Aliev : « Le premier oléoduc construit à partir de l’Azerbaïdjan au moment de l’indépendance était un oléoduc vers la Géorgie, Bakou-Supsa. Il a été mis en service à la fin des années 90 et a permis à l’Azerbaïdjan de commencer à exporter du pétrole vers les marchés internationaux, et l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan a été construit 6-7 ans plus tard. Il s’agissait donc d’une étape importante du développement qui reflétait notre volonté commune de créer une situation absolument nouvelle dans la région du Caucase du Sud. Il est évident que les projets d’énergie et de transport ont transformé le Caucase du Sud, les deux pays du Caucase du Sud – la Géorgie et l’Azerbaïdjan. Ils ont permis à nos pays de recevoir des ressources financières supplémentaires. Ils ont accru l’importance de nos pays pour nos partenaires internationaux. Il a forgé un partenariat renforcé qui nous a permis d’investir dans des projets de transport, de connectivité et de production d’électricité. (…) Après l’achèvement de la dernière partie du corridor gazier du sud, le gazoduc transadriatique, tous les chaînons ont été connectés. Dans le même temps, l’achèvement du chemin de fer Bakou-Tbilissi-Kars il y a plusieurs années a également permis de relier tous les liens dans la région de la Caspienne, du Caucase et de la Turquie. Par conséquent, nous pouvons penser au futur avec la création de nouvelles connexions. Par exemple, l’un des projets sur lesquels nous travaillons actuellement consiste à étendre notre présence sur le marché européen de l’énergie en rejoignant l’infrastructure des Balkans occidentaux. Nous sommes actuellement dans la phase active des négociations avec plusieurs pays de l’ex-Yougoslavie concernant la livraison de gaz à ces pays. (…) »

Sur les relations de Bakou avec la Russie et les Etats-Unis  :

Aliev : « Avant la pandémie, les plus hauts responsables militaires de la Russie et des États-Unis, les chefs d’état-major des armées des deux pays, ont eu des réunions régulières à Bakou. De même, le chef d’état-major de l’armée russe et le commandant militaire de l’OTAN ont eu plusieurs fois un cycle de négociations à nouveau à Bakou. (…) Avec les États-Unis, nos relations sont moins diversifiées qu’avec la Russie, et c’est évident car avec la Russie, nous avons une longue histoire de communications, et nous sommes voisins. Par conséquent, avec la Russie, nos relations sont très diversifiées. Elles couvrent presque tous les domaines. Avec les États-Unis, nos principaux domaines de coopération sont la lutte contre le terrorisme et les opérations de maintien de la paix, que ce soit en Irak ou en Afghanistan, et maintenant la sécurité énergétique et quelques autres domaines. La politique des deux pays à l’égard de l’Azerbaïdjan a toujours été stable et prévisible, tout comme notre politique à leur égard. Avec ces deux pays, nous entretenons des relations d’importance stratégique. Bien sûr, il s’agit d’agendas différents, mais très ouverts, très clairs et sans aucune surprise, car nous disons toujours ce que nous pensons et nous nous tenons toujours à nos paroles. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons réussi à établir de bonnes relations avec de nombreux pays. Et il n’y a pas que la Russie et les États-Unis. Certains pays n’ont pas de bonnes relations entre eux. Je pense donc que la politique des États-Unis et de la Russie à l’égard de l’Azerbaïdjan continuera à être très stable. Mes récentes communications avec de hauts responsables, avec le président de la Russie, avec le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis et avec le ministre des affaires étrangères de la Russie, montrent que nous voulons étendre notre coopération. Les deux parties considèrent ces relations comme stratégiquement importantes. Ainsi, après la résolution du conflit du Haut-Karabakh, je pense qu’il sera plus facile de planifier l’avenir, car ce conflit bloquait, dans une certaine mesure, certains domaines de coopération où nous pourrions avoir un format de coopération très actif, mais où nous n’avons pas pu le faire pour cette raison. Ainsi, la résolution du conflit du Haut-Karabakh crée une atmosphère absolument nouvelle, et nous espérons que la Russie et les États-Unis continueront à avoir une grande importance pour notre pays. ( ….) ».

