1 Nouvel Hay Magazine

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1. Les Nouvelles d'Arménie
05/12/2020
http://www.armenews.com/spip..php?page=article&id_article=72977

Antonio Guterres exhorte Arménie et Azerbaïdjan à négocier sous l'égide du Groupe de Minsk

Nations unies (Etats-Unis), (AFP) – Le secrétaire général de
l'ONU
, Antonio Guterres, a exhorté vendredi "l'Arménie et l'Azerbaïdjan à
reprendre les négociations sous les auspices des co-présidents du Groupe de
Minsk de l'OSCE pour parvenir à un règlement pacifique durable", dans un
communiqué qui ne cite pas la Turquie.
Le chef de l'ONU, précise sa déclaration, "encourage les gouvernements et
les peuples arménien et azerbaïdjanais à s'engager sur la voie du dialogue
pour favoriser la paix, la stabilité et la prospérité régionales".
Son texte souligne aussi la disponibilité des Nations unies à répondre aux
besoins humanitaires des populations éprouvées au Nagorny Karabakh par le
récent conflit et demande une pleine coopération des parties pour assurer "un
libre accès" pour l'acheminement de l'aide.
Le communiqué d'Antonio Guterres survient au lendemain d'une déclaration
conjointe des Etats-Unis, de la Russie et de la France, co-présidents du
Groupe de Minsk, visant à réaffirmer l'importance de cette instance, alors que
la Turquie revendique un nouveau format de négociations dont elle serait
partie prenante.
L'Azerbaïdjan a appelé de son côté à exclure la France de la médiation
après le vote par le Sénat français d'un texte réclamant « la reconnaissance »
du Nagorny Karabakh.
Fondé dans les années 1990 après une première guerre entre l'Arménie et
l'Azerbaïdjan, le Groupe de Minsk de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et
la coopération en Europe) est chargé de la médiation sur le Nagorny Karabakh,
une république autoproclamée à majorité arménienne faisant partie de
l'Azerbaïdjan.

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2. Les Nouvelles d'Arménie
05/12/2020
http://www.armenews.com/spip..php?page=article&id_article=72984

Un député LREM court après les millions de l'Azerbaïdjan

Le député LREM Pierre-Alain Raphan a proposé à l'Azerbaïdjan de financer à hauteur de 2,8 millions d'euros par an une association sur laquelle il aurait eu la main.Le député (LREM) de l'Essonne Pierre-Alain Rapha, 34 ans, a proposé aux autorités d'Azerbaïdjan la création d'une association au doux nom d'Alfa (Alliance franco-azerbaïdjanaise). Une entité aux contours assez flous dont l'objet se résume au financement de projets d'associations, d'entreprises ou autres organismes « pour qu'ils deviennent des ambassadeurs » de cette dictature connue pour sa diplomatie du caviar. En clair, une structure créée pour faire du lobbying en faveur du régime d'Ilham Aliev, à grand renfort de milliers d'euros. Pour mener à bien cette mission, le député demande la modique somme de 2,8 millions d'euros annuels, soit 230 000 € par mois.
La suite sur :
https://www.mediapart.fr/journal/france/101118/un-depute-lrem-court-apres-les-millions-de-l-azerbaidjan?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-66&fbclid=IwAR1rlDTwGcR_4eu_3Jw0mPrmHObuB2F9xeqGlKcQUK0bm5L4PHOPOS5NH3E

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3. Les Nouvelles d'Arménie
05/12/2020
http://www.armenews.com/spip..php?page=article&id_article=72994

L'Azerbaïdjan revendique le monastère arménien de Dadivank

L'Azerbaïdjan insiste pour revendiquer le monastère arménien de Dadivank, selon une vidéo publiée par Cavid Aga, un chroniqueur azerbaïdjanais et personnalité des médias sociaux vivant en Turquie.
Selon lui, la communauté chrétienne du peuple Udi s'est rendue dans le district de Kelbajar pour prier et organiser une cérémonie liturgique au monastère le vendredi 4 décembre.
Cependant, lorsque le clergé arménien leur a dit qu'ils ne seraient autorisés à entrer que sans caméras, ils ont décidé de prier à l'extérieur du bâtiment, ce qui peut indiquer que le pèlerinage n'était pas un événement spontané mais qu'il a été organisé et mis en œuvre par les autorités azéries.
Dans un reportage supprimé depuis par AzTV, les personnes rassemblées devant le monastère auraient prié en russe.
Les Arméniens craignent que plusieurs églises historiques de la région ne soient sérieusement menacées après la cession de parties importantes de territoire à l'Azerbaïdjan en vertu d'une déclaration trilatérale signée par l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Russie le 9 novembre. Outre Dadivank, les ruines et le site archéologique de Tigranakert, la cathédrale de Ghazanchetsots à Chouchi et des centaines d'autres monuments historiques seront laissés à l'Azerbaïdjan. Pour le moment, des soldats de la paix russes ont été déployés dans la zone proche de Dadivank pour assurer la sécurité de l'église et des pélerins. Les Azerbaïdjanais, quant à eux, ont déjà détruit les dômes de l'église Saint-Jean-Baptiste, communément appelée Kanach Zham (chapelle verte), à ​​Shushi, qui est passée sous le contrôle de l'Azerbaïdjan lors de la récente guerre.

