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Erdogan ou Etyen(Etienne) Mahçupyan à Erevan pour le centenaire du Génocide des Arméniens : La chronique de Nersès Durman

sans-titre (5)Commémoration du Centenaire du Génocide des Arméniens à Yerevan en présence des autorités turques .

L’évocation du cinquantenaire du génocide des Arméniens, en 1965, devait marquer un tournant dans les commémorations du 24 avril. C’est en Arménie soviétique qu’eut lieu l’impensable, l’inimaginable une foule exceptionnelle allait défiler dans les rues d’Erevan défiant ainsi les autorités du pays. Puisque contrairement à ce que l’on pourrait croire la date du 24 avril n’était pas fériée en Arménie. Deux ans plus tard, en 1967, fut érigé à Erevan, sur les hauteurs de Dzidzernagapert, un monument qui rendait hommage à la Mémoire des victimes du Génocide et symbolisait par sa double flèche (Arménie, Diaspora) pointant vers le ciel la Renaissance du peuple arménien. Cet acte ne constitua-t-il pas le réveil des consciences parmi les rescapés arméniens ? 
En France, la commémoration du génocide était organisée sous l’égide des trois églises arméniennes. Gabriel Soghomonian, alors président de la JAF, fut le premier à vouloir faire du 24 avril non plus seulement une journée de recueillement mais surtout un combat et un rassemblement revendicatif pour la reconnaissance du génocide et de la restitution des biens spoliés aux Arméniens.
Actuellement, la République souveraine d’Arménie est prise dans un étau par la Turquie qui garde sa frontière fermée. Elle se trouve toujours en état de guerre avec l’Azerbaïdjan malgré une trêve signée sur la question du Haut-Karabagh où chaque jour des soldats tombent sous le feu des snippers azéris.
En soufflant le chaud et le froid, la Turquie essaie d’imposer sa politique vis-à-vis de l’Arménie, mais sa plus grande crainte est la diaspora arménienne qu’elle n’arrive pas à maîtriser.
Que représente la diaspora arménienne ?
Notre résidence en France nous a permis directement d'étudier la situation de la communauté arménienne.
Grâce à la détermination et à l’unité du comité du 24 avril alors présidé par Alexis Govciyan et après maintes tergiversations, la France reconnaissait officiellement le Génocide Arménien le 18 Janvier 2001. Aujourd’hui le CCAF (Conseil de Coordination des Associations arméniennes de France) pourrait jouer un rôle fédérateur et avoir une réelle qualité représentative si les intérêts particuliers cédaient le pas à l’intérêt général.
Les ennemis des Arméniens ont très bien étudié les structures de la diaspora dans le monde et peuvent espérer contrecarrer son action. Ainsi, dans différents pays du monde, les autorités turques ont fait massivement immigrer leurs compatriotes dans les villes où les Arméniens constituaient une forte minorité.
 
La Turquie a une mainmise sur la communauté arménienne de son pays où vivent 100 000 Arméniens dont 30 000  seraient originaires d’Arménie. Les Arméniens de Turquie ne sont-ils pas des otages que le pouvoir turc peut utiliser dans ses futures transactions ? Erdogan n’avait-il pas menacé d’expulser les Arméniens de Turquie, alors qu’il était Premier ministre ? 
En Turquie, tout au début de la victoire du parti islamiste modéré AKP, les autorités n’avaient-elles enrôlé un collaborateur du journal bilingue AGOS, un certain Etyen Mahçupyan (photo) venu à Paris pour faire l’éloge d’Erdogan à la  télévision ? Après l’élection d’Erdogan à la présidence de la République turque et la nomination d’Ahmed Davutoglu au poste de Premier ministre, l’Arménien Etyen Mahçupyan n’est-il pas  devenu conseiller principal auprès de ce dernier ?
Lors de la commémoration d’investiture d’Erdogan, Serge Sarkissian avait envoyé un message de félicitations et une invitation personnelle remise par Edouard Nalbandian pour la commémoration du Centenaire du génocide à Erevan. Il faut se rappeler qu’à l’époque quand Erdogan était premier ministre il avait qualifié le génocide « d’événements tragiques de 1915 ». 
La Turquie ne se prépare-t-elle pas à être représentée par Etyen Mahçupyan le 24 avril 2015 à Erevan ? 
A l’époque des Ottomans, la diplomatie turque n’avait-elle pas été à son apogée, grâce aux investissements des « Amiras arméniens », que les autorités de l’empire n’hésitaient pas à solliciter fréquemment ? 
Sans aucun préalable, l’Arménie avait signé, le 11 octobre 2009 à Zurich, un protocole avec la Turquie pour ouvrir ses frontières et assurer une libre circulation des personnes et des biens entre les deux pays. Sous la pression de l’Azerbaïdjan, le « Meclis », Parlement turc n’avait pas ratifié ce protocole. Ce fut un camouflet donné par l’Arménie, qui commençait à se faire les dents sur le terrain glissant de la diplomatie. Souhaitons que la diplomatie arménienne saura éviter les pièges et les obstacles afin de préserver les intérêts et la sécurité des Arméniens.

Nersès Durman