1 Nouvel Hay Magazine

“Moi Daniel Blake” samedi 8 avril 2017 à 16h à Paris au centre culturel UCFAF-JAF 6 cité du Wauxhall 75010

samedi 8 avril à 16h , 6 cité du Wauxhall 75010 , métro République.

Le contexte :

Depuis octobre 2008, les autorités du Royaume-Uni considèrent que de nombreuses personnes présentant des problèmes de santé ou de handicap peuvent accéder à un travail. Une prestation leur est versée, l'ESA (Employment and Support Allowance), pour les inciter à retrouver une activité. Ils sont tenus de participer à une série d'entretiens concernant leur recherche d'emploi2. En , le plan d'austérité mis en place par George Osborne3 prévoit la privatisation du plus grand nombre des services publics. Ceux qui restent en place sont soumis aux mêmes normes managériales que le secteur privé : évaluation et concurrence4. Ce sont désormais des salariés rémunérés sur objectifs qui appliquent les règlements : la gestion sociale s'en trouve bouleversée5.

Synopsis

Daniel Blake, veuf, menuisier de 59 ans, est victime d'un accident cardiaque, ce qui l'oblige à faire appel pour la première fois de sa vie à l'aide sociale. Ses médecins lui interdisent de travailler. Mais il est déclaré apte par une compagnie privée sous-traitant pour l'administration la « chasse aux tire-au-flanc6 ». Les services sociaux le privent donc de l'allocation à laquelle il croyait avoir droit7. Il peut faire appel, mais la procédure sera longue. On lui conseille, en attendant, de s'inscrire au chômage5.

Commence alors une « descente aux enfers8 ». Blake est « pris dans le piège d’une administration tatillonne qui multiplie les humiliations : recours à des centres d’appels qui ne servent à rien, épuisant parcours de formulaires à remplir sur Internet, jamais complets, dédale kakfkaïen et bureaucratique qui broie lentement mais sûrement9 ». Blake se heurte « à une succession d’individus qui en sont à peine, des êtres qui parlent comme des répondeurs téléphoniques à options multiples, et qui veulent le forcer à se plier à des règles qui n’ont pour lui aucun sens6 ». Pour percevoir une allocation, il est tenu de consacrer 35 heures par semaine à des recherches d'emploi6. « Je suis un homme malade, dit-il, recherchant des boulots inexistants10. » Il doit suivre un « atelier CV »8. Dans un texte qu'il destine à une commission d'appel, il tient à préciser : « Je suis un homme, pas un chien. Un citoyen — rien de moins et rien de plus10. »

Lors d'un de ses rendez-vous « ubuesques11 » au Jobcentre, Blake fait la connaissance de Katie Morgan, mère célibataire contrainte de loger à 450 km de sa ville natale pour éviter d'être placée en foyer de sans-abri12, ce qui lui ferait perdre la garde de ses deux enfants11. La fonctionnaire chargée de son dossier refuse de la recevoir, au motif qu'elle est arrivée en retard. Katie a beau expliquer qu'elle ne connaît pas la ville, qu'elle n'est pas familiarisée avec le réseau de bus local, rien n'y fait13. Son allocation est supprimée pour une durée d'un mois14. Blake et Katie vont s'entraider.

Fiche technique

Distribution

Production

Motivations des auteurs

Le scénariste Paul Laverty explique d'où est venue l'idée du film : « La campagne de dénigrement systématique menée par la presse de droite contre tous les bénéficiaires de l'aide sociale, relayée par plusieurs émissions de télévision haineuses qui se sont engouffrées dans la brèche, a attiré notre attention. Les médias se délectaient de la détresse des gens de manière obscène19. » Pour le réalisateur Ken Loach, « le point de départ a été l'attitude délibérément cruelle consistant à maintenir les gens dans la pauvreté et l'instrumentalisation de l'administration — l'inefficacité volontaire de l'administration — comme arme politique. On sent bien que le gouvernement cherche à faire passer un message : « Voilà ce qui arrive si vous ne travaillez pas. Si vous ne trouvez pas de travail, vous allez souffrir. » Il n'y a pas d'autre explication à cette attitude. Et la colère que cette politique a provoquée chez moi m'a donné envie de faire ce film19. »