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4. Les Nouvelles d'Arménie
05/12/2020
http://www.armenews.com/spip..php?page=article&id_article=72966

Craintes au village de Gornidzor dans la région de Syunik en Arménie qui se trouve désormais entouré de trois côtés par l'Azerbaïdjan

Le village de Gornidzor dans la région de Syunik est encerclé de trois côtés par l'ennemi azéri indique le site Tert.am qui a interrogé le maire de la commune Arkady Khatchatryan. « La situation est difficile, la population du village assure son autodéfense » affirme A. Khatchatryan. « L'ennemi n'a pas encore tenté de se rapprocher du village mais les immenses terres de Gorntdzor sont passées sous le contrôle de l'ennemi, tant les champs de culture que de prairies avec près de 300 à 400 hectares de terres » dit le maire de Gornidzor inquiet de la situation créer par la transmission de la région de Latchine (Kashatagh) du Haut-Karabagh à l'Azerbaïdjan. La frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan étant désormais plus proche et plus étendue. Selon Arkady Khatchatryan « à quelque 300 ou 400 mètres du village se situeront les positions ennemies ce qui suscite la crainte des villageois arméniens. Imaginez la situation des habitants de Gornidzor ».

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5. Les Nouvelles d'Arménie
05/12/2020
http://www.armenews.com/spip..php?page=article&id_article=72985

Lettre ouverte de François Rochebloine à Jean-Yves Le Drian

Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères,
Si vous avez été un excellent Ministre de La Défense sous le Président François Hollande, je n'en dirai pas de même pour votre fonction de Ministre des Affaires Étrangères sous la présidence d' Emmanuel Macron et l'influence du Quai d' Orsay qui est à la manœuvre !!
Et chose plus grave encore avec votre mensonge à la Représentation nationale en indiquant que l'Armenie elle-même ne demandait pas cette reconnaissance de l'Artsakh !
Ou l'on vous a mal renseigné, ou l'on vous a menti !
Lors de la rencontre de la délégation française à laquelle je participais , le Premier Ministre Nikol Pachinian a demandé expressément à la France de reconnaître l' indépendance de L'Artsakh !!!
Et cela sans ambiguïté !!
Je considère et ne suis pas le seul, à penser que vous avez commis une faute très grave devant la représentation nationale !
Soyez vous même !
Soyez France !
Le Ministre c'est vous et n'écoutez pas le Quai !!
Respect à votre fonction, mais honte à votre déclaration !
François Rochebloine
Ancien député de la Loire ( 1988 a 2017 )
Président de l' association Francophonie en Artsakh

 
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6. The Washington Post
05/12/2020

A tense vigil for news of missing soldiers

In wake of Nagorno-karabakh war, Armenians and Azerbaijanis alike hold out hope that their sons are alive

 

 

 

 

 

 

Anush BABAJANYAN/VII Agency

 

