1 Nouvel Hay Magazine

Le 14 novembre 2019 à 20h30 à St Julien Le Pauvre 79 rue Galande 75005

Concert Komitas

avec le quatuor Touamanian Mek

& l'ensemble vocal Artzakank

source : JAF Paris

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Son nom fait référence à saint Julien l'Hospitalier, car un hospice accueillant les pèlerins et pauvres voyageurs était associé à l'église au Moyen Âge. Il n'est toutefois pas de certitude quant à savoir quel saint fut le premier patron de l'église, car c'est l'une des plus anciennes de Paris, et ses origines remontent au moins au début du VIe siècle. Saint Julien du Mans et saint Julien de Brioude sont également considérés comme patrons de l'église.

La basilique primitive a été détruite par les Vikings en 886. Puis une seconde église est construite, qui est donnée au prieuré clunisien de Longpont-sur-Orge vers 1125. Les moines de Longpont réparent l'église, établissent un prieuré et font construire une église neuve à partir de 1160. C'est celle que l'on voit actuellement.

Malgré ses dimensions modestes, son chœur est une œuvre de qualité, dont la sculpture est inspirée de la cathédrale Notre-Dame, et a été exécutée sans doute par les mêmes artistes. Le prieuré est longtemps prospère, et l'église accueille des cours de l'Université de Paris, ainsi que les élections et assemblées générales jusqu'en 1525, puis de nouveau jusqu'au début du XVIIe siècle. À cette époque, le prieuré tombe en décadence et l'église se délabre. Malgré une tentative de redressement et la construction d'une nouvelle façade en 1651, le prieuré de Longpont se résout de céder église et prieuré à l'Hôtel-Dieu de Paris, deux ans plus tard. Le prieuré cesse d'exister, et l'église devient une chapelle de l'Hôtel-Dieu. La Révolution française apporte sa transformation en entrepôt, situation qui perdure jusqu'en 1826. Puis Saint-Julien-le-Pauvre devient à nouveau une chapelle de l'hôpital, avec une vie spirituelle bien limitée, avant de fermer en 1873. Entre-temps, en 1846, elle est classée aux monuments historiques[1].

Enfin le père Alexis Katoub développe le projet d'une paroisse Grec-catholique melkite à Paris, et obtient que l'église soit mise à disposition de cette nouvelle paroisse. C'est chose faite en 1888 : désormais, les catholiques d'Orient ont leur propre lieu de culte dans la capitale, et les messes y sont célébrées selon le rite de saint Jean Chrysostome. Une iconostase est aménagée à l'entrée de l'abside en 1900 afin d'adapter l'église à sa nouvelle fonction. Elle demeure toujours le centre de vie de la paroisse grecque-catholique melkite de Paris.

Les origines et le vocable

 

Bas-relief représentant la légende de saint Julien, 42 rue Galande.

L’église Saint-Julien-le-Pauvre est attestée depuis l’an 507, et représente ainsi la plus ancienne église de Paris parmi celles dont l’histoire ne s’est pas interrompue jusqu’à ce jour. Il convient d’insister sur cette restriction, car des églises de fondation plus ancienne ont existé dans la capitale, et l’église Saint-Julien-le-Pauvre en tant qu’édifice n’est pas non plus la plus ancienne. Sa construction fut lancée en même temps que le chantier de Notre-Dame, mais c’est Saint-Julien qui fut achevée en premier lieu. Parmi les églises actuellement affectées au culte dans la capitale, c’est Saint-Germain-des-Prés qui est la plus ancienne : son clocher et sa nef datent d’autour de l’an mil. L’église Saint-Pierre de Montmartre a été consacrée en 1147, et vient au deuxième rang. Le chœur de Saint-Martin-des-Champs date de la même période, mais cette église est désaffectée depuis la Révolution française. Saint-Julien-le-Pauvre vient donc au troisième rang. Vue l’ancienneté de la fondation, ses circonstances ne sont plus connues, et l’on ignore sous l’invocation de quel saint l’église fut initialement placée. Apparemment, un hospice pour les pèlerins et pauvres voyageurs fut associé très tôt à l’église : Grégoire de Tours (539594) le mentionne déjà, et y a passé la nuit. Cet indice ainsi que le motif d’un bas-relief de l’ancien portail, transféré ultérieurement sur la maison 42, rue Galande[2], parlent en faveur de saint Julien l'Hospitalier. Le bas-relief le représente dans une barque, accompagné de sa femme et d’un pauvre voyageur, à qui il fait traverser le fleuve, l’hospice étant représenté en arrière-plan. Julien l’Hospitalier avait fondé un hospice près d’un fleuve, et l’on trouve la même situation à Paris, ce qui explique le choix de Julien l’Hospitalier comme patron. Néanmoins, l’église possédait aussi les reliques de saint Julien de Brioude, martyrisé en 304 ; elles furent conservées à gauche du maître-autel. Pour des raisons aujourd’hui oubliées, saint Julien du Mans, dit également saint Julien le Confesseur ou le Pauvre, a également été évoqué comme patron de l’église, et il est mentionné conjointement avec Julien de Brioude dans un acte de donation d’Étienne de Vitry. Ainsi, l’on commença, pour ne faire tort à aucun des trois saints, de considérer l’église comme étant placée sous leur triple vocable. L’appellation de Saint-Julien-le-Pauvre ne se réfère en l'occurrence à aucun parmi eux en particulier : au Moyen Âge, l’on parlait de l’église Saint-Julien-le-Vieil ; puis, avec la fondation de l'église Saint-Julien-des-Ménétriers (détruite à la Révolution), l’on choisit le qualificatif le Pauvre pour faire allusion à l’hospice, destiné à l’accueil des pauvres, et pauvre lui-même[3].