Enquête

Selon leur habitude, Laverty et Loach se livrent à une longue enquête sur le terrain, recueillent des témoignages9. « Nous avons rencontré, dit Loach, un groupe de demandeurs d’emploi par l’intermédiaire d’une association caritative. Il y avait un jeune homme qui n’avait pas mangé depuis quatre jours. Un autre, à qui l’agence pour l’emploi avait demandé à 5 heures du matin de se rendre à un entrepôt à 6 heures, s’était entendu dire une fois sur place qu’il n’y avait pas de boulot. On évoque cette humiliation permanente et ce sentiment constant de précarité7. »

Tournage

Le tournage commence le  en Angleterre du Nord-Est, à Newcastle upon Tyne, et aux alentours12. Quelques scènes sont tournées à Londres20.

Accueil critique

Critiques négatives

Au Festival de Cannes, les films favoris sont Toni Erdmann de Maren AdePaterson de Jim JarmuschElle de Paul Verhoeven… Sans faire figure de favori, Moi, Daniel Blake est accueilli très favorablement par la critique lors de sa projection21. Des voix discordantes se font cependant entendre. Christophe Narbonne, sur premiere.fr, juge le film « mécanique, voire paresseux », attaquable non sur le fond, mais « sur la forme et sur le traitement22 ». Serge Kaganski, sur lesinrocks.com, parle de « manichéisme proche de la démagogie », de « tract sentimentaliste et manichéen, imprégné d’un pathos mélenchonien », de « l’usuel pathos mélenchonien du vieil anglais révolté », de « grosses ficelles », d'un film qui « relève plutôt du tract sentimentaliste et du chantage à l’émotion que du cinéma ». Pour Kaganski, « c'est pauvre, simpliste, démagogique », et Loach est un « médiocre cinéaste […] idéologue plutôt que cinéaste23 ».

Critiques positives

Mais le film et le cinéaste ne manquent pas de défenseurs enthousiastes.