 
Fathers and other kin of missing soldiers gather last month outside the Armenia Hotel in Stepanakert, Nagorno-karabakh's main city.
Stepanakert, nagorno-karabakh — Sarven Vaniskhian has been getting by on bad coffee, little sleep and many cigarettes as he waits for news of his son, an Armenian volunteer soldier who went missing during the Nagorno-karabakh war.
He and other fathers — who have traveled from across Armenia to the main city of the Nagorno-karabakh enclave — now hold a tense vigil in the restaurant of Stepanakert's Armenia Hotel in hopes of picking up any scrap of news or rumor about whether their sons are alive.
Many hold out hope that their sons may be in hiding or lying wounded in steep, mountainous terrain since a Russian-brokered cease-fire was signed last month to end the worst fighting over the enclave since the 1990s.
But the known casualty figures are not encouraging.
More than 1,746 Armenian and Karabakh soldiers have been confirmed killed, according to officials in Nagorno-karabakh, an Armenian-led enclave within Azerbaijan's international borders. Azerbaijan announced Thursday that at least 2,783 of its soldiers died.
Armenia's Health Ministry has so far conducted forensic analysis on at least 2,718 battlefield dead from both sides, authorities said Wednesday.
Zara Amatuni, a spokeswoman for the International Committee of the Red Cross in Armenia, said efforts to recover the missing have been hampered by winter weather and unexploded munitions. A rescue worker from Armenia's Ministry of Emergency Situations said authorities did not know how many bodies were still unrecovered. The worker, who has been searching in a steep gorge near the city of Shusha, known in Armenia as Shushi, spoke on the condition of anonymity because he was not authorized to talk to media.
"We don't even know where to search for them in the gorge," he said. "There is a lot of forest, so we are just searching everywhere."
And so the fathers wait in a gauzy haze of cigarette smoke at the hotel, a landmark site in the city and one of the few places that remained open in Stepanakert amid worries about the future under the peace deal.
They trade stories and theories. Internet links aren't working. Updates travel only as fast as the fathers can chase them down.
When they hear of more bodies recovered, they walk to the morgue to look at photos and — with hearts racing — hope that their sons are not among them. Other times, they go across the square to the Nagorno-karabakh government offices to pressure officials to do something — although it's not clear what they can do.
An earlier war between Azerbaijan and Armenia in the 1990s saw Azerbaijan lose control of the enclave and seven districts around it. In the new war that broke out Sept. 27, Azerbaijan effectively defeated Armenia, regaining the seven districts and a chunk of the enclave under a truce signed Nov 9. Russian peacekeepers now patrol the region.
The last time Vaniskhian saw his son, Vahe, 29, was on Sept. 28. Vahe, a construction worker in Russia, was home visiting his parents in their village, Shirak, in northwestern Armenia, and rushed to join the fight. His parents were proud. The father, Vaniskhian, 58, also a construction worker, fought in the 1990s war.
He has had no contact with Vahe since. Vaniskhian did get occasional word from his son's colleagues that Vahe was fine. But the last news was Nov. 6.
"I call my wife many times a day. She tells me, 'Don't come home without my son,' " said Vaniskhian, his face lined and unshaven.
The tables in the restaurant are piled with used coffee cups, overflowing ashtrays, hunks of stale bread, instant noodle packets, plastic forks and plastic bottles of homemade vodka or brandy. A man sobbed upon learning that his son had been killed.
In Azerbaijan, families of the missing face secrecy from authorities and conflicting accounts.
Khadija Ismayilova, a wellknown investigative journalist who was jailed by authorities in 2014 after reporting on corruption, had to search for her missing nephew in a morgue in Yevlakh, about 150 miles west of Baku, Azerbaijan's capital. The remains of many soldiers there were burned beyond recognition.
"It's a devastating process that we've been through," she said. "Nobody wants to believe," she said referring to people's fears that their loved ones were killed.
"The families are still looking. Most of them have to go through the pain of looking for their siblings among corpses," she said. "But most of these search efforts are useless. Basically, it's happening because we don't want to believe."
Her brother's son, Rovshan Ismayilov, 21, was drafted after graduating in June from the Azerbaijan University of Cooperation in Baku, where he studied finance. After fighting broke out Sept. 27, he was sent to the front where some of the toughest fighting occurred.
His last call home was Oct. 12. It was not until late last month that official confirmation came and Ismayilov's body was returned and buried in the Alley of Martyrs in his local area.
Ismayilova said the family was told he died with a group advancing ahead of the main body of Azerbaijani soldiers.
"He wanted to be a hero, and he died a hero," she said.
Ismayilova said that there was little government information on war casualties, but that relatives and civil society groups had set up Whatsapp channels with information on where to provide DNA to help identify the casualties.
In Stepanakert, the trips from the restaurant to the morgue cannot even bring clarity. Some soldiers' bodies are unrecognizable.
"Yesterday, they told us they had brought 20 bodies, so we went to the morgue to see if we could identify them," said a man who spoke anonymously because he was sensitive about discussing grief. "We are sitting there being tortured, and when they call out the names, you are hoping your son's name is not on the list."
Vaniskhian does not go to the morgue. He keeps a distance from the other men — out of respect for their pain, he said.
"The difference between them and me is that I know my son is alive," he said, although he has had no such confirmation. "It's much harder for them.
"I know he is coming back," he insisted, smiling. "l will greet him with respect and pride that I have such a hero son who fought for his motherland."
Another man's face flushed deep red with emotional and physical stress so severe that volunteers rushed him to the military hospital. He did not want his son to go to the army and had tried to pay a bribe so he could avoid Armenian military service. But his son was determined.
"I don't care if my son comes back with no limbs. I just want him back," he said, declining to be named. "Now we have lost the war, we can't even bury him as a hero."
A few days later, word came through that his son had been killed.

 

 

 
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7. Le Télégramme
05/12/2020

Les hommes de la Wagner mercenaires de Poutine

Les hommes de la Wagner. De la Libye au Haut-Karabakh en passant par la Centrafrique, ils rendent de discrets services à Moscou. Zoom sur ces mercenaires de Vladimir Poutine.

  • Mériadec Raffray

 

 

 

 