Le Moyen Âge

 

Vue nocturne ; au fond, Notre-Dame.

En 886, les Normands saccagent l’église au cours de leur siège de Paris (885-887). Ses biens sont usurpés par des seigneurs laïcs. Une charte du roi Henri Ier en ordonne la restitution à l’évêque de Paris, mais pose la condition qu’un clerc nommé Giraud aura la jouissance des revenus. Habituellement, les bénéfices d’une cure ne peuvent pas être cédés à des particuliers, mais seulement à des établissements religieux : peut-être est-ce l’indice de l’assimilation de l’église Saint-Julien-le-Pauvre à un prieuré, dont l’existence peut être également déduit du fait de l’existence de l’hospice, qui a besoin de moines ou religieuses pour fonctionner. En tout cas, l’église tombe en commende, et au début XIIe siècle, son bénéfice est partagé par le chevalier Étienne de Vitry et Hugues de Monteler. Le premier rentre de Croisade, et en exécution d’un vœu fait après la guérison d’une longue maladie, lui et sa femme donnent leur part de l’église au prieuré clunisien de Longpont-sur-Orge. En 1125, l'évêque Étienne de Senlis confirme cette donation. Presque en même temps, Hugues de Monteler se joint à cette démarche, et donne lui aussi sa part au prieuré de Longpont. Les moines de Longpont font réparer l’église, et y établissent un prieuré.

Vers 1160, les religieux de Longpont lancent la construction de l’église actuelle, qui est achevée vers 1170. À cette époque, la rue du Fouarre, qui passe près du chevet de l’église, est l’un des principaux lieux d’enseignement de l’Université de Paris. Les cours se tiennent en pleine rue, et les étudiants s’assoient sur de la paille, d’où le nom de la rue. L’on sait que Dante Alighieri logeait rue du Fouarre en 1309, et alla souvent prier dans l’église Saint-Julien. Le prieuré héberge alors un grand nombre de moines, jusqu’à cinquante. Le recteur de l’Université s’adresse au prieuré pour obtenir l’autorisation de tenir une partie des cours dans l’église, car elle manque de locaux. Certes il y a un grand nombre de collèges dans le quartier, mais ce sont des maisons d’hôtes hébergeant les étudiants. Ainsi, les classes d’Humanité et de Philosophie sont transférés dans l’église Saint-Julien-le-Pauvre. Elle devient également le siège des assemblées générales de l’Université. Tous les trois mois, les délégués qui doivent nommer le recteur y sont élus. C'est aussi dans son enceinte que chaque année le recteur et les autres chanoines de chacune des quatre facultés des quatre nations tiennent leur chapitre. L'évènement donne lieu à des cérémonies grandioses où l'hermine le dispute à la pourpre. En vertu d’une ordonnance de Philippe le Bel, le prévôt de Paris y prête serment, tous les deux ans, de faire respecter, et d’observer lui-même, les privilèges des maîtres et élèves[4],[5].

L'époque moderne jusqu'à la Révolution française

 

L'église Saint-Julien-le-Pauvre sur le plan de Truschet et Hoyau (1550).

 

Vue sur la façade de 1651 depuis la rue Saint-Julien-le-Pauvre.

 

Plan de situation vers 1770.

