Une analyse du conflit actuel en Artsakh (Nagorny/Haut Karabagh)

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Correspondance d'Alice Kanterian :
 
Gambit Turc : La syrification de la guerre
 
Le but principal des scénaristes et du directeur de la guerre courante est l’expulsion de la Fédération de
Russie du Caucase du Sud, et éventuellement de la totalité du Caucase. L’une des options est de syrifier
la problématique du Karabakh. La Turquie désire d’entrer dans le processus de la négociation, en tant
qu’acteur lourd et influent, obligeant à renoncer du format du Groupe de Minsk de l’OSCE. L’objectif
primaire dans tous les discours du président Erdogan reste le groupe de Minsk de l’OSCE, et sa vision-
l’adoption du processus d’Astana dans la résolution du conflit de la Syrie dans le Caucase du Sud.
L’allusion est simple : les sphères d’influence pour les Etats engagés dans le processus de négociation : la
Turquie, la République Islamique d’Iran et la Fédération de Russie. Alors, pour le cas de la Turquie ce n'est
pas l'activité efficace des forces susmentionnées qui est appréciée, mais plutôt leur présence, qui
implique involontairement l’idée de syrification des procédures et des facteurs actuels du moins dans
ceux du conflit. Dans le cas de réalisation de ce scénario, la Turquie sera la partie gagnante, quels que soient
les résultats de la guerre pour l’Azerbaïdjan.
L'engagement de groupes terroristes opérant en Syrie et en Libye dans le champ de guerre du Karabakh
porte le message de syrifier les développements, c'est-à-dire qu'il revêt une importance à la fois
militaire et politique.
En substance, la guerre qui a éclaté le 27 septembre 2020 s’est terminée par la défaite de l’Azerbaïdjan.
En conséquence, l’Azerbaïdjan a placé le commandement de ses forces armées sous le contrôle de la
Turquie.
La guerre en cours est entre l'Arménie et la Turquie. La Turquie et l’Azerbaïdjan souhaitent présenter
cette guerre comme étant de nature arméno-turque, garantissant ainsi le soutien des Etats et des
nations turques. Dans le contexte donné, nous pouvons considérer le fait que, conformément aux
mercenaires des groupes terroristes «Sultan Murad», «Hamza» et «Nour al-Din al-Zenki», qui ont la
composition ethnique mixte (y compris à personnel turkmène), des militants du Mouvement
islamique du Turkistan oriental (c'est-à-dire les Ouïghours), qui avaient développé leur expérience dans
les actions syriennes, ont été transportés dans la zone de guerre par l'initiative de la Turquie;
simultanément, la circulation des informations selon lesquelles des manifestations anti-arméniennes sont
organisées par des Azéris turcophones en République islamique d'ran (à Ardabil, Tabriz, Urmia), visant à
fermer la frontière RA-RII.
Cependant, la guerre actuelle est également de nature russo-turque.
La Turquie, en renforçant sa position dans le Caucase du Sud, élargit son propre champ de négociation
dans le cadre du Grand Moyen-Orient. De plus, la logique actuelle de la guerre tend à affaiblir
l’Organisation du Traite de Sécurité Collective (OTSC), car elle met constamment en avant l’efficacité de
l’alliance Turque-Azerbaïdjan (dans le cadre de slogans « Deux nations, un Etat » et « Une nation, une
armée ») et la consolidation des alliés engagés par l’OTSC en arrière-plan.
La guerre a aussi une signification psychologique et démonstrative. Bien que l’armée turque contrôle de
nombreux bastions militaires et mène des actions transfrontalières dans le nord de l’Irak, le nord de la
Syrie et la Libye, tout engagement militaire de la Turquie dans le Caucase du Sud était impensable, en
raison du facteur russe, bien avant le début de la guerre qui a été déclenchée en septembre 2020.
En franchissant les lignes rouges, la Turquie a également surmonté la barrière psychologique contre le
facteur russe. Par ailleurs, compte tenu des tensons gréco-turques à l’Est de la Méditerranée, et de
l’aggravation entre la France et la Turquie dans le Caucase du Sud (en fait, la guerre entre l’Arménie et la
Turquie) est par sa nature un message spécifique à la Grèce et aux autres Etats de L’UE sur le caractère
décisif de la Turquie.
L’implication de nouveaux acteurs et de nouveaux facteurs dans la région sera combinée avec un
changement imprévisible de l’équilibre des forces dans la région, ce qui aboutira à terme non seulement
à revoir le format de négociation de la question du Karabakh, mais aussi attirer la Russie
a « ZUGZWANG » tout au long du périmètre ethnique, religieux et territorial post-soviétique.
Si l’Arménie doit remplir la fonction de la forteresse de séparation entre la Turquie et le monde turc,
alors l'Artsakh (Haut- Karabakh) est l’ancre principale de la Russie dans le Caucase du Sud.
Vahram S. Petrosyan, Docteur en histoire, professeur agrégé
David M. Manasyan Docteur en histoire,
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