AFP Photo

 
Lors du conflit du Haut-Karabakh, les forces russes officielles n'étaient pas les seules sur zone.
On les a signalés dans le dernier conflit où Moscou s'est impliqué : le Haut-Karabakh. Dans la nuit du 5 octobre, un gros-porteur Iliouchine 96-300 atterrit à l'aéroport d'Erevan, capitale de l'Arménie. Débarque « un groupe appartenant à Wagner », selon les médias russes, qui rejoint aussitôt les séparatistes d'origine arménienne en difficulté face à l'offensive de l'Azerbaïdjan.
Une société militaire privée… fantôme
Wagner : ce nom revient en boucle partout où les diplomates et les généraux de Poutine nouent des partenariats militaire et de sécurité. Il désigne ce que les Occidentaux appellent une « société militaire privée » (SMP) ; en l'occurrence, une société fantôme, car cette activité n'est pas reconnue en droit russe. Les lobbyistes atlantistes pointent ce label comme la figure de proue du nouvel expansionnisme russe. Son activisme ne fait aucun doute. Sa puissance est toute relative. Surtout comparée à celle des SMP américaines, pionnières de la « privatisation de la guerre ». L'une des plus anciennes, DynCorp, emploie 15 000 personnes dans 36 pays, et la plus connue, Blackwater, rebaptisée Academi, 22 000 collaborateurs.
60 000 euros aux familles des morts
Wagner : combien de divisions ? Les chiffres sont flous. Ses « conseillers militaires » ont été en première ligne, entre 2015 et 2019, aux côtés des unités militaires russes et syriennes. Plusieurs centaines y ont perdu la vie.
L'épisode le plus médiatisé fut celui des bombardements américains déclenchés en février 2018 pour stopper leur progression vers les gisements pétrolifères de Deir EzZor, dans l'Est. Les cercueils ont été rapatriés au pays dans l'anonymat. Les familles ont vite fait leur deuil. Pour chaque défunt, elles auraient reçu une aide d'environ 60 000 euros, un montant conséquent au regard du niveau de vie dans les campagnes russes. Wagner combat aussi en Libye. « Son appui au maréchal Haftar, qui contrôle l'est et le sud du territoire, est calé sur l'activité des milices qui épaulent les troupes de l'adversaire de Moscou, Fayez Al Sarraj, l'homme fort de Tripoli. Le Kremlin utilise ces mercenaires pour préserver les équilibres sans avoir à ouvrir un second front », décrypte une bonne source à Moscou.
Un faible investissement, une empreinte au sol floue, de gros gains potentiels. Pion majeur des « guerres hybrides » (non déclarées et donc non revendicables) de Moscou, Wagner émerge en 2014 à l'occasion du conflit ukrainien. Au Donbass et en Crimée, le Kremlin ne confirme, ni ne dément, la présence des « hommes en vert » armés et sans signe distinctif qui ont été repérés dans le camp pro russe.
D'anciens militaires d'élite recrutés via… Hong Kong
Anciens militaires d'élites, ils ont été recrutés par Slavonic Corps Limited, une société immatriculée à Hong Kong, avec des installations dans la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie. Elle a été fondée par le lieutenant-colonel Dimitri Outkine, ex-officier des Spetsnaz, les forces spéciales russes. Aujourd'hui, Outkine est le bras droit du financier désigné de Wagner : Evgueni Prigogine. Celui qu'on surnomme le « cuisinier de Poutine » : originaire, comme le président russe, de SaintPétersbourg, l'oligarque dirige un empire bâti historiquement sur la restauration collective, qui détient l'exclusivité des marchés du Kremlin et du ministère de la Défense. Depuis 2014, date du premier sommet africain à Moscou, Wagner accompagne sur ce continent la stratégie opportuniste du Kremlin : de « l'exportation de sécurité », selon l'expression du chercheur de l'Institut français des relations internationales (Ifri), Sergey Sukhankin. Moscou aurait signé une vingtaine d'accords étatiques. Le plus récent, paraphé en octobre avec le Soudan, lui offre une base navale en mer Rouge. Un pays où Wagner a épaulé le dictateur Omar El Béchir jusqu'à son renversement en 2019. Aujourd'hui, ses hommes sont réellement actifs au Mozambique et en Centrafrique. À Maputo, faute de résultats, ils auraient perdu du terrain au profit de mercenaires sudafricains.
« En Libye, le Kremlin utilise ces mercenaires pour préserver les équilibres sans avoir à ouvrir un second front. »
Wagner accompagne sur le continent africain la stratégie opportuniste du Kremlin : de « l'exportation de sécurité ».
À Bangui pour des mines d'or
À Bangui, les 500 hommes déployés exploiteraient des mines d'or et participeraient à la formation de l'armée locale et à la sécurité du président Ange-Félix Touadera. Ex-collaborateur de Prigogine, Valéri Zakharov est son conseiller spécial, et leur chef. Le 15 octobre dernier, à Bangui, en compagnie du nouveau patron de la mission militaire russe, le général parachutiste Oleg Polguev, Zakharov assistait au défilé de la dizaine de blindés légers dont Moscou vient de gratifier le Président sortant – l'élection a lieu le 27 décembre. Un nouveau pied de nez à la France dans son pré carré historique, où la Russie a pris pied, en 2018, quand Paris s'en désintéressait.

 

 

 

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8. Les Nouvelles d'Arménie
03/12/2020
http://www.armenews.com/spip..php?page=article&id_article=72925

L'Azerbaïdjan a vandalisé les monuments arméniens du village de Talish qu'ils occupent désormais, près de Martakert (Haut-Karabagh)

 

 

Les Azéris ont vandalisé les monuments arméniens dressés à Talish village arménien désormais sous contrôle azéri près de Martakert (Haut-Karabagh). Information communiquée par Kiril Krivochev le correspondant du journal russe « Komercant » qui publie plusieurs photos de ces actes de vandalisme de l'Azerbaïdjan.
« Une grande partie de khatchkars est détruite. Egalement le mémorial dédié aux combattants Arméniens victimes lors de la première guerre du Haut-Karabagh. Sur les habitations de la ville sont inscrites des noms de villes azéries » a indiqué le journaliste russe.
Rappelons que le Haut-Karabagh a restitué sept régions à l'Azerbaïdjan, Chouchi et Hadrout sauf quelques villages de Hadrout, des villages près d'Askeran et Martouni ainsi que les villages de Talish et Madaghis près de Martakert.
 

 

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9. Les Nouvelles d'Arménie
03/12/2020
http://www.armenews.com/spip..php?page=article&id_article=72934

L'opposition arménienne nomme Vazgen Manukyan candidat au poste de Premier ministre

 

 

Les 17 forces de l'opposition qui demandent la démission du Premier ministre Nikol Pashinyan ont nommé Vazgen Manukyan comme leur candidat au poste de Premier ministre.
« Vazgen Manukyan sera le candidat de l'opposition au poste de Premier ministre. Après la démission de Pashinyan, nous voulons créer un gouvernement de transition, que Manukyan dirigera », a déclaré le chef du parti Hayrenik (Patrie) Artur Vanetsyan à la presse après la réunion du conseil des 17 partis.
Selon lui, Vazgen Manukyan présentera sa plate-forme lors de la réunion de l'opposition le 5 décembre.
Cependant le Premier ministre Nikol Pashinyan a indiqué à de nombreuses reprises qu'il n'avait pas l'intention de démissionner.
Les manifestations contre le Premier ministre Pashinyan ont été déclenchées par la signature d'une déclaration trilatérale sur la cessation des hostilités dans le Haut-Karabakh.
Vazgen Manukyan a été le premier Premier ministre d'Arménie, de 1990 à 1991. De 1992 à 1993, Manukyan a occupé le poste de ministre de la Défense.
Il a été élu trois fois au Parlement et s'est présenté à la présidence en 1996, 1998 et 2003.
 
