1 Nouvel Hay Magazine

ça leur fait tout drôle d’entendre du kazakhe au lieu du russe soviètique…

Les présidents Poutine et Tokaïev sont assis derrière les pupitres .M. Tokaïev introduit la séance : « Permettez-moi de débuter en remerciant le très respecté Vladimir Vladimirovitch… » Les mots sont  prononcés en langue kazakhe. Celle-ci a beau être – avec le russe – la langue officielle du pays, c’est une première. A voir Ies visages de la délégation russe, sourcils levés, gestes un peu perdus pour  chercher les boîtiers de traduction, pour comprendre ce que ces vingt-cinq secondes – le temps mis par M. Tokaïev pour repasser au russe – ont de spécial.

« Tokaïev ne se serait jamais permis une telle initiative avant la guerre en Ukraine, souligne Temur Umarov, chercheur au centre Carnegie et spécialiste de la politique étrangère des Etats d’Asie centrale. C’est à la fois une continuation de la politique d’affirmation nationale du Kazakhstan et un message envoyé vers l’extérieur qui rappelle que le pays n’est pas prêt à suivre la Russie où qu’elle aille. »

( en 2022 c’est grâce à l’intervention des troupes de Moscou que M. Tokaïev sauvait son fauteuil, menacé par d’immenses émeutes.)

Ces signaux envoyés par Astana sont d’autant plus révélateurs que le Kazakhstan s’est toujours singularisé par une prudence extrême dans ses rapports à la Russie, qui, de son côté, considère ce pays comme son partenaire le plus important en Asie centrale, sinon comme son obligé.

Mais devant la visite d'Emmanuel Macron, dans ce même Kazakhstan, quelques jours avant celle de M. Poutine, Sergueï Lavrov, ministre des affaires étrangères russe, explique : « L’Union européenne ne cache pas son intention de nous contenir de toutes les façons possibles, de nous évincer de l’Asie centrale et du Caucase du Sud… Cela ne marchera pas »

 

source : JP D., Le Monde

 

photo : D.R.