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AYP FM : Le parc de la honte en Azerbaïdjan

par Henri PAPAZIAN

“Cette semaine Aliev a atteint l’extrême de l’innommable.
L’inauguration menée en grande pompe, par un Aliev paradant au milieu des trophées de guerre, de cet immonde parc dédié à la gloire de l’armée azérie, où sont exposés, en une allée d’honneur des casques de soldats arméniens tués, des espaces où sont exposés des caricatures de soldats arméniens dans des poses humiliantes, ou agonisant sur des lits d’hôpitaux, en est le témoignage odieux.

La description des « sujets » proposés au regard du public, invité à visiter ce parc d’attraction, et qu’on ne détaillera pas davantage tant ils donnent la nausée, démontre, s’il était encore nécessaire, le niveau de la haine à l’encontre des Arméniens, manifestée par le pouvoir Azéri.

Les enfants, dont les visites en groupe seront organisées dans le cadre des sorties scolaires, sont les cibles privilégiées du pouvoir, qui cultive ainsi auprès des générations futures, le ressentiment anti Arménien qui constitue le ferment du nationalisme extrême entretenu par Bakou.

Les réactions de la classe politique arménienne ne se sont pas faites attendre. Le ministère arménien des Affaires étrangères dénonce « la dégradation publique de la mémoire des victimes de la guerre, des personnes disparues et des prisonniers de guerre » et une « violation des droits et de la dignité de leurs familles ». Et les différentes personnalités qui se sont exprimées ont toutes soulignées le caractère criminel, fasciste, xénophobe et intolérant du pouvoir Aliev, le comparant, pour certains, à Hitler dont la barbarie du régime nazi est rappelée dans les musés du monde entier.
Le Premier ministre a également dénoncé l’ouverture de ce parc de l’horreur lors de son entrevue hier à Erevan avec le représentant spécial de l’Union Européenne, parlant de l’arménophobie qui règne en Azerbaïdjan et qui est officiellement encouragée par les dirigeants de ce pays. Sans commentaire de ce dernier. Il s’est simplement contenté d’exprimer une préoccupation générale concernant des obstacles qui pourraient rendre impossible l’instauration d’une atmosphère de confiance, sans considérer que l’exploitation de ce parc pourrait en constituer l’un des éléments.
En diaspora, ce sont les comités de Défense de la Cause Arménienne qui ont vivement réagi interpellant les chancelleries sur ce nouvel acte d’inhumanité et d’intolérance de l’Azerbaïdjan.
Ainsi pour le CDCA qui a interpellé le président français Emmanuel Macron, le ministre des affaires étrangères Jean Yves le Drian, les ambassadeurs de France en Azerbaïdjan et en Arménie, il y a là une « Apologie de la torture et des crimes de guerre dans le nouveau parc d’attraction d’Aliev », dénonce le CDCA, qui ajoute « La France et l’Union Européenne doivent dénoncer ces crimes abjects et sortir de leur silence coupable. »
Les CDCA des Etats Unis, d’Australie et de Moscou ont également interpelé l’Union Européenne. On attend maintenant la réaction des gouvernements de ces Etats.

Le CCAF, quant à lui dénonce l’ouverture à Bakou de ce parc rebaptisé « parc de la honte », et souligne que c’est la haine de l’Arménien qui est à l’honneur dans ce parc, avec la perversité ultime de ce dictateur qui fanfaronne parmi les statues d’Arméniens représentés dans des scènes macabres.
C’est l’apologie des crimes de guerre et la célébration des souffrances infligées aux Arméniens d’Artsakh qui sont l’objet de ce parc de l’horreur, dénonce le CCAF, qui demande comment peut-on encore prétendre entretenir de bonnes relations avec cet Etat sanguinaire qu’est l’Azerbaïdjan, et combien de temps encore les puissances occidentales et l’Union européenne vont-elles détourner le regard.
Alors que les Arméniens du monde entier s’apprêtent à commémorer le 24 avril, le CCAF s’indigne que 106 ans après, l’esprit génocidaire continue, et retrouve plus que jamais, toute son ardeur dans l’indifférence générale, conclut le CCAF.
Aucune chancellerie, y compris celles des pays co-président le groupe de Minsk n’ont jugé bon de réagir à l’ouverture de ce parc. Seul L’ambassadeur de France en Arménie a osé rompre le silence diplomatique, déclarant mesurer et comprendre l’émotion des Arméniens face à ce parc, rappelant que la guerre ne doit pas faire l’objet d’une mise en scène théâtrale.
Le diplomate a également ajouté qu’il avait eu l’occasion, il y a quelques jours de visiter le cimetière militaire de Yerapelour, soulignant que c’est un endroit où on mesure l’étendue des pertes, la souffrance des familles. « Mais c’est aussi un endroit d’une très grande dignité” avait ajouté Jonathan Lacote, sans doute pour marquer la différence avec le comportement constaté en Azerbaidjan.”

Henri Papazian pour AYP FM