Le comité central rate une occasion d’éliminer un des trois responsables turcs de génocide

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L’un des premiers ministres de la Première République d’Arménie, Alexandre Khadissian
qui fut maire, pendant sept ans, de Tblissi (Géorgie) a d’excellentes relations avec
l’élite de la dynastie des princes Romanov.

En 1914, la police secrète russe lui propose d’organiser un acte de terrorisme
afin d’assassiner Enver “Pacha”. Les renseignements russes désignent même un
membre de la F.R.A. (Fédération Révolutionnaire Arménienne, ndlr) qui serait envoyé
en Turquie pour assumer la tâche.

Mais, d’après Alexandre Khadissian le comité central de la F.R.A.(Guétronagan Gomité/Guen Guen)
refuse le plan.
(Journal Hayrenik du 12 octobre 1932).

Plus tard ,en 1918, Alexandre Khadissian a l’occasion de rencontrer Enver “Pacha” en
compagnie de Talaat Pacha et d’autres dignitaires génocidaires à Constantinople lors des
pourparlers sur l’avenir des républiques caucasiennes (Arménie, Géorgie et Azer-
baïdjan) nouvellement créées.

Zaven Gudsuz
zaven471@hotmail.com

Alexandre Khatissian naît le 17 février 1874 à Tiflis au sein d’une famille de hauts fonctionnaires1. Son frère, Constantin Khatissian (1864-1913), est l’un des fondateurs de la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA, ou Tachnagtsoutioun)2.

Après avoir été diplômé du gymnasium d’État de Tiflis en 1891, il fait des études de médecine dans les universités de Moscou et de Kharkov1 jusqu’en 18972. En 1898-19002, il est interne dans des cliniques à l’étranger, notamment en Allemagne3, lui permettant de parachever sa formation en étudiant notamment l’hygiène, la santé publique et l’administration municipale1. Il décroche ainsi un doctorat en médecine3. En 1900, il rentre à Tiflis1 et exerce en tant que médecin2.

Débuts en politique
En 1902, Alexandre Khatissian est élu porte-parole de la douma municipale ainsi que conseiller du conseil municipal de Tiflis1. À partir de 1905, il intègre ledit conseil municipal et se rapproche de la FRA1.

Il prend part à la révolution de 19051.

Alexandre Khatissian est adjoint au maire de Tiflis entre 1907 et 1910 puis maire entre 1910 et 19171 (selon l’historienne Anahide Ter Minassian, il serait maire entre 1907 et la guerre4).

En 1912, durant les audiences liées à la soi-disant « Affaire Tachnagtsoutioun » à Saint-Pétersbourg, il fait partie des témoins1.

En 1914, il devient président du Comité de l’Union des villes du Caucase (Caucasian Committee of the Union of the Cities)1 du fait de sa position de maire4 et ce jusqu’en 19172.

Première Guerre mondiale et révolutions russes
À l’été 1914, le vice-roi du Caucase, Illarion Vorontsov-Dachkov, s’entretient avec Alexandre Khatissian au sujet de la création des unités de volontaires arméniens ; Khatissian s’entretient aussi avec le primat de Tbilissi, l’évêque Mesrop Der-Movsesian, ainsi qu’avec le responsable communautaire Dr. Hakob Zavriev5. Alexandre Khatissian est de ce fait l’un des organisateurs des unités de volontaires arméniens qui se battent du côté russe pendant la Première Guerre mondiale et joue aussi un rôle dans la prise en charge des rescapé du génocide arménien1.

En 1915-1917, il est élu vice-président du Bureau national arménien qui siège à Tiflis1.

Après la révolution de février 1917 et avec la fuite du prince Nicolas Nikolaïevitch, Alexandre Khatissian forme avec N. Jordania et D. Popov un Comité Exécutif Provisoire6.

