Le nouveau titulaire de la chaire d’histoire turque et ottomane au College de France
Avecc un père diplomate de bonne famille, né avant la première guerre mondiale, Edhem Eldem était à bonne école. « Il me faisait même faire des dictées et, à la différence de nombre de mes collègues ou étudiants qui déchiffrent cette langue comme une langue morte, elle est pour moi bien vivante » dit le nouveau titulaire de la chaire d’histoire turque et ottomane du Collège de France
Le grand tabou du génocide arménien
Historien en Turquie, c'est se retrouver en première ligne. « Il vaut mieux éviter d’aller parader sur les plateaux de télévision en défiant la doxa officielle. Eviter de se laisser olémiques. Mais, si l’on reste sur le terrain de la recherche, on peut continuer à travailler », affirme Edhem Eldem qui, avec certinstrumentaliser dans des pains de ses collègues, s’engagea au début des années 2000 contre le grand tabou du génocide arménien. Recep Tayyip Erdogan, qui se posait à l’époque en réformateur libéral proeuropéen, accepta en 2005 l’organisation, à Istanbul, d’un colloque sur le sujet : le premier du genre jamais organisé en Turquie.
Depuis, l’AKP et son leader préférent jouer la carte du nationalisme. « Mais les portes alors ouvertes le sont restées. Dans mes livres ou mes articles, je parle comme nombre de mes collègues de “génocide” pour qualifier l’anéantissement des Arméniens de l’Empire ottoman » rassure Edhem Eldem, mais « cette conscience du génocide reste confinée dans un microcosme intellectuel, la majorité de la population restant négationniste ».
source : Le Monde