  • Emmanuelle Spadacenta, sur cinemateaser.com : « Faire ce procès à un réalisateur qui depuis des décennies tourne avec peu de moyens et des acteurs amateurs (très souvent) des films énervés et sociaux frise le ridicule. Car face à l’absurdité du monde actuel, à la déshumanisation galopante, au capitalisme roi, aux impératifs de rentabilité du système social, Ken Loach ne peut rien opposer de plus que du cinéma comme un cri du cœur, comme un ultimatum. S’il doit, pour exprimer sa colère et celle des gens, utiliser des moyens presque manipulateurs ou un ton légèrement passéiste, il le fera. Ken Loach n’est pas le genre d’auteurs à passer par la métaphore pour plaire aux journalistes les plus poètes. Il accomplit régulièrement, par le biais de la comédie, du drame ou du film d’époque, son rôle d’objecteur de conscience devant un parterre bien sapé […] De ses « citoyens de seconde zone », cabossés si ce n’est abattus par un système débilitant, il tire un portrait citoyen. Cousu de fil blanc peut-être, mais vivant24. »
  • Boustoune, sur anglesdevue.com : « Même si on trouve toujours quelques esprits chagrins estimant que le cinéaste ne se renouvelle pas et flirte avec le misérabilisme, il faudrait avoir un cœur de pierre ou être président du Medef pour ne pas être touché par ce long-métrage qui défend la dignité humaine et porte haut les valeurs d’altruisme, de générosité et de lutte contre les injustices25. »
  • Jean-Claude Raspiengeas, sur la-croix.com : « Œuvre déchirante et forte9. »
  • Danielle Attali, sur lejdd.fr : « Défendu par des acteurs impeccables, traversé par un humour ubuesque, parfois prévisible dans sa narration, Moi, Daniel Blake n’en reste pas moins un plaidoyer militant contre la déshumanisation de nos sociétés modernes où certains fonctionnaires zélés ont perdu tout bon sens pour se mettre au service de la machine à broyer, et non du citoyen7. »
  • parismatch.com : « On y retrouve toutes les obsessions politiques et sociales de son auteur, plus enragé que jamais contre l’État anglais et sa machine bureaucratique qui broie les femmes et les hommes en position de faiblesse26. »
  • Éric Neuhoff, sur lefigaro.fr : « Ken Loach veille. À 80 ans, sa colère est intacte. Son film a une dignité, une épaisseur qui touchent le noir de la cible. Le vieux gauchiste britannique a tiré des larmes aux festivaliers27. »
  • Cécile Mury, sur telerama.fr : « Moi, Daniel Blake marque les retrouvailles du réalisateur de Riff-RaffMy Name Is Joe ou Ladybird avec « son » Angleterre, celle des démunis et des oubliés. Ce peuple que plus personne, sauf lui, n'appelle la classe ouvrière. Les victimes de toutes les crises, de toutes les politiques de rigueur, tous ceux qu'il est désormais un peu seul, en son époque et son île ultra-libérale, à défendre ainsi, caméra au poing, sans marchander, sans jamais rien lâcher. Cet isolement, ce côté « dernier des Mohicans », imprègne le récit d'amertume, lui donne, bien plus que pour le film précédent, un air d'ultime et poignant baroud d'honneur28. »
  • avoir-alire : « Fresque sociale vertigineuse à la Dickens […] Cela faisait un moment que le regard de Ken Loach n’avait pas paru aussi perçant et affûté, se chargeant exclusivement et avec une facilité confondante de dénoncer les inepties de nos sociétés. Dans un élan vital absolu, le Britannique fait donc ce qu’il sait faire de mieux, avec Moi, Daniel Blake : un cinéma social façon documentaire radical et sans concession. Ce qui sous-tend comme souvent chez lui une rigueur peut-être un peu froide et démonstrative. Mais qu’importe, son cinéma ne s’est jamais prétendu sophistiqué ou maniéré, bien au contraire […] Les larmes coulent peut-être plus facilement à flot qu’à l’accoutumée, mais Ken Loach ne recourt pour autant jamais au sentimentalisme. Sans doute faut-il y voir là la marque des plus grands, à commencer par Charles Dickens5. »
  • Thomas Sotinel, sur lemonde.fr : « Ce que Ken Loach démontre avec rigueur et énergie, c’est que le retour aux idées victoriennes (la pauvreté est un péché, elle se corrige par la discipline, entre autres) amène le retour des drames du temps d’Oliver Twist6. »
  • Laura Pertuy, sur lepetitjournal.com : « Loach souligne la détresse d’un pays dont on admire souvent la prospérité sans en voir les failles […] Moi, Daniel Blake adopte le naturalisme pour mieux inscrire son propos dans les esprits et souligner l’urgence dans laquelle vivent les personnes qu’il dépeint21. »
  • Jérôme Vermelin, sur metronews.fr : « On en ressort la gorge nouée. La peur au ventre aussi en se disant qu’il se déroule en 2016, dans l’une des plus grandes démocraties du monde. »
  • Thierry Gandillot, sur lesechos.fr : « Moi, Daniel Blake dresse un constat terrible de la précarité et du cynisme de l'administration. Le cynisme aussi des marchands de misère qui profitent de la détresse des gens. À l'inverse, il décrit les gestes de solidarité et de compassion qui se développent au sein des classes défavorisées. Et pointe la grande dignité avec laquelle Daniel Blake, un cœur pur et courageux, affronte sa situation. On en ressort bouleversé, mais aussi, malheureusement, désespéré19. »
  • Thierry Chèze, sur lexpress.fr : « Le cinéaste anglais signe un des films majeurs de sa carrière […] Très vite, on comprend que ce Moi, Daniel Blake ne sera pas un simple film de plus. Mais un cri sourd qui vous saisit et vous poursuit longtemps après être sorti de la salle […] Ce Loach-là est tout simplement implacable. Un film majeur qui raconte la brutalité d'une époque et la manière aberrante dont l'administration chargée d'aider ceux qui ont un genou à terre ne fait que les enfoncer à coup de lois, décrets et autres règles qui en se parant d'équité bafouent toute humanité. Œuvre d'intérêt public, ce Loach 2016 est un très grand millésime, porté par deux comédiens éblouissants11. »