Il rejoint la FRA en 19174. Il prend à la même époque la tête du Bureau national arménien et ce jusqu’en octobre 1917, préside le Rassemblement des partis politiques arméniens (mars et avril 1917) et prend part au Congrès de la paysannerie transcaucasienne qui a lieu à Tiflis en juin 19171.

Il aurait eu un rôle dans la formation du Congrès national arménien et du Conseil national arménien1.

Lors de la Conférence de paix de Trébizonde (mars-avril 1918), il est membre de la délégation transcaucasienne et représente les Arméniens avec Hovannès Katchaznouni, accompagnés par deux conseillers, Rouben Ter Minassian et l’historien Léo7.

Le 22 avril 1918 est formée la République démocratique fédérative de Transcaucasie, dont le gouvernement comporte quatre ministres arméniens dont Alexandre Khatissian8, ministre des finances et de l’approvisionnement1.

Première République d’Arménie
Alexandre Khatissian prend part aux négociations avec la Turquie à Batoum en mai : avec Katchaznouni, ils y rencontrent Khalil Bey mais sont obligés de rentrer en urgence à Tiflis face à l’avancée turque qui met la ville sous état de siège et provoque la panique9. Selon eux, il faut que l’Arménie proclame son indépendance et « traite immédiatement » avec la Turquie pour éviter l’anéantissement final9. Finalement, la république démocratique d’Arménie est proclamée le 28 mai 1918, tandis que le Conseil national arménien décide d’envoyer le jour même de nouveau à Batoum une délégation composée de Khatissian, Katchaznouni et Papadjanian, investie de pouvoirs illimités pour conclure la paix avec la Turquie au nom de l’« Arménie indépendante »10,11. Le traité de Batoum est signé le 4 juin12.

Il fait de nouveau partie, avec Katchaznouni, Papadjanian et Avetis Aharonian, de la délégation arménienne désignée par le Conseil national arménien pour se rendre à la Conférence des puissances centrales à Constantinople à laquelle les pays du Caucase sont invités pour régler les questions concernant leur relation avec la Turquie13. Cette conférence n’a finalement jamais lieu mais, de juin au 1er novembre 1918, les envoyés arméniens résident dans la capitale ottomane et rencontrent les diplomates européens et les fonctionnaires et membres du gouvernement turc13. Cependant, la délégation arménienne ne parvient pas à convaincre la Turquie de renoncer à ses prétentions sur le Caucase14.

Sous le gouvernement de Hovannès Katchaznouni, Alexandre Khatissian est nommé ministre des affaires étrangères le 30 juin 191815.

En l’absence du premier ministre, parti en février 1919 aux États-Unis2 afin d’obtenir des vivres pour l’Arménie alors en pleine famine, Alexandre Khatissian est premier ministre par intérim16 et doit faire face à la crise, à propos de laquelle il écrit que « les affamés fouillaient les tas d’ordures pour y récupérer des grains de blé et les mangeaient »17.

Le 13 mai 1919, après la décision anglaise de laisser les Arméniens occuper le Nakhitchevan, Alexandre Khatissian s’y rend pour installer le parlementaire Kévork Varchamian en tant que préfet de la région, mais cette occupation n’est que de courte durée18.

Alexandre Khatissian est nommé premier ministre le 28 mai 1919. Le 10 août 1919, le Parlement arménien approuve la formation d’un nouveau Conseil des ministres de 6 membres, qu’il continue de diriger, et qui assume aussi le rôle de ministre des affaires étrangères3.

Il prend part au IXe Congrès général de la FRA (27 septembre – 9 novembre 1919) qui se tient à Erevan et souligne dans son discours d’ouverture le rôle décisif du parti dans l’établissement de la république19.

Le mandat d’Alexandre Khatissian, qui se termine le 5 mai 1920 (il est remplacé par Hamo Ohanjanian) est, selon Anahide Ter Minassian, la « période la plus faste » de la courte existence de la république20.