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10. Le Devoir
 
04/12/2020
 

Haut-Karabakh : 2783 soldats azerbaïdjanais tués dans les combats

BAKOU — L'Azerbaïdjan a annoncé jeudi la mort de 2783 de ses soldats dans les combats qui ont opposé pendant six semaines à l'automne les forces azerbaïdjanaises aux Arméniens dans la république autoproclamée du Haut-Karabakh. « 2783 militaires des forces armées azerbaïdjanaises ont été tués dans la guerre patriotique », a indiqué le ministère de la Défense, ajoutant qu'une centaine d'autres étaient portés disparus. Jusqu'ici, Bakou n'avait pas communiqué ses pertes militaires, fournissant uniquement le bilan des victimes civiles azerbaïdjanaises, soit 93 morts. L'Arménie a rapporté à la mi-novembre la mort de plus de 2300 de ses soldats dans le conflit pour le contrôle du Haut-Karabakh.

 

 

(AFP)

 

 

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11. Assemblée Nationale
03/12/2020
 
1ère séance de l'Assemblée Nationale du jeudi 3 décembre 2020

 

PROTECTION DU PEUPLE ARMÉNIEN (proposition de résolution) (Art. 34-1 de la Constitution)

La vidéo live de la séance (3ème sujet): http://videos.assemblee-nationale.fr/direct.10007672_5fc8994915473 

 
Le texte de la résolution: http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b3538_proposition-resolution

 

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12. La Revue des deux mondes
03/12/2020
https://www.revuedesdeuxmondes.fr/la-valise-ou-le-cercueil/

La valise ou le cercueil

 