Box-office

Distinctions

Récompenses[modifier | modifier le code]

Notes et références

  1.  « Moi, Daniel Blake (2016) » [archive], sur www.unifrance.org (consulté le 1er novembre 2016)
  2.  « Royaume-Uni – Deux nouvelles prestations d’incapacité : Employment and support allowance (ESA) – contributive et non contributive », sur cleiss.fr [archive], mars 2009 (consulté le 20 mai 2016).
  3.  Éric Albert, « La Grande-Bretagne promise à l’austérité », sur lemonde.fr [archive], 2 décembre 2014 (consulté le 23 mai 2016).
  4.  « Anatomie du plan d'austérité au Royaume-Uni », sur contretemps.eu [archive], janvier-février 2011 (consulté le 23 mai 2016).
  5. ↑ ab et c « Préparez vos mouchoirs », sur avoir-alire.com [archive], 13 mai 2016 (consulté le 19 mai 2016).
  6. ↑ abc et d Thomas Sotinel, « Moi, Daniel Blake : l’Angleterre néo-victorienne selon Ken Loach », sur lemonde.fr [archive], 14 mai 2016 (consulté le 20 mai 2016).
  7. ↑ ab et c Danielle Attali, « Bertrand Tavernier sur le film Moi, Daniel Blake : « Voilà ce que nous prépare Macron », sur lejdd.fr [archive], 13 mai 2016 (consulté le 20 mai 2016).
  8. ↑ a et b « Avec I, Daniel Blake, Ken Loach secoue la Croisette », sur lorientlejour.com [archive], 14 mai 2016 (consulté le 20 mai 2016).
  9. ↑ ab et c Jean-Claude Raspiengas, « I, Daniel Blake, glissements progressifs de la déchéance », sur la-croix.com [archive], 13 mai 2016 (consulté le 20 mai 2016).
  10. ↑ a et b Antoine Duplan, « Dans I, Daniel Blake, un charpentier malade recherche des boulots inexistants », sur letemps.ch [archive], 13 mai 2016 (consulté le 20 mai 2016).
  11. ↑ ab et c Thierry Chèze, « Un grand Ken Loach poignant mais jamais larmoyant », sur lexpress.fr [archive], 13 mai 2016 (consulté le 19 mai 2016).
  12. ↑ ab et c (en) Michael Rosser, « Ken Loach starts 'I, Daniel Blake' shoot », sur screendaily.com [archive], 28 octobre 2015 (consulté le 20 mai 2016).
  13.  Saïd Ould Khelifa, « I, Daniel Blake : Palme d'or du cœur… », sur lexpressiondz.com [archive], 14 mai 2016 (consulté le 20 mai 2016).
  14.  Boustoune, « Moi, Daniel Blake de Ken Loach », sur anglesdevue.com [archive], 14 mai 2016 (consulté le 20 mai 2016).
  15. ↑ ab et c (en« Full Cast & Crew », sur imdb.com [archive], 2016 (consulté le 20 mai 2016).
  16.  « Moi, Daniel Blake », sur allocine.fr [archive] (consulté le 20 mai 2016).
  17. ↑ a et b (en« Company Credits », sur imdb.com [archive], 2016 (consulté le 20 mai 2016).
  18. ↑ a et b (en« Technical Specifications », sur imdb.com [archive], 2016 (consulté le 20 mai 2016).
  19. ↑ ab et c Thierry Gandillot, « Moi, Daniel Blake : la grande colère de Ken Loach », sur lesechos.fr [archive], 18 mai 2016 (consulté le 20 mai 2016).
  20.  (en« Filming Locations », sur imdb.com [archive], 2016 (consulté le 20 mai 2016).
  21. ↑ a et b Laura Pertuy, « Une P

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