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L’Arctique : l’enfant chéri du président Vladimir Poutine

Cinq ans après la découverte d'un des plus grands gisements de pétrole du monde dans les eaux glacées de l'Arctique, Rosneft va reprendre l'exploration en mer de Kara.

Le « Projet relatif à la construction du puits de forage de Ragozinskaya » situé dans la zone de licence « East-Prinovozemelsky-2, a été présenté à Dudinka, ville portuaire de la péninsule de Taïmyr, au nord de la Sibérie.

Outre le puits d'exploration offshore baptisé « Ragozinskaya », le projet du géant russe prévoit une étude d'impact sur l'environnement et la prévention des marées noires. Les opérations débutent en 2020 durant la « saison sans glace ». Si les conditions météo, les forages seraient reportés à 2021

Rosneft a 19 licences sur le plateau occidental de l'Arctique russe, dont quatre en mer de Kara  : Prinovozemelsky-1, 2, 3 et North Karsky (126.000 km 2 au total). Une trentaine de gisements y ont été découverts. Les réserves sont comparables à celles de l'Arabie saoudite.

Selon IFP Energies nouvelles, les réserves « prouvées » au nord du cercle polaire s'élèvent à 90 milliards de barils de pétrole (13 % des réserves mondiales) et 47 milliards de mètres cubes de gaz naturel (30 % des réserves). La mer de Kara est un enjeu stratégique pour  la production russe d'or noir.

Pour Rosneft, la relance de l'exploration offshore avec « Ragozinskaya » survient cinq ans après la découverte du puits « Pobeda » ( Victoire » en russe), dont les réserves d'or noir sont estimées entre 125 et 500 millions de tonnes.  ExxonMobil avait financé l'exploration et une plate-forme norvégienne effectué le forage.

Mais avec la réintégration de la Crimée par la Russie,  ExxonMobil a interrompu sa coopération avec Rosneft en février 2018.

Les principaux pétroliers russes (Rosneft, Ioukos, LUkoil, Neftegazholding, Surgutneftegas…) pourront-ils maintenir la rente pétrolière sur le long terme avec les ressources exploitées depuis l'ère soviétique dans le sud-ouest du pays ? Ces ressources s'épuisent peu à peu, leur rendement diminue….

Il faut donc des relais de croissance. « Aujourd'hui, la part de l'Arctique représente plus de 10 % de tous les investissements en Fédération de Russie et je suis convaincu que l'importance du facteur arctique dans l'économie du pays ne fera que croître », a prédit Vladimir Poutine lors du Forum international arctique de Saint-Pétersbourg en avril 2019.

L'homme fort du Kremlin a pris un engagement : multiplier par dix (à 80 millions de tonnes) d'ici à 2024 le trafic cargo sur la route maritime du Nord-Est située dans l'Arctique  qui est navigable quatre mois par an.

Le PDG de Rosneft, Igor Sechin, a promis son concours. Début avril, il a évoqué la possibilité de créer un « cluster arctique » russe avec « des investisseurs internationaux de première classe »  pour extraire 100 millions de tonnes d'or noir par an d'ici à 2030, et les faire transiter par cette alternative au canal de Suez.

Si l'Arctique recèle un potentiel prometteur, y extraire du pétrole est coûteux : ExxonMobil avait investi 3,2 milliards de dollars avant la découverte « Podeba » .

Dans une lettre adressée au président russe, Igor Sechin écrit qu'il faut investir 5.000 milliards de roubles (71 milliards d'euros) pour développer son « cluster arctique" (500 km de pipelines des terminaux maritimes, des aéroports, des lignes électriques). il a demandé au gouvernement un allégement fiscal pouvant atteindre 2.600 milliards de roubles (36,7 milliards d'euros) .

Malgré sa  privatisation partielle fin 2016, Moscou, contrôle toujours Rosneft (avec plus de 50 % du capital), est sensible à l'appel d'un homme qui fut le vice-premier ministre de la Fédération de Russie de 2008 à 2012. Mais problème pour Vladimir Poutine : Rosneft est à le principal contribuable de Russie.

sources : rapport de l'agence de presse Portnews  et quotidien Vedomosti