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Artsakh blocus 44ème jour

Après 44 jours de blocus, la situation en Artsakh semble se stabiliser petit à petit et s'inscrire sur la très longue durée.

Le facteur limitant risque d'être l'énergie en général et l'électricité en particulier.

Le blocus est partiel en ce sens que l'Artsakh continue d'être réapprovisionné par les Rsses et la Croix rouge internationale.

La Croix rouge permet par ses livraisons de médicaments de maintenir en vie les hôpitaux et d'évacuer vers Erevan les malades nécessitant des soins urgents.

Les Russes assurent de manière publique le réapprovisionnement des habitants en aliments de première nécessité. La poursuite des négociations dont parlent les Russes auraient donc permis la possibilité de ces approvisionnements.

En effet, les Russes font désormais transiter par la route fermée aux Arméniens des "convois humanitaires" dont le contenu n'est pas détaillé.

Probablement aussi que les Russes approvisionnent les autorités publiques d'Artsakh en diesel et essence pour permettre la gestion des affaires courantes et la distribution des denrées indispensables aux habitants.

En ce qui concerne l'électricité, la situation est beaucoup plus incertaine. En effet, alors que le gaz est coupé, l'inaction de l'Etat et des organisations humanitaires apparaît au grand jour. Tous ont préféré mener des politiques sociales plutôt que d'investir dans des systèmes autonomes de production électrique.

En conséquence, l'Artsakh est aujourd'hui entièrement dépendant de sa seule centrale hydroélectrique de Sarsang dont le réservoir finira inexorablement par se vider un jour ou l'autre.

En régime normal, la centrale est à l'arrêt pendant l'été. En régime normal, la centrale n'est pas exploitée à pleine capacité 24h/24 7j/7 comme actuellement. Plus son niveau baisse, plus sa puissance diminue. La saison hivernale et le printemps vont être certes des périodes favorables mais le doute est permis quant au maintien de sa capacité au fil des mois.

Les coupures sont désormais d'au moins 6 heures par jour. L'absence de gaz entraîne une surconsommation pour le chauffage et la cuisine. Les autorités en charge du réseau de distribution alertent sur les risques de surcharge du réseau et les avaries.

La nuit dernière, Stépanakert et les régions d'Askeran et de Martouni ont été coupées 3 heures de plus pendant la nuit pour permettre la réparation d'un transformateur. 

Combien de temps le réseau va pouvoir continuer à être entretenu ? Les pièces détachées vont forcément commencer à manquer.

L'entretien des véhicules de transport pose moins de problèmes car leur très grande majorité ne sont plus utilisables en l'absence de carburant liquides et gazeux et constituent donc des réserves de pièces détachées.

Les habitants d'Artsakh sont au pied du mur. Ils sont confrontés à l'impératif de réorganiser l'ensemble de leur économie sur les seules ressources naturelles renouvelables disponibles localement, à l'échelle des villages. Les habitants d'Artsakh ont d'une certaine manière la chance de mener une transition écologique accélérée intégrant aussi le renforcement des relations intra-communautaires. Ils n'ont pas le choix. Ils doivent réussir. C'est une question de vie ou de mort.

Ces prochaines semaines, se joue non seulement leur destinée en tant que peuple sur ses terres ancestrales mais aussi celle de l'Arménie. Si l'Artsakh tombe, l'Arménie suivra immanquablement.

Gloire et force au peuple d'Artsakh!

Armen Rakedjian