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Le dernier des Ottomans

Certains ont vendu des pages de leur Coran écrit en lettres d’or pour vivre, d’autres ont dormi sur une plage ou voyagé dans des trains à charbon.

Ceux qui venaient, après une attente de cinquante ans, d’être autorisés à rentrer en Turquie, sont morts sans avoir l’argent pour se payer le billet de retour. Les descendants de la dynastie ottomane qui ont été exilés après la chute de l’Empire [en 1920] se sont retrouvés à l’ambassade de Turquie à Londres à l’initiative du ministre turc des Affaires étrangères (d'alors), Ahmet Davutoglu.(prononcer Davoutorlou)

C'était la rencontre des membres de cette dynastie vivant à Londres . Le plus âgé d’entre eux, c'est  Osman Selaheddin Osmanoglu (Osmanorlou / fils d'Osman), petit-fils du sultan Murat V [qui n’a régné qu’en 1876] : Son père, Ali Vasib Efendi, est né dans le palais de Ciragan, à Istanbul. Il étudie au lycée de Galatasaray [lycée francophone d’Istanbul]. A 21 ans, il est obligé de quitter la Turquie et reste six mois à Budapest. Ensuite, avec son grand-père, ils s’établissent à Nice pendant onze ans avec sa mère, la petite-fille du sultan Mehmet V [avant-dernier sultan ottoman, 1909 à 1918]. Puis ils partent pour l’Egypte, qui devient alors le pays de la dynastie ottomane.

C’est là que Osmanoglu est né pendant la Seconde Guerre mondiale. Les ottomans n’ont pas de travail. La Turquie leur donne à chacun 1 000 livres turques,  pour vivre quelques mois, mais leur exil dure cinquante ans sans la moindre aide de la Turquie. Chaque fois que l’ambassadeur de Turquie au Caire croise un membre de la famille dans la rue, il s’enfuit : Il craint que l’on dise à Ankara qu’il fréquente les ottomans. Le grand-père, Selahaddin Efendi, est obligé de s’endetter chez son dentiste. Au cours des dix premières années, des membres de la famille se suicident parce qu’ils n’ont plus rien. Les autres attendent en pensant: "C’est une révolution :d’ici trois à cinq ans on va rentrer.’'

En 1952 le Premier ministre turc Adnan Menderes donne les premières autorisations de retour en Turquie aux femmes de la dynastie. Pour les hommes, l'autorisation n'est donnée qu’en 1974. Dans le documen­taire sur Mehmet II [qui a conquis Constantinople en 1453] , le sultan âgé est  incarné par Orhan, petit-fils d’Abdülhamit II [1876 à 1909], qui vit aujourd’hui en Turquie.

Il y a soixante-dix-sept descendants de la dynastie ottomane : vingt-cinq princes, seize sultans et treize femmes portant le titre de sultane. Ils vivent aux USA, en Grande-Bretagne, en Egypte ou en Jordanie, et parlent plusieurs langues. La petite-fille de la sultane Mediha, Leila Beggin, dit que c’est grâce à Facebook, où ils ont créé un groupe, qu’ils se sont retrouvés.

Source :

Mehmet Nayir pour Sabah (matin en turc)