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Grégoire de Narek sera proclamé docteur de l’Église

Gregoire Narek

Le pape François a validé la prochaine proclamation de saint Grégoire de Narek, mystique arménien du Xe  siècle, comme docteur de l’Église. Né vers 950, orphelin de mère très jeune, Grégoire de Narek est éduqué par son père évêque avant d’entrer au monastère de Narek dirigé par son oncle. Prêtre en 977, il enseigne ensuite à l’école du monastère avant d’être écarté par des moines jaloux qui l’accusent d’être trop proche des thèses byzantines. Il meurt vers 1003, laissant une abondante œuvre, notamment un Commentaire du Cantique des Cantiques et de nombreux poèmes et hymnes et odes. Mais son chef-d’œuvre demeure le Livre des Lamentations (achevé vers 1003), monument de la langue arménienne classique et pièce majeure de la littérature mystique, qu’il décrivait comme une série de « conversations avec Dieu venues des profondeurs du cœur ».

Il faut noter aussi que l’Église catholique attribue le titre de docteur de l’Église à ceux dont elle reconnaît une autorité théologique exceptionnelle en raison de la profondeur de leur foi, de la sûreté de leur doctrine et de la sainteté de leur vie, conférant ainsi une place particulière à leurs enseignements. Reconnu saint dans l’Église arménienne, Grégoire de Narek l’est aussi chez les catholiques, dans l’Église arménienne-catholique comme dans l’Église latine – il y est célébré le 27 février – où son œuvre, connue depuis le XVIIe  siècle, a eu un fort retentissement. Sa mystique, fondée sur l’aspiration de l’homme à combler l’abîme qui le sépare de Dieu, exprime aussi la possibilité pour le croyant de ressentir la proximité immédiate de Dieu, la nature humaine pouvant aller jusqu’à s’unir à la nature divine. Il dessine aussi l’idée d’un cheminement personnel avec Dieu fondé sur l’humilité, tout à fait en phase avec la spiritualité dessinée par l’Église depuis Vatican II.

L’annonce faite par le Saint-Siège intervient aussi au