1 Nouvel Hay Magazine

Quand le quotidien officiel du gouvernement arménien prônait une alliance avec la Turquie et l’abandon de la diplomatie pro-russe…

"L'Armenie devenue indépendante, reconnue sur la scène internationale au prix de nombreuses concessions , humaines et territoriales, doit préserver sa survie.

Le défi à la Russie est primordial pour ne pas devenir un Etat vassal.
Une paix est envisageable avec notre ennemi héréditaire , la Turquie, à condition
d'abandonner  l'orientation pro-russe de notre diplomatie.
 
Il est vrai que l'Arménie est en guerre  avec la Turquie kémaliste, alliée des bolché-
viques russes. Mais c'est une alliance temporaire comme celle de l'Angleterre avec
le gouvernement tsariste qui n'a duré que l'espace de trois ans.
S'allier au nouveau regime russe qui sera éphémère  est une décision fatale pour notre survie.
La seule solution pour l'Arménie est de trouver un moyen d'établir une confiance
mutuelle avec les Turcs.
Si  nous avions pris  position  contre les Russes pendant la Guerre (1914-1918) , tout
massacre et perte de territoire  aurait probablement été éviée.
Le peuple turc,  comme l'armenien ,aspire  a  une réconciliation durable.
Faisons confiance a notre force et parlons,  face a face avec notre ennemi turc et
qui est aussi notre voisin "
 
source : quotidien Haratch 
 
Zaven Gudsuz
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L'histoire de Haratch est intimement liée à celle de son fondateur, Chavarche Missakian. Né à Zmara, non loin de Sépastia (ou Sivas), en 1884, cet intellectuel et journaliste arménien a passé la majeure partie de sa vie active dans les milieux journalistiques arméniens[4]. Il commence en tant qu'homme à tout faire au sein du quotidien arménien Sourhandak, puis fonde avec Zabel Essayan, Kéram Barséghian et Vahram Tatoul l’hebdomadaire littéraire stambouliote Aztak[4]. Il échappe à la rafle des intellectuels arméniens d'Istanbul du 24 avril 1915 mais finit par se faire arrêter le 26 mars 1916 et est emprisonné jusqu'à l'armistice de Moudros[4]. Il est ensuite nommé rédacteur en chef du journal Djagadamard, quotidien de la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA)[4].

 

 

Chavarche Missakian est  élu membre du Bureau de la FRA et fonde le 1er août à Paris en son propre nom le journal Haratch[4]. Emprunté à l’organe du SPD (parti social-démocrate allemand) publié à Leipzig par Wilhem Liebknecht et intitulé Vorwärtz (« En Avant »), Haratch fut créé juste après le dixième Congrès de la FRA à Paris (novembre 1924- janvier 1925)[3].

 

 

 

Comité du journal Haratch à Paris, février 1928. De gauche à droite : Chavarche Missakian, Armen Lubin, Nechan Bechiktachlian, Melkon Kebabdjian, Chavarch Nartouni, Teotig (assis).

 

 

 

 

 

Dans un premier temps trihebdomadaire, Haratch devient quotidien à partir du 1er janvier 1927[4]. Jusqu’en 1939, le journal informe, éduque et structure la communauté arménienne de France[4]. Il atteint une diffusion quotidienne de 5 000 exemplaires et autant d’abonnés, et paraît sans interruption jusqu’à l’entrée des Allemands à Paris[4]. Haratch guide et conseille les réfugiés arméniens en France sur leur statut, le renouvellement des titres de séjour, le règlement de police, le droit au travail, le service militaire, mais aussi sur des questions d’hygiène, avec Hay Pouj dirigé par Chavarch Nartouni[4].

Pendant l'Occupation, Chavarche Missakian, vraisemblablement socialiste convaincu (le journal socialiste Le Populaire le désigne comme un « camarade »[5]), saborde volontairement son journal par antinazisme[6] puis le fait reparaître après la Libération[4]. Il est, à ce moment, le seul quotidien de langue étrangère qui ait une autorisation gouvernementale à paraître[4].

En 1953, la rédaction de Haratch s’installe dans (la « Maison Nationale »), hôtel particulier de la rue de Trévise (9e arrondissement de Paris) où cohabitent pacifiquement des organisations arméniennes rivales[4]. Après plusieurs changements d’adresse et d’imprimerie, Haratch s’installe finalement en 1973 au 83 rue de Hauteville à Paris, dans une pièce pour la rédaction et un atelier pour la linotype de marque allemande acquise en 1953[3].

Le journal comportait alors toujours l’éditorial de Charvarche, Mèr Khoske (en arménien Մեր Խոսքը, littéralement « Notre Parole »), un billet, des analyses politiques ou littéraires, et un feuilleton ouvert aux jeunes écrivains[3]. Haratch est vendu à la criée dans les « villages arméniens » de la banlieue parisienne et dans les kiosques de la Place d’Italie, du quartier latin (boulevard Saint-Michel) ou de Cadet[4], ainsi que par abonnement[3].

Le 26 janvier 1957, Chavarch Missakian meurt ; c'est sa fille Arpik Missakian qui prend sa suite à la direction du journal[4].

Sous Arpik Missakian (1957-2009)

Article détaillé : Arpik Missakian.

Le 5 décembre 1976 est lancé un supplément mensuel littéraire et artistique intitulé Midk yèv Arvest (en arménien Միտք եւ արուեստ, littéralement « Pensée et Art »)[7]. Le dernier sort le 5 mai 2009[7]. Y participe notamment l'écrivain Krikor Beledian, aux côtés de critiques artistiques, écrivains, poètes, musicologues, esthètes, cinéphiles, historiens ou politologues arméniens, des Amériques à l'Arménie[8].

L'équipe du journal est très réduite, se limitant à Arpik Missakian, une autre journaliste permanente, Arpi Totoyan, née en 1945 à Istanbul et locutrice de l'arménien occidental et du turc, qui intègre l'équipe en 1984[3], et complétée par quelques chroniqueurs[9].

Au fur et à mesure que les années passent, le journal perd progressivement ses lecteurs. Plusieurs facteurs l'expliquent : déclin progressif du nombre de locuteur de l'arménien occidental, indifférence de la communauté arménienne de France, difficultés financières, absence d'annonceurs publicitaires, dilution communautaire, etc.[2]. De plus, il semblerait que ce soit l'absence de relève, de journalistes et d'écrivains arméniens pour contribuer au journal qui a précipité le déclin de Haratch[9]. Arpik Missakian finit par mettre la clé sous la porte de son journal fin mai-début juin 2009, afin de clore avec « les honneurs » cette aventure[2] de son journal qui n'avait plus que 700 abonnés[10].

Arpik Missakian meurt le 19 juin 2015 à 89 ans[11] et est inhumée au cimetière du Père-Lachaise le 25 juin 2015[3].

Succession

Le journal Nor Haratch (en arménien Նոր Յառաջ, littéralement « nouveau (journal) Haratch ») est lancé en octobre 2009[12] pour prendre la suite de Haratch[13].

source : wikipedia