Je viens d'un pays que le commun des mortels peine à retrouver sur la carte du monde. À côté se trouve une sorte de province qu'on ne saurait orthographier. On croit comprendre que le Haut-Karabagh raconte un énième conflit caucasien de plus, et, comme à chaque fois que c'est loin, dans l'espace ou dans le temps, que c'est complexe parce que cela exige des prérequis, que c'est l'Autre, cet Autre dont on ne perçoit pas immédiatement le lien avec soi, on écarte assez naturellement le problème. Il existe deux façons de le faire : la première, évidente, consiste à ne pas traiter la chose (la politique de l'autruche) ; la seconde, plus insidieuse, consiste à la traiter partiellement, parfois partialement, ou en diagonale, par urgence, par facilité (la realpolitik). Aucune condamnation morale, simple constat de nuisance, réalité à laquelle je suis la première soumise dans l'exercice de mes fonctions d'« enseignante » pour ne pas dire de « professeure » lorsqu'on attend de moi la transmission des valeurs de la République et de la laïcité françaises en 17 minutes ou de la philosophie des Lumières en 55 minutes.
Pourtant, ce qui arrive hic et nunc aux Arméniens nous concerne tous. Le Sénat vient de voter la reconnaissance symbolique de l'Artsakh ; qu'est-ce que c'est ? Cette histoire manque cruellement de pédagogie, et c'est en partie de cela que souffre à nouveau mon peuple d'origine. Enseigner, je peux faire, je sais faire, je vais faire, enfin, jusqu'à ce qu'on me coupe la tête…
On ne saurait « être Charlie » et ne pas « être Arménien », on ne saurait « être pour les droits de l'homme » et ne pas reconnaître la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes en ignorant la République d'Artsakh (c'est à dire le Haut-Karabagh, peuplé à 80 % d'Arméniens en perpétuel danger de mort), on ne saurait se gargariser de démocratie et s'incliner devant la tyrannie de Recep Tayyip Erdogan dont Ilham Aliev, président de la République d'Azerbaïdjan, est le dangereux pantin multimilliardaire. On ne saurait avoir une sensibilité de gauche et confier les clés de l'Islam à Erdogan ou la protection des minorités chrétiennes d'Orient à l'extrême droite, on ne saurait se revendiquer gaulliste et choisir la prudence diplomatique par peur panique des répercutions terroristes, on ne saurait non plus être humaniste et rester « neutre dans le conflit qui oppose les Arméniens à l'Azerbaïdjan » car qui ne dit mot consent. Consentir à quoi ?
« Il y eut des royaumes arméniens de l'Antiquité tardive au Moyen-Âge, qui se succédèrent pendant des siècles. »
 Je tâcherai, comme à l'école, d'aller à l'essentiel et de condenser 3 000 ans d'histoire en trois paragraphes utiles à tous. Les Arméniens sont un peuple très ancien (attesté dans les textes classiques dès le VIe siècle avant notre ère, et je vous fais grâce de l'épisode biblique de l'Arche de Noé, qui se posa en Arménie, au pied du mont Ararat) qui s'étendait du Caucase à l'Anatolie sur les premières cartes du monde, c'est-à-dire de la mer Noire à la mer Caspienne jusqu'en Turquie centrale, en Syrie et en Iran du nord sur une projection contemporaine. Il y eut des royaumes arméniens de l'Antiquité tardive au Moyen-Âge, qui se succédèrent pendant des siècles. En témoigne tout un patrimoine architectural de style singulier, gravé par cet alphabet unique, sur les terres d'Arménie historique. Ensuite, le peuple arménien se retrouva partagé entre trois empires : l'Empire perse, puis russe, et l'Empire ottoman. Cela entraîna la disparition des royaumes. C'est alors qu'on s'est mis à parler de « Nation arménienne ».
C'est au sein de l'Empire ottoman, puis du gouvernement Jeune Turc que le peuple arménien se fit exterminer. Ce fut le premier génocide du XXe siècle, il n'est toujours pas reconnu par la Turquie. En 1915, les Arméniens n'avaient donc pas d'État et c'était l'Église seulement (car les Arméniens sont officiellement chrétiens depuis 301) qui se portait garante de la Nation arménienne. Les rares rescapés qui s'enfuirent partout dans le monde constituèrent la base de la diaspora actuelle. La valise…
Entre 1918 et 1920, l'Arménie, la Géorgie et l'Azerbaïdjan prennent leur indépendance après l'effondrement de l'Empire russe. C'est la naissance de la première République d'Arménie. Là, encore, ont lieu de terribles massacres des populations arméniennes, qui s'espacent et s'estompent sous l'ex-URSS de Lénine. En 1921, sous la direction de Staline, le bureau caucasien du comité central du Parti bolchévique redessine arbitrairement les frontières de ses pays satellites et une bonne part de l'État d'Arménie, plus précisément le Haut-Karabagh, se retrouve en Azerbaïdjan.
««Un peuple, deux États » clame Erdogan à la manière d'« Ein Reich, ein Volk»»
Les Azéris sont un peuple turcophone, de fond culturel turc, partageant avec les néo-ottomans quelques valeurs bien ancrées telles que la haine de l'Arménien et le rêve panturquiste de réunir tous les peuples turcophones en un seul et même empire. « Un peuple, deux États » clame Erdogan à la manière d'« Ein Reich, ein Volk ». Ainsi, de façon relativement prévisible, au moment de la perestroïka, l'internationale communiste céda la place au nationalisme azerbaïdjanais qui s'illustra par une série de pogroms d'Arméniens, de Bakou jusqu'au Haut-Karabagh en passant par Soumgaït (Azerbaïdjan). Dans l'urgence de sauver sa population, la jeune seconde République d'Arménie entra en guerre contre l'Azerbaïdjan en 1992. À cette époque, à la grande surprise de tous, l'armée arménienne maîtrisa militairement une guerre qui se solda par un cessez-le-feu et l'indépendance de la République d'Artsakh, reconnue par l'Arménie (et le Sénat français depuis le 25 novembre dernier seulement). Aucun accord de paix ne fut signé, aucun membre de la communauté internationale ne se sentit concerné par la question. En vingt-huit ans, le cessez-le-feu fut rompu à plusieurs reprises par l'Azerbaïdjan dont l'obsession était de reconquérir « les territoires occupés par les Arméniens », Arméniens n'aspirant qu'à rester en vie, chez eux, près de leurs écoles, leurs cimetières, leurs églises, leurs monastères quasi millénaires pour la plupart, bien plus anciens pour certains.
Non, l'histoire ne remonte pas au 27 septembre 2020 ; elle dure, se répète et change de forme mais il s'agit bien d'une seule et même guerre. Ainsi, le 10 novembre, Aliev a pu tenir sa promesse de « chasser ces Arméniens comme des chiens ». En 2021, tous les Arméniens auront quitté les territoires attribués à l'Azerbaïdjan. Comment est-il parvenu à ses fins sans que l'Occident n'intervienne ? Souvenons-nous des dirigeants qui comparaient d'autres hommes qu'eux à des animaux…
Si l'heure est au bilan, je dois déplorer que sur vingt-huit ans, la démocratie arménienne fut confisquée vingt longues années par quelques oligarques mafieux flirtant avec la Russie de Poutine. Quand la jeunesse arménienne luttait pour un État de droit, la jeunesse azérie se mobilisait derrière ses dictateurs, Erdogan et Aliev, pour parfaire ses compétences en nettoyage ethnique. Quand le Premier ministre arménien, le démocrate Nikol Pachinian, récupérait un pays et son armée ruinés par ses prédécesseurs, et tentait depuis 2018 un rapprochement avec l'Europe qui froissait l'orgueil russe, l'Azerbaïdjan préparait savamment son attaque avec un armement dernier cri, illégal, made in Turkey et par un appel d'offre de 100 dollars par tête d'Arménien décapité aux djihadistes turcs, syriens et pakistanais.
« Et voilà l'Arménie prise au piège »