À l’été 19202, il part en mission à l’étranger auprès des communautés arméniennes pour obtenir d’elles un « Emprunt de l’Indépendance de l’Arménie » d’environ 20 millions de dollars afin de redresser l’économie arménienne21. Mais il est obligé de rentrer en toute hâte en Arménie fin novembre 1920 face à l’avancée des troupes kémalistes dans le cadre de la guerre arméno-turque21. Partisan d’une paix rapide, il se rend à Tiflis pour plaider la cause de l’Arménie auprès de ses alliés22. Le 21 novembre, sur la route entre Tiflis et Erevan, il est interpellé par des réfugiés et des soldats arméniens en déroute aux cris de « monsieur Khatissian, la paix ! Pour l’amour de Dieu, donnez-nous la paix ! »23. Le 23 novembre, il prend la tête d’une délégation et se rend à Alexandropol (où elle arrive le lendemain24) pour négocier la paix25. Kâzım Karabekir refuse l’application du traité de Sèvres et la délégation arménienne est forcée de se soumettre à cette décision26. Plus tard, dans les années 1920, Alexandre Khatissian écrit un certain nombre d’articles dans le journal arménien de Boston Hairénik et justifie cette décision par le fait qu’il fallait absolument mettre fin à la guerre26. Le 28 novembre, le tracé des frontières proposé par les Arméniens est remis à Kâzım Karabekir ; ce dernier s’entretient seul à seul avec Alexandre Khatissian le lendemain pendant 3 heures, tentant de le convaincre que les Arméniens n’ont pas d’autres choix que de s’entendre avec la Turquie car les Grandes puissances les ont abandonnés27. Il finit l’entretien sur un ultimatum : si les Arméniens n’acceptent pas de traiter avec les Turcs, l’armée kémaliste marcherait sur Erevan28. Ces derniers présentent le 30 novembre un projet d’Arménie réduite, sans Kars, ni Nakhitchevan, ni Zanguezour, alors même que le pays est sur le point de passer sous contrôle bolchévik avec son invasion par l’armée rouge29. Alexandre Khatissian, alors que les fonctionnaires de la FRA d’Alexandropol commencent à être chassés par les bolchéviks, se résout finalement à signer le traité d’Alexandropol avec la Turquie, qui reconnaît de ce fait l’Arménie dans les frontières négociées et met fin aux hostilités30. Il assiste à l’entrée de l’armée rouge à Erevan le 6 décembre de la fenêtre de son appartement, rue Abovian31. Alors que la purge bat son plein, il est autorisé à gagner la Géorgie31.

Exil
Le 13 février 1921, Alexandre Khatissian quitte Tiflis et se rend à Londres deux semaines plus tard pour participer à la Conférence de Londres (1921-1922) au sein de la Délégation de la République arménienne dirigée par Avetis Aharonian et plaider la cause d’une Arménie indépendante et unifiée et non un Foyer arménien comme s’y résigne la Délégation nationale arménienne de Boghos Nubar Pacha32.

Alors que les Arméniens n’y ont pas été invités, il se rend à la conférence de Lausanne (1922-1923) avec Avetis Aharonian ou encore Gabriel Noradounghian, et ils mènent ensemble une campagne de lobbying pour défendre les intérêts arméniens33. Ils présentent un mémorandum demandant la création d’un Foyer arménien en Turquie qui correspondrait soit à l’Arménie du Traité de Sèvres, soit à la Cilicie, et qui envisagerait même la cession d’une partie de la Turquie orientale à l’Arménie soviétique33. Leur voix ne fut pas entendue et le Traité de Sèvres fut remplacé par le Traité de Lausanne.

Alexandre Khatissian s’installe à Paris dans l’entre-deux-guerres2. Il prend un temps la tête de la Délégation de la République arménienne, puis est remplacé par Hrant Samuelian34.

Durant l’occupation de Paris par les nazis, il s’installe à Porto, au Portugal2.

Il meurt le 10 mars 1945 à Paris.

source : wikipedia

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