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Où il est question de Staline (21 millions de victimes) , du Kosovo & du Haut (Nagorny) Karabagh: un article de Nersès Durman

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La douleur lancinante des Arméniens : le Karabagh .

«Staline a donné le Haut-Karabagh aux Azéris».  Afin de révéler la véracité d’un événement, il est indispensable d’aller à la source et examiner les faits avec leurs tenants et leurs aboutissants. L’Arménie historique s’étendait sur une superficie de 620.000 Km2. Le Royaume d’Arménie existait avant J.C. et était souvent l’objet d’attaques, de guerres fratricides entre les principautés puis d’invasions de la part des Romains, des Parthes, des Seldjoukides, des Byzantins, des Mamelouks égyptiens, des Perses, des Russes et enfin des Turcs ottomans. Sur la presqu’île d’Anatolie et à Constantinople (Istanbul), selon les archives du Patriarcat de l’Eglise arménienne, le nombre d’Arméniens vivant sur le territoire présentait 2.500.000 âmes. Le 24 avril 1915 marqua le déclenchement des déportations et des massacres des Arméniens qui prirent un caractère génocidaire et furent qualifiés le 25 mai 1915 par la France, la Russie et le Royaume-Uni de « Crime contre l’Humanité » La première République d’Arménie fut créée le 18 mai 1918 et  son existence ne dépassa pas deux ans. L’Arménie fut réduite à peau de chagrin sur une superficie de 8.500 Km2 avec une population de 780.000 âmes dont 450.000 étaient des rescapés du génocide de l’Arménie occidentale.  Les Turcs voulaient complètement anéantir la population arménienne d’Anatolie (Ex-Arménie historique) annihilant ainsi l’existence de toutes traces d’un peuple avec un passé plusieurs fois millénaire.

La Révolution d’Octobre de 1917 en Russie, et les calculs mercantiles des États occidentaux sur le dos d’une Arménie indépendante offrirent un avantage considérable aux Turcs. C’est grâce à la clairvoyance des politiciens du pays que le 29 novembre 1920 l’Arménie entra dans la famille soviétique. C’était le seul moyen de préserver l’identité, la culture et l’existence d’un pays comme État. L’éminente personnalité Hovannes Katchaznouni, Premier ministre de la première République d’Arménie déclarait « le Dachnaktsoutyoun dorénavant n’a rien à faire ». Une autre personnalité Simon Vratsian dans son livre Hayastani Hanrabedoutyoun écrivait «  À 7 Km d’Erevan les canons turcs étaient visibles ». La 2èmeRépublique d’Arménie s’établit sur 29.800Km2 avec une population de 3.500.000 habitants.

Une Conférence eut lieu à Moscou en Février-Mars 1921; le commissaire des peuples, Staline, avait invité à la table des négociations  les Etats du Caucase et la Turquie pour résoudre les problèmes de frontière. Lorsque le 18 Février 1921, un groupe de putschistes fit irruption au parlement d’Erevan renversant le gouvernement et déclarant à Moscou, qu’en Arménie le gouvernement ayant changé, les délégués arméniens de Moscou n’étaient plus ’habilités à représenter l’Arménie. Cette action n’était-elle pas un coup de poignard dans le dos de la Nation arménienne ? À cette époque l’Azerbaïdjan n’était-il pas disposé à céder le Haut Karabagh et le Nakhitchevan à l’Arménie ? En conséquence, ce transfert de territoire n’a pas eu lieu en raison de l’absence de la délégation arménienne à la conférence de Moscou. Le Haut Karabagh et Nakhitchevan n’ont jamais fait partie de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan à l’époque soviétique, ils ont été rattachés administrativement pendant 70 ans jusqu’à la dislocation de l’URSS. Le peuple du Karabagh a lutté pour se libérer du joug azéri et le 2 Novembre 1991 il a déclaré son indépendance comme République du Karabagh. Cette indépendance fut arrachée au prix d’énormes sacrifices. Il y a eu des milliers de morts jusqu’à aujourd’hui. Et malgré un cessez le feu, les Azéris bombardent les positions du Haut-Karabagh, chaque jour nos soldats tombent sous les balles d’ennemies. Pourquoi les instances internationales acceptent l’indépendance du Kosovo alors que la situation du Karabagh est analogue et qu’aucune grande puissance n’a le courage politique de reconnaitre la République indépendante du Karabagh ?

Pourquoi les frontières issues de l’ex-URSS peuvent-elles à la fois contestables et contestées et immuables ? C’est une douleur lancinante pour les Arméniens, mais à qui la faute? À ces putschistes qui n’étaient qu’une bande d’aventuriers ? Ou à Staline qui a donné le Karabagh aux Azéris ? À vous de juger.

Nersès Durman 1er Mai 2016