Enfin, bizarrement, une question a également été abordée sans qu’elle ne soit reprise par le site officiel du gouvernement azéri. Elle concerne les relations entre Bakou et Tel Aviv. Le Jérusalem Post du 25 mai, lui, ne fait pas cette étrange impasse.
Voici ce qu’Aliev a déclaré : « Nos relations avec Israël ( …) sont très diverses. Nous sommes des partenaires commerciaux actifs, et le volume de nos échanges est en augmentation… L’un des domaines importants de notre coopération est l’industrie de la défense. Cette collaboration se poursuit depuis de nombreuses années. Ce n’est un secret pour personne que l’Azerbaïdjan a pleinement accès aux produits de l’industrie de la défense israélienne. Actuellement, nous sommes déjà au stade de nouveaux progrès dans ce domaine ( …) Un autre domaine prometteur de notre interaction est l’agriculture. Comme vous le savez, Israël a réussi à créer l’industrie agricole la plus développée du monde dans des conditions climatiques extrêmement difficiles. C’est un très bon exemple pour nous, et nous pouvons utiliser cette technologie à la fois dans les territoires libérés et dans l’ensemble du pays ».
Selon le journal israélien, la conversation a également porté sur le conflit actuel du Haut-Karabakh, dans lequel Israël a exprimé son soutien à l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan.

Pour aller plus loin :
https://en.president.az/articles/51583

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10.Les Nouvelles d’Arménie

25 mai 2021

M. Lavrov fait l’éloge des liens entre la Russie et l’Arménie

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fait l’éloge de l’état actuel des relations entre la Russie et l’Arménie, parlant d’un « dialogue politique » sans précédent entre les deux États.

« Les relations russo-arméniennes ont passé l’épreuve du temps et je ne doute pas qu’elles continueront à se développer dans un esprit de confiance mutuelle, de coopération stratégique et de partenariat allié », a déclaré Lavrov au journal Argumenty I Fakty dans une interview publiée lundi.

« Notre pays est toujours prêt à se tenir aux côtés du peuple arménien frère », a-t-il ajouté. « En témoignent les efforts de médiation de la Russie et du président Vladimir Vladimirovitch Poutine grâce auxquels les hostilités [dans le Haut-Karabagh] ont été arrêtées et un processus de règlement de la situation dans la région a été lancé. »

« Il existe entre nous un dialogue politique actif sans précédent, fondé sur la confiance mutuelle, au niveau élevé et à d’autres niveaux. Il y a déjà eu deux réunions et de nombreux appels téléphoniques entre les dirigeants de l’Arménie et de la Russie cette année », a-t-il déclaré, ajoutant que les liens commerciaux bilatéraux se développent également.

M. Lavrov a insisté sur le fait que l’accord négocié par la Russie, qui a mis fin à la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en novembre, est en cours d’application, malgré le refus persistant de Bakou de libérer plus de 100 soldats et civils arméniens encore en captivité en Azerbaïdjan.

L’accord prévoit la libération inconditionnelle de tous les prisonniers détenus par les parties au conflit.

L’Arménie maintient que l’Azerbaïdjan a violé l’accord en envoyant des troupes à travers plusieurs sections de la frontière arméno-azerbaïdjanaise au début du mois. Elle affirme qu’au moins 500 soldats azerbaïdjanais se trouvent toujours à l’intérieur des frontières internationalement reconnues de l’Arménie.

L’impasse qui en résulte entre les forces arméniennes et azerbaïdjanaises a conduit le gouvernement arménien à demander officiellement une assistance militaire à la Russie et à l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) dirigée par la Russie.

Moscou a répondu en appelant à une délimitation et à une démarcation de la frontière et en proposant d’agir en tant que médiateur dans ce processus. Un projet de loi arméno-azerbaïdjanais pertinent rédigé par ses soins a provoqué des remous à Erevan, les politiciens de l’opposition et d’autres critiques du gouvernement accusant le Premier ministre Nikol Pashinian d’être prêt à céder des territoires arméniens à Bakou.

M. Lavrov n’a pas commenté la demande de soutien militaire russe formulée par Erevan.

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11.Le Courrier d’Erevan

25 mai 2021

Le monitoring du patrimoine culturel arménien d’Artsakh avec « Monument Watch » (courrier.am)

Le monitoring du patrimoine culturel arménien d’Artsakh avec « Monument Watch »

Après le drame de la deuxième guerre d’Artsakh, une partie importante du patrimoine culturel arménien se retrouve dans les régions occupées par l’Azerbaïdjan. A côté de la crise humanitaire avec les prisonniers, les déplacés et les blessés à gérer, le problème de la disparition du patrimoine spirituel et culturel perdure. Face au silence des instances internationales, l’initiative « Monument Watch » a été créée afin de recenser le patrimoine chrétien sur les terres occupées et de sensibiliser la communauté internationale et la société civile à cette problématique primordiale.

