QUI VA SONNER LE TOCSIN POUR L’ARMÉNIE ?
Durant des décennies, les Arméniens éparpillés dans le monde entier
attendirent que les pays qui les avaient accueillis reconnaissent enfin le
Génocide dont ils furent victimes dans l’Empire Ottoman entre 1915 et
1917. Malgré leur intégration, leur travail, leur abnégation, ils n’obtinrent
que des mots lors des sempiternelles commémorations du 24 avril.
Un tournant décisif fut marqué en 1965, lorsqu’un responsable de la JAF
proclama qu’il n’était plus temps de pleurer et de se lamenter sur les
morts, mais de revendiquer et d’exiger justice envers cette Turquie négationniste et les pays
occidentaux coupables par leur silence. Cependant, il aura fallu attendre les actions de l’ASALA pour
qu’enfin journalistes et hommes politiques sortent de leur torpeur et évoquent le Génocide des
Arméniens. Au fur et à mesure, des lois de reconnaissance du Génocide des Arméniens furent votées.
Malheureusement, aujourd’hui, en voyant les conditions dramatiques de vie des Arméniens de
l’Artsakh, nous nous retrouvons dans la même situation avec ce même silence complice des médias
et des Occidentaux. Pire encore, nous avons l’impression, et ce depuis l’affaire Safarov en 2004, que
l’Azerbaïdjan et la Turquie demeureront à jamais impunis malgré leurs crimes de guerre, les
déportations et les massacres. Ramil Safarov avait massacré à coups de hache un Arménien lors d’un
stage organisé par l’OTAN en Hongrie. Safarov fut condamné à Budapest à la réclusion criminelle à
perpétuité, puis extradé vers l’Azerbaïdjan afin d’y purger sa peine. Mais, arrivé à Bakou, il fut libéré
et acclamé comme un héros national. Quelles furent les sanctions de l’OTAN contre l’Azerbaïdjan
pour ce crime ? Rien !
Pourquoi les Occidentaux, si prompts à défendre l’Ukraine attaquée sur son territoire par la Russie,
détournent-ils les yeux de l’Arménie ?
La crispation et l’exaspération du peuple arménien face à une telle injustice et une telle iniquité
risquent d’aboutir à une résurgence d’une force militaire résistante arménienne pour combattre les
agresseurs de l’Arménie.
Les Arméniens ne pourront plus se contenter de beaux discours et de déclarations d’intention, alors
que 120 000 d’entre eux sont pris au piège de l’hiver et de la famine. Tous les éléments sont réunis
pour qu’une action spectaculaire sorte les Occidentaux de leur apathie et de leur indifférence.
Nersès Durman Arabyan
février 2023 – Antony
