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La corderie royale de Rochefort

La Corderie Royale à proprement parler – c’est-à-dire le bâtiment – est une curiosité architecturale. D’une longueur de 374 mètres pour 8 mètres de largeur, la Corderie Royale de Rochefort est jusqu’au xxe siècle le plus long bâtiment industriel en Europe. A titre de comparaison, la longueur de la Corderie Royale est supérieure à la hauteur de la tour Eiffel (374 mètres contre 324 mètres)

Le site de la Corderie royale qui abrite le Centre international de la Mer est un vaste espace muséographique faisant partie du grand Arsenal de Rochefort, haut lieu historique, culturel et touristique de la ville qui comprend également le Musée national de la Marinel'Hermione, et le projet de rénovation du Commissariat de la marine sur le Quai aux Vivres de Rochefort.

C'est le site muséographique le plus fréquenté de la ville recevant plus de 100 000 visiteurs chaque année.

Cet ensemble muséographique exceptionnel est mentionné dans nombre de guides touristiques aussi bien que sur le site de l'office de tourisme Rochefort Océan, de la Charente-Maritime et du Poitou-Charentes, qu’au niveau national.

Historique

Le contexte

La Corderie Royale en vue aérienne

La Corderie royale est l'un des bâtiments les plus importants de l'arsenal. La construction de l’Arsenal est en outre à l’origine du développement de la ville de Rochefort au xviie siècle, laquelle n’était peuplée que de 500 habitants au début de ce siècle.

Rochefort au XIe siècle est un village : « Roccafortis ». Au milieu du xviiie siècle, le roi Louis XIV cherche à construire une marine de guerre capable de concurrencer celle des Anglais et des Hollandais, alors très en avance sur leur industrie maritime. Il ne reste en effet en France plus que 20 navires, dont seulement 2 ou 3 sont aptes à prendre la mer.

En 1661, à la mort de MazarinJean-Baptiste Colbert entre au service du roi et charge une commission composée de 5 membres de trouver l’endroit le plus propice à l’installation du futur Arsenal du Ponant. En 1664, les membres de la commission se rendent sur la côte Ouest, de Dunkerque jusqu’à Bayonne. En 1665, et en partie grâce à Jean Colbert du Terron, intendant de la ville de Rochefort et cousin du ministre Colbert, la décision est prise de l’installer à l’embouchure de la Charente.

Le site est privilégié entre autres de par son accès difficile pour d’éventuels envahisseurs.

Les plans sont tracés par l’architecte François Blondel et la construction débute dès février 1666, et ce malgré l’absence d’approbation de Louis XIV jusqu’en mars de cette année. Les travaux sont lancés avant même l’acquisition du terrain par l’État, alors possédé par le seigneur Jacques Henri de Cheusse. Le 5 mai 1666, celui-ci est exproprié de ses terres et les travaux deviennent enfin officiels. François Blondel admettra tout de même avoir « mené un peu vite la construction de la Corderie, l’étuve et les forges (…) »

Envoyé aux Antilles en juillet 1666, l’architecte ne put constater le résultat de ses plans.

La construction

La réalisation ne fut pas simple en raison du terrain. Celui-ci est situé en bordure de la Charente, sur un sol constitué d'une couche de vase épaisse de près d'une trentaine de mètres, parfois inondé d'une soixantaine de centimètres d'eau lors des grandes marées. Avant la construction du bâtiment lui-même, il fallut donc surélever de quelques pieds et établir un radier constitué d'un quadrillage de pièces de chêne de 30 centimètres de section enfoncé à 5 pieds sous la nappe phréatique.

Ce n'est qu'une fois le radier terminé que commença réellement la construction, à l'aide de pierres calcaires des carrières proches de Crazannes. Afin de ne pas déstabiliser ce radeau flottant, la construction se fit de manière symétrique, le passage au niveau supérieur n'ayant lieu que lorsque les deux pans de mur avaient atteint le même niveau. Au plus fort de la construction, 700 ouvriers se relaient pour construire le bâtiment.

Finalement, après plus de trois ans de travail, la construction s’achève en juin 1669.

Pendant près de deux cents ans, le bâtiment fut utilisé pour réaliser les cordages de la marine royale.

Les années d'or de la Corderie

Fileurs à l’œuvre au xviie siècle

Au temps de sa construction, le cordage le plus long d'un navire mesurait une encablure (soit environ 195 m). Or celui-ci devait être réalisé d'un seul tenant afin d'être le plus solide possible. En sachant que le commettage (technique de fabrication d'un cordage consistant à réunir plusieurs brins ensemble par torsion), réduit sa longueur d'un tiers, l'atelier de fabrication devait donc faire au minimum 270 m de long, d'où les grandes dimensions de la Corderie Royale de Rochefort (374 m). De plus, les navires de guerre les plus importants de l’époque nécessitent jusqu’à 100 km de cordages.

L'aile principale est bordée par deux pavillons. Au nord, celui destiné au stockage du chanvre et au sud, celui destiné au goudronnage du cordage. On utilisait à la Corderie du chanvre qui arrivait des provinces de France et de Rīga en mer Baltique afin de réaliser des cordages. Les étapes de la fabrication, aujourd’hui détaillées dans l’exposition de la Corderie Royale, étaient entièrement prises en charge à l’Arsenal. Cela comprenait la réception de la matière première : le fil de chanvre, sa transformation en fils de caret puis en cordages et enfin le goudronnage.

Réplique actuelle de l'Hermione

Les cordages sont ensuite envoyés à la forme de radoub au nord de l’Arsenal en vue de leur utilisation pour la construction des navires de guerre. Entre 1669 et 1862, près de 550 navires seront construits au sein de l’Arsenal de Rochefort, dont le Victorieux, la Méduse et L’Hermione, ce qui contribua fortement au renouveau de la marine royale française à partir du xviiie siècle

S’ajoutent également les travaux d’entretien et de réparation de la marine de guerre française pendant cette période.

source : wikipedia