En 1524, l’une des élections donne lieu à une émeute, et l’église est vandalisée. Les portes sont enfoncées, et les fenêtres volent en éclats. Par un arrêté du 7 mars 1525, le Parlement de Paris ordonne que les assemblées doivent se réunir ailleurs, mais l’effet de cet arrêté n’est que temporaire. En vertu de la tradition, l’on apprend que le 5 août 1660, la faculté des Arts tient son assemblée à l’église Saint-Julien-le-Pauvre, « selon sa coutume ». Par ailleurs, l’église est également le siège des corporations des couvreurs, des fondeurs et des marchands. Il y existe également une confrérie Notre-Dame des Vertus. – En 1562, sous la première guerre de religion, les troupes de Louis Ier de Bourbon-Condé saccagèrent le sud du diocèse de Paris, profanent les églises et brisent les statues. Les moines de Longpont obtiennent l'autorisation de s'installer à Paris, dans leur prieuré Saint-Julien-le-Pauvre. À cette occasion, ils entreprennent sa restauration. Mais après leur retour vers Longpont, la prospérité du prieuré parisien prend fin : le centre de l’Université se déplace vers la montagne Sainte-Geneviève, et les immeubles appartenant au prieuré ne peuvent plus être si facilement loués. Plusieurs deviennent vacants et tombent en ruines. Le prieuré est ainsi privé d’une partie de ses ressources. Vers 1612, un prieur nommé E. Thiboust de Berry est installé, alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Son inexpérience, puis sa mauvaise gestion, précipitent la ruine du prieuré. Pour cette raison, Thiboust est destitué vers 1630, et remplacé par Pierre Méliand. Celui-ci s’adresse au procureur du Roi pour que son prédécesseur rembourse la moitié des revenus qu’il a touchés, afin que la somme serve à réparer l’église. En 1635, la cour des requêtes prononce une sentence à son encontre, et le condamne à rembourser la somme de 16 500 livres. Il semble que Thiboust ne verse qu’une partie de la somme. L’église commence à tomber en ruines : le portail et le toit de la nef ont chuté, et le lambris qui recouvre intérieurement la nef et les bas-côtés commencent également à tomber. Des experts établissent leurs rapports, et il est décidé de raccourcir l’église de deux travées, et d’employer les matériaux récupérés pour bâtir une sacristie et faire une nouvelle façade. Ces travaux sont effectués par le maître-maçon Berrnad Roche en 1651, et coûtent la somme de 200 000 livres tournois. Il s’est formé par la suite la légende que la perte de l’ancienne façade serait imputable à un incendie, mais aucun document ne le confirme[6],[7].

En ce milieu du XVIIe siècle, l'Hôtel-Dieu, jusque-là cantonné sur l'île de la Cité, cherche à s'agrandir et vise la rive gauche de la Seine. Dans ce but, il achète toutes les maisons comprises entre la rivière et la rue de la Bûcherie, qui à l'époque n'est pas encore coupée en deux sections par le square René-Viviani – Montebello. Au sud de la rue, commençait l'enceinte de Saint-Julien, qui était un îlot de trente-huit maisons appartenant au prieuré, sur l'emplacement de l'actuel jardin public et au-delà, jusqu'à la rue Garlande. L'église était en effet complètement enclavée dans ces maisons, et accessible uniquement par deux étroits passages, l'une depuis la rue Garlande, au sud, et l'autre, depuis la rue Saint-Julien-le-Pauvre, dont le parcours n'a pas évolué depuis. Le 5 février 1651, le cardinal Jules Mazarin informe les administrateurs de l'hôtel-Dieu qu'il met à leur disposition une somme de 40 000 livres, et propose au prieur Pierre Méliand une rente viagère de 2 500 livres, à prendre sur l'abbaye aux Dames de Caen, afin de permettre la réunion du prieuré Saint-Julien à l'Hôtel-Dieu. Les négociations qui commencent alors avec le prieuré de Longpont sont coordonnées par Jean-Baptiste Colbert, qui habite une rue voisine, la rue des Rats. Le traité final est signé le 30 avril 1653, et stipule l'extinction du prieuré. Tous ses biens vont à l'Hôtel-Dieu, qui s'engage à les employer pour construire un hôpital pour les convalescents, qui s’appellera hôpital Saint-Julien-le-Pauvre. L'Hôtel-Dieu assume également toutes les charges du prieuré, et promet de continuer à célébrer à perpétuité le service divin dans l'église, et d'honorer toutes les messes de fondation. La réunion du prieuré à l'hôtel-Dieu est confirmée par une bulle pontificale du 23 mars 1659, mais les lettres-patentes du roi se font attendre jusqu'au 2 août 1697. Le service de l'église est confié à un chapelain dépendant de la paroisse Saint-Séverin. Les corporations et la confrérie Notre-Dame des Vertus peuvent maintenir leurs célébrations habituelles dans l'église Saint-Julien. Les finances de l'Hôtel-Dieu ne sont pas bonnes, et l'église ne possède quasiment plus de mobilier de valeur, comme le révèle un état des lieux de 1705. Certaines maisons sont démolies et remplacées par des maisons neuves ; d'autres sont vendues pour renflouer les caisses. La Révolution française ne met pas un terme à l'existence de l'Hôtel-Dieu, mais ses biens passent dans le domaine de l'état, le service n'est temporairement plus assuré par les religieuses Augustines, et le nom change en maison de l'Humanité. Cependant, l'église est transformée en magasin à sel dès 1790[8].