Le timing dans la stratégie turco-azérie était parfait : la deuxième vague de la crise Covid, couplée aux élections américaines, occuperait toute l'actualité. Et voilà l'Arménie prise au piège du jeu médiatique. Poutine, quant à lui, commençait à se lasser de l'éthique de Nikol Pachinian, tant et si bien que les néo-ottomans jouissaient d'une fenêtre de tir. L'État russe, officiellement lié par un traité de défense avec l'Arménie, pouvait arguer dans un premier temps que ce pacte n'incluait pas l'Artsakh (Haut-Karabagh). Puis, quand dans un second temps, les frappes aériennes azerbaïdjanaises s'étendirent jusqu'aux villes de l'État arménien, il décréta que bombarder de loin, sans fouler le sol national, ce n'était pas envahir. Et voilà l'Arménie prise au piège du jeu rhétorique. Alors que les Arméniens attendaient désespérément une aide militaire du gouvernement russe, ce dernier s'acoquinait de plus en plus avec la Turquie, par mépris pour l'Occident, et trouvait là l'occasion d'assoir son hégémonie sur le Caucase pour la première fois depuis longtemps (la Géorgie était pro- américaine, l'Azerbaïdjan pro-turque, et l'Arménie, nain politique et économique, n'avait plus rien à offrir qu'elle n'ait déjà cédé à Poutine). Et voilà l'Arménie prise au piège du jeu diplomatique. La Russie n'aura même pas eu besoin de se justifier auprès du groupe de Minsk dans la mesure où ses acteurs avaient choisi de « rester neutres ». Présidée par les États-Unis, la Russie et la France, cette organisation devait penser la paix dans le Sud Caucase mais laissa la région en guerre, se contentant d'un cessez-le-feu pendant vingt-huit ans ; la plupart des Arméniens appelés à devenir soldats au 27 septembre 2020 n'ont même pas pu atteindre cet âge. Le cercueil…
Ainsi, l'Europe est restée neutre quand chars et civils arméniens se faisaient bombarder par des drones Bayraktars turcs. Erdogan, ici ni tiers, ni médiateur, renversait la table des négociations et se proclamait seul gendarme de la région. D'autres, comme la Grande-Bretagne et la Suisse, étaient liés à l'Azerbaïdjan par son pétrole, ou craignaient l'Iran, dont les relations avec l'Arménie étaient chaleureuses. C'était le cas d'Israël, qui assurait la vente d'armes à l'Azerbaïdjan.
La France est restée neutre quand les bombes pleuvaient sur les Arméniens, bombes incendiaires au phosphore blanc, particulièrement ravageuses, ou bombes à sous-munitions de fabrication israélienne, interdites depuis 2010 par une convention internationale. La France est restée neutre quand des dizaines de chirurgiens français, ceux qui avaient soigné les blessés du Bataclan pour la plupart, pourtant habitués à l'horreur, l'alertaient de la gravité de la situation et découvraient des blessures militaires ou civiles inédites, inopérables.
« Que reste-t-il de la France de Jaurès ? »
Tandis que tous les professeurs de France, très ébranlés par l'exécution de Samuel Paty, lisaient la lettre de Jaurès en classe, tentant de faire respecter une minute de silence entre deux menaces de mort, les têtes d'Arméniens rasées et coupées s'accumulaient, images à l'appui, au fur et à mesure que l'armée azerbaïdjanaise avançait en Artsakh.
Aucune larme française, pas même de crocodile, y compris quand les Français d'origine arménienne se faisaient persécuter ici par les Loups Gris, un groupuscule fasciste turc, qui s'en prend aux écoles arméniennes de France, aux monuments aux morts du génocide et aux quartiers proches de Lyon dans lesquels ils jugent qu'il y a trop d'Arméniens. Une brève dissolution de l'association seulement, laquelle opère clandestinement de toute façon !
Que reste-t-il de la France de Jaurès ? Lui aurait bien compris que ce qui s'opérait là-bas était en lien étroit avec ce qui se passait ici, que la guerre d'anéantissement en Artsakh qui se tramait depuis juillet dernier, était un signe avant-coureur notable de la série d'attentats qui frapperaient la France, que les 2 580 mercenaires djihadistes syriens et pakistanais enrôlés pour 2 000 dollars par l'Azerbaïdjan et la Turquie inspireraient les vocations terroristes par l'exposition vidéo de leurs performances barbares en crime de guerre. Oui, je pèse mes mots, une guerre d'anéantissement : comment qualifier une guerre dont l'un des belligérants cible les infrastructures civiles, les hôpitaux, les maternités ?
« Cette « petite guerre » des quarante-cinq jours […] peut aussi être qualifiée de guerre des images, de l'information, de la désinformation. »
J'oubliais ! Ce « petit conflit local opposant les Arméniens à l'Azerbaïdjan », ce petit conflit qui ne concerne personne sauf l'Europe, les États-Unis, la Russie, la Turquie, les belligérants de la guerre en Syrie, l'Israël, l'Iran et même la Suisse, cette « petite guerre » des quarante-cinq jours les plus longs de mon existence, qui du fin fond du misérable Caucase vomit des commandos surentraînés, des armes révolutionnaires inusitées jusque-là, peut aussi être qualifiée de guerre des images, de l'information, de la désinformation. J'ai pu faire un voyage initiatique en Arménie historique au gré des progressions militaires azerbaïdjanaises, revoir mes monuments avant leurs exactions, et suivre les difficultés de l'armée d'auto-défense de l'Artsakh sur les réseaux sociaux. J'ai dû apprendre à recouper les sources, à vérifier la véracité de vidéos, de montages, de communiqués officiels, officieux, j'ai dû déployer mon propre réseau de correspondants, et dans la nuit du 9 au 10 novembre 2020, quand le dernier cessez-le-feu fut organisé par les Russes, lequel stipulait que chaque pays restait sur ses positions militaires, je me demandais : « mais quelles sont-elles » ? Cela faisait deux jours que je n'arrivais pas à savoir si la ville de Chouchi était aux mains des Azerbaïdjanais ou si les combats continuaient.
Livrés à nous-mêmes, y compris pour se tenir au courant. Quelques journaux (Le Figaro, Le Point, Le Monde, Libération, Paris Match) avaient envoyé des reporters. Certains se sont pris des obus à Martouni et ont fini la guerre à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière avec moi, qui, par le plus grand des hasards, m'étais fait opérer du dos à ce moment-là. Il n'y eut que trop peu d'autres envoyés spéciaux. Mais après la bataille, insuffisamment médiatisée, que de clichés de la révolte d'une lâche minorité pro-oligarques en Arménie, regrettant les frontières d'antan bien qu'ils aient pillé l'État et fait du peuple en deuil de la chair à canons ! Il faut bien montrer que les Arméniens peuvent aussi être sauvages… C'est sans doute tout ce qu'on retiendra. Que de soupirs d'une intelligentsia de droite dure, instrumentalisant les victimes arméniennes pour exulter son islamophobie sans complexes ! Il faut bien que les Arméniens servent à quelque chose. Il suffit d'amalgamer nationalisme panturquiste et islam et de faire des Arméniens ses nouveaux ennemis. C'est sans doute, encore, tout ce qu'on retiendra.
« La question arménienne n'est plus l'affaire des Arméniens, c'est la vôtre. »
Résultat : ma toute petite et fragile démocratie, 105 ans après le génocide, prise au piège, encore, de l'échiquier russo-turc, n'a ni frontières, ni alliés, ni avenir. Le duduk(1) pleurera encore son passé, un nouvel Otto Dix croquera son présent, un mémorial ponctuera son futur.
Plus de frontières : un corridor entre le Nakhitchevan et l'Azerbaïdjan, aux mains des Azéris, fait trait d'union panturquiste.
Plus de murs non plus : « L'universel, c'est le local moins les murs ». Ces quelques mots que j'emprunte à Miguel Torga prennent ici tout leur sens absurde. Néanmoins, c'est au poète Paul Celan que je voudrais rendre hommage pour conclure. Avant de se jeter du Pont Mirabeau, ce survivant du pire a dit : « la Shoah n'est pas l'affaire des Juifs », et de même, la question arménienne n'est plus l'affaire des Arméniens, c'est la vôtre. Nous autres, Arméniens d'Arménie comme de diaspora, devons en priorité réparer les blessés, accueillir 100 000 réfugiés du Haut-Karabagh sans infrastructure aucune, et sauver notre démocratie, plus en péril que jamais.

