L’œuvre d’art a éré adjugée pour 170 millions de dollars (161 millions d’euros) : le portrait de Marilyn Monroe par Andy Warhol (1928-1987) Shot Sage Blue Marilyn (1964) est ainsi devenu, à New York, l’œuvre du XXsiècle la plus chère jamais vendue aux enchères – le record absolu revient à Salvator Mundi, attribué à Léonard de Vinci et acheté 450 millions de dollars en 2017 par le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Ben Salman.

Shot Sage Blue Marilyn était le clou de la collection des galeristes suisses Thomas Ammann et Doris, sa sœur, tous deux décédés. L’acquéreur est, selon la presse américaine, le célèbre galeriste new-yorkais d’origine arménienne Larry Gagosian, dont on ne sait s’il agissait pour son compte ou pour celui d’un client. L’œuvre avait été estimée par la maison de vente Christie’s à 200 millions de dollars. Avec les commissions, le total atteint 195 millions de dollars (184 millions d’euros), chiffre historique, même s’il n’y a pas eu d’envolée exubérante.

La salle des enchères avait retrouvé, l’ambiance des grands jours,  180 participants, auxquels s’ajoutaient une soixantaine de professionnels en contact téléphonique avec leurs mandants à travers toute la planète. Le Français François Pinault, propriétaire de Christie’s, avait fait le déplacement.

Le succès du tableau tient à son histoire et à sa multiplicité. Ce carré d’environ un mètre de côté est fondé sur une photographie recadrée de l’actrice utilisée pour la promotion du film Niagara (1953). Les paupières de Marilyn Monroe sont bleues, le teint rose, les cheveux jaune et le fond bleu sauge. L’œuvre fait partie d’un groupe de cinq toiles, aux couleurs de fond différentes : bleu sauge, rouge, orange, bleu et turquoise. Andy Warhol avait développé une technique d’impression qu’il utilisa uniquement dans ce cadre, car elle exigeait beaucoup de travail.

En 1964, une artiste, Dorothy Podber se rendit dans les studios de Warhol à Manhattan sur la 47Rue, et, avisant les portraits, elle lui demanda si elle pouvait les « shooter ».: le roi du pop art acquiesça, comprenant qu’elle demandait l’autorisation de photographier les œuvres. En réalité, elle sortit un pistolet et tira sur les toiles de Marilyn. Warhol mit à la porte l’audacieuse. « J’ai été méchante toute ma vie. Jouer de sales tours aux gens est ma spécialité », déclara plus tard Dorothy Podber, qui était la fille d’un gangster du Bronx. Warhol répara ses œuvres – l’une avait été percée, trois enfoncées, une intacte. Mais en connaisseur de la société de consommation, il leur donna à toutes ce titre de Shot Marilyn, la version bleu sauge étant rebaptisée Shot Sage Blue Marilyn.