Depuis le début du XIXe siècle

 

Vue depuis le nord-est (vers 1880).

 

L'église vers 1880 (photographie de Jean-Eugène Durand).

Le rétablissement de la liberté du culte et le Concordat de 1801 n'ont pas d'incidence directe sur l'église Saint-Julien-le-Pauvre, qui continue de servir d'entrepôt. Un décret impérial de 1805 la restitue à l'Hôtel-Dieu pour la célébration des offices. Or, la réalité est tout autre, et l'Hôtel-Dieu la loue comme entrepôt de laine. Cette situation continue jusqu'au 20 octobre 1826, quand Mgr Hyacinthe-Louis de Quélen rend l'église définitivement au culte. Mais elle n'est toujours pas paroissiale, si elle l'a jamais été, et sert seulement de chapelle à l'Hôtel-Dieu. La vie spirituelle reste donc bien limitée, et l'on célèbre essentiellement les offices d'enterrement dans l'église, ainsi que de temps à autre, des baptêmes. Également, la plupart des sœurs hospitalières de l'Hôtel-Dieu, qui sont des Augustines comme avant la Révolution, font leurs vœux religieux devant l'autel de Saint-Julien-le-Pauvre, jusqu'en 1873. En cette année, l'église est une nouvelle fois désaffectée. Elle a néanmoins été classée aux monuments historiques par liste de 1846[1], ce qui la préserve de la démolition. Au bout d'une longue période d'abandon, l'on envisage d'en faire une dépendance du musée Carnavalet qui est à l'étroit dans ses locaux, et plus concrètement, un musée lapidaire du vieux Paris. Le jeune père Alexis Kateb développe, pendant les années 1880, un projet tout autre, visant à ramener l'édifice à sa vocation initiale. Les catholiques d'orient sont alors dispersés dans la ville, sans paroisse ni lieu de culte, et n'ont même pas de structure leur permettant de se rapprocher et de créer des liens de solidarité. Le père Kateb entreprend ainsi des démarches auprès du gouvernement et de l'Assistance publique et mène de délicates négociations.

Le zèle apostolique du Père Kateb finit par être remarqué par cardinal Richard de La Vergne, archevêque de Paris, qui lui accorde tous les soutiens nécessaires. Ainsi, en 1889, l'église est confiée à la communauté grecque-catholique melkite de Paris, qui y fonde, pour la première fois dans la capitale, sa propre paroisse. Depuis, les messes y sont célébrées selon le rite de saint Jean Chrysostome, et comme le formule Émile Lambin, l'on s'y croirait volontiers au temps de ce père de l'Église grecque, et « on respire dans le sanctuaire gothique comme un parfum des premiers siècles »[9],[10]. Une iconostase réalisée en 1900 sépare l'avant-chœur de l'abside. Armand Le Brun explique l'importance de l'église pour les paroissiens : « Ils vont y retrouver, avec les cérémonies de leur culte traditionnel, un appui, des consolations, un centre, un foyer national où ils pourront prier dans leur langue et s'entendre pour se prêter une assistance réciproque. C'est surtout loin des siens que l'homme a besoin de voir des figures amies et de se retremper dans les souvenirs de sa patrie absente »[11].

Le 14 avril 1921, les principaux protagonistes du mouvement Dada parisien organisent vers cette église une excursion. Ils la choisissent parce que à cette époque elle est inconnue et déserte, et parce qu'elle n'avait aucune raison d'exister, selon eux, ces qualités étant en adéquation avec leur mouvement[12].

Recteurs et curés de la paroisse depuis 1888[modifier | modifier le code]

  • 1888-1892 : l’archimandrite Alexis Kateb
  • 1892-1899 : l’archimandrite Ignace Homsy
  • 1899-1903 : l’archimandrite Joseph Cadi
  • 1904-1933 : l’archimandrite Arsène Attié
  • 1934-1946 : l’archimandrite John Chiniara
  • 1947-1948 : l’archimandrite Elie Skaff
  • 1948-1950 : l’archimandrite Oreste Kéramé
  • 1950-1990 : l’archimandrite puis exarque Joseph Nasrallah
  • 1990-2000 : l’archimandrite Paul Abdou
  • 2001-2001 : l’archimandrite Fayez El-Freijat (B.S. Ordre basilien salvatorien)
  • 2001-2011 : l’exarque Nicolas Antiba (B.A. Ordre basilien alépin)
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  • source : wikipedia