(1) Instrument à vent en bois d'abricotier au son sourd et mélancolique, typique de la musique traditionnelle et folklorique arménienne.

 

 

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13. Marianne Magazine (marianne.net)
03/12/2020
https://www.marianne.net/monde/haut-karabagh-a-la-recherche-de-la-frontiere?utm_medium=Social&utm_source=Twitter&Echobox=1607023497#xtor=CS2-5
Haut-Karabagh : à la recherche de la frontière

 

 

 

 

 

 

Hans Lucas via AFP

Haut-Karabagh : à la recherche de la frontière

Conflit Arménie-Azerbaïdjan

 

Par Morgane Bona , à Latchin, Haut-Karabakh

 

 

Depuis la signature du cessez-le-feu par le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, le 9 novembre dernier, c'est la confusion au Haut-Karabagh. Le manque de précision de l'accord complexifie son application concrète pour les civils comme pour les militaires.

Au Haut-Karabakh, tout est flou. Le 1er décembre, la région de Latchin, située entre l'Arménie et l'enclave, a finalement été rétrocédée à l'Azerbaïdjan. Mais dans le village éponyme, c'est la confusion. Faut-il rester ? Faut-il partir ? Selon Narek Alexanyan, le maire du village de Latchin, plus de 200 personnes demeureraient encore dans la localité. D'autres ont fui, ne laissant derrière eux que des cendres. Le territoire s'est vidé de ses habitants mais cet exode n'est pas comparable à celui qui s'est massivement déroulé au Kelbadjar que l'armée arménienne a quitté depuis une semaine déjà. Sur le chemin du retour vers la capitale, par la vitre du minibus dans lequel elle a pris place, une habitante de Stepanakert regarde, songeuse, les maisons brûler. Cette réfugiée questionne : « Mais, pourquoi font-ils cela ? Si Latchin est situé dans le corridor protégé par les Russes, alors, ils peuvent rester, non ? ». Personne n'a la réponse, pas même l'édile, qui a été contraint, par les soldats russes, de retirer le drapeau de la République d'Artsakh (dénomination arménienne du Haut-Karabagh).
Sur place, seuls les soldats du maintien de la paix, envoyés par Moscou, sont visibles. Eux-mêmes cherchent encore sur les cartes où se situe la frontière pour implanter les postes russes d'interposition. Les lignes de démarcation se dessinent à tâtons, et se négocient sur le terrain entre les commandants azerbaïdjanais et arméniens. Une vidéo publiée sur Telegram le 29 novembre illlustre parfaitement cette situation : on y découvre deux camions militaires côte à côte, l'un, arménien, l'autre, azerbaïdjanais. Entre les deux véhicules, seule une ligne formée de pierres marque la nouvelle frontière.

 

 

Confusion générale dans l'enclave