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Le Savoir (Pr Didier Raoult) & le Pouvoir (Y.Lévy)

Le conflit entre Yves Levy (mari de l'ex-ministre de la Santé) et Didier Raoult prend un tour personnel à l'occasion d'une tentative de réforme des statuts des instituts hospitalo-universitaires (IHU).

D. Raoult dirige celui de Marseille. Créés en 2010, les IHU incarnent un modèle de recherche médicale pour lequel le Marseillais a longtemps manifesté son attachement : dans un rapport au ministre de la Santé d’avril 2003  "un des pays les moins bien préparés à un problème d’épidémie massive", le médecin en appelle à la création de telles structures, extraites des carcans de la recherche médicale en vigueur. Les IHU ? Ils profitent du statut de "fondation" pour obtenir des financements privés et une plus grande liberté de recherche par rapport à l’État.

Mais l’arrivée d’Agnès Buzyn au ministère de la Santé en 2017 bouleverse les choses : si, déjà, le soupçon du conflit d’intérêts plane sur elle car son époux Yves Lévy dirige l’Inserm, une décision interministérielle du 2 octobre 2017 met le feu. La ministre torpille les IHU en les transformant en groupements d’intérêt public (GIP). Concrètement, on met fin au modèle "fondation" des IHU, et d'abaisser leurs crédits de 400 à 200 millions d’euros. Le tout selon les critères souhaités par son mari Yves Lévy, qui voulait la peau des IHU et comptait les ramener dans le giron de l’Inserm.

Didier Raoult se rebiffe publiquement. L'infectiologue n’hésite pas, alors que le couple Buzyn-Levy est au faîte de sa puissance, à dire ce qu'il pense dans les médias. "Les IHU sont un enjeu d’autorité et de territoire pour Yves Lévy. Il voudrait les diriger depuis Paris". Si la décision suscite la colère de nombreux chercheurs, c’est bien Raoult qui est monté en première ligne : "Yves Lévy donnait des ordres à tout le monde, il croit qu’il peut nous faire obéir. Les grands scientifiques n’obéissent à personne."

Sur la question du conflit d'intérêts impliquant le couple Buzyn-Lévy, la ministre aura alors la réponse toute trouvée : ce n’est pas son ministère mais Matignon qui a opéré cette décision. La même pirouette qui lui avait permis, à son arrivée à la Santé, de balayer d'un revers de la main les critiques en annonçant qu’elle se déporterait de tout dossier concernant l’Inserm.

sources : Marianne , Le Canard Enchaîné