1 Nouvel Hay Magazine

Le Karabagh (Artsakh) une république fédérale ?

REPUBLIQUE FEDERALE D’ARTSAKH (KARABAGH)
 
Dans le monde entier, les bonnes relations de voisinage entre les États est souhaitable pour le bien de tous.
Mais ce bon voisinage est-il réel ?
 
Les villes et les villages adjacents de deux Etats limitrophes peuvent-ils vraiment
s’entendre lorsque les religions, les langues et les coutumes sont différentes ? La cohabitation pourrait être sereine
et amicale sauf si un tiers intervenait pour perturber cet équilibre.
Il est fort regrettable de constater que pour des intérêts personnels, des liens amicaux et pacifiques puissent se
détériorer et générer un conflit meurtrier.
 
Pendant des centaines d’années, des peuples ont réussi à vivre ensemble, ils ont partagé leur joie et leur douleur
mais une haine distillée par le nationalisme ainsi que la misère sociale ont conduit à des affrontements et des
combats entre des peuples qui, hier encore, vivaient en bonne intelligence.
 
Ainsi, des peuples entiers furent exterminés et les seules traces de leur existence ne sont visibles au mieux que dans les livres d’Histoire.
L’Arménie aurait pu être un de ces peuples disparus dont la civilisation millénaire n’aurait été connue que par les
ouvrages d’art et de culture, en supposant que tous les édifices, témoins de cette grandeur ne fussent pas anéantis.
Début 1921, Staline (23 millions de victimes, ndlr) avait invité les pays du Caucase et la Turquie à Moscou pour
déterminer les frontières de chaque pays.
 
Soudain, les révoltés de l’ancien régime renversèrent le gouvernement d’Arménie soviétique et
contestèrent la légitimité de la délégation arménienne de Moscou qui dut se retirer.
 
L’Artsakh (Haut Karabagh, ndlr), pourtant majoritairement peuplé d’Arméniens, fut donc arbitrairement
rattaché administrativement à l’Azerbaïdjan par Staline. Ce sujet sera plus amplement développé dans un prochain article.
Il est bien évident que le litige sur la question de l’Artsakh (Karabagh) entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan remonte à
100 ans. Cependant, depuis la dislocation de l’URSS, les tensions entre les deux pays se sont accentuées et les
populations arméniennes ont été victimes de massacres à Soumgaït et plusieurs centaines d’Arméniens ont été
chassés de Bakou.
 
Face à cette situation dramatique, les Arméniens d’Artsakh (Karabagh) proclamèrent leur
indépendance le 2 septembre 1991 et formèrent un gouvernement auto-proclamé.
La dernière agression de l’Azerbaïdjan contre l’Artsakh (Karabagh) fut minutieusement préparée par la Turquie et
son État-major. Après plusieurs semaines d’un conflit meurtrier pour les Arméniens d’Artsakh (Karabagh) et les
volontaires arméniens contre les armées d’Azerbaïdjan et les mercenaires djihadistes encadrés par les généraux
turcs, un énième et dernier cessez le feu fut décidé grâce à l’intervention de la Russie dans le cadre du groupe de
Minsk.
 
Ne serait-il pas opportun pour assurer la stabilité dans cette région du Caucase de créer une République
d’Artsakh (Karabagh) et du Nakhitchevan sous la tutelle des trois puissances du groupe Minsk, la Russie, la France
et les États-Unis ? Toute immixtion d’autres États serait formellement proscrite.
Rétablir une paix juste dans cette région du Caucase est nécessaire pour le bien des trois États qui la composent
mais aussi pour la stabilité du monde entier car tout bouleversement et déséquilibre dans cette partie du monde
aura des répercussions aussi bien en Europe qu’en Amérique.
L’aveuglement des pays occidentaux et leur désintérêt du conflit meurtrier qui a eu lieu de fin septembre à début
novembre (2020, ndlr) ont fait le jeu de la Turquie qui maintenant pense avoir les mains libres pour continuer son expansion
politique et territoriale.
 
Nersès Durman
photo : D.R.