Avec notre interlocutrice Anna Leyloyan, Maître de conférences à l'INALCO, Docteur en histoire de l'Art, nous vous présentons cette initiative qui a comme mission de tirer le signal d’alarme sur la destruction, le vandalisme et la violation de cet héritage historique, preuves parlantes de la politique haineuse anti-arménienne de l’Azerbaïdjan.

Propos recueillis par Luciné Abgarian 

Comment et dans quel objectif en particulier l’initiative « Monument Watch » a-t-elle été créée ?

Au lendemain de la signature du cessez-le-feu en novembre dernier, j’avais adressé une lettre ouverte à l’ambassadeur de France en Arménie M. Jonathan Lacôte, ainsi qu’une lettre au ministre des affaires étrangères M. Jean-Yves Le Drian – qui m’ont tous deux répondu – afin de les alerter sur le risque de disparition qui pesait sur patrimoine historique arménien d’Artsakh se trouvant dans les parties prochainement contrôlées par l’Azerbaïdjan.

Les informations dont nous disposions à l’époque, relatives à l’accord signé par l’Arménie et l’Azerbaïdjan le 9 novembre 2020, ne faisaient aucunement mention du sort qui serait réservé à ces sites, véritables témoignages de la présence arménienne ancestrale sur ces terres. J’ai demandé par ces lettres de nous aider à sensibiliser la communauté internationale ainsi que la société civile à cette problématique essentielle à de nombreux égards. Toutefois, malgré́ une réelle volonté et des promesses de nous aider au plus haut niveau, nous constations, jour après jour, que nos pires craintes étaient en train de se réaliser.

Face à ce désastre, il était nécessaire d’agir, et il fallait agir vite. Aussi, avec le professeur Hamlet Petrosyan, nous avons réfléchi sur les différentes possibilités d’action qui s’offraient à nous en tant qu’universitaires. C’est ainsi qu’au début de l’année 2021, nous avons monté ce projet de création d’une plateforme académique indépendante dont l’objectif principal était de cartographier et inventorier (dans l’état d’avant-guerre) le patrimoine culturel immobilier, les musées ainsi que les centres spirituels de la zone frontalière Artsakh-Azerbaïdjan et des territoires de la République d’Artsakh qui, à la suite de la guerre de 44 jours, sont passés sous le contrôle de l’Azerbaïdjan, de constater l’état actuel (destruction, altération, réutilisation, suppression et modification de sculptures, images, inscriptions, utilisation de nouveaux symboles, etc.), ainsi que de présenter l’ensemble de ces éléments à la communauté́ scientifique internationale. 

Qui sont les spécialistes du monitoring du patrimoine historique qui ont rejoint cette mission ?

Avec le professeur Hamlet Petrosyan, dont l’investissement et l’engagement sont essentiels dans ce projet, nous avons constitué un groupe de quinze experts – des archéologues, des architectes, des anthropologues culturels, des spécialistes des études arméniennes, des spécialistes des médias et d’Internet, ainsi que des traducteurs. C’est toujours grâce au professeur Petrosyan, coordinateur principal de l’équipe, qu’une méthodologie et un plan d’action ont été mis en place. Le travail est déjà bien rodé, chacun connaît sa mission et ses obligations.  

Vous avez la liste et la présentation de chacun des membres de notre équipe sur notre site, mais je tiens à mentionner le nom de chacun afin que leur travail soit reconnu de tous : Haykuhi Muradyan, Lyuba Kirakosyan, Nzhdeh Yeranyan, Sasun Danielyan, Gayane Budaghyan, Hamazasp Abrahamyan, Ruben Hovsepyan, Armine Tigranyan, Tatjana Vardanesova, Anush Safaryan, Marut Vanyan et Harutyun Khudanyan

Comment le monitoring est-il assuré ?

Le monitoring est assuré par une veille média (presse, réseaux sociaux, …) quotidienne et un travail plus classique d’étude et de recherche scientifique.

A la suite du monitoring, quels changements ont été enregistrés jusqu’à présent dans l’état du patrimoine culturel de l’Artsakh ?

Nous avons enregistré sur les monuments répertoriés de multiples destructions, dégradations ainsi que de nombreux actes de vandalisme, ce qui démontre et atteste clairement que l’Azerbaïdjan mène une politique anti-arménienne assumée, dont l’objectif est l’éradication complète de toute trace d’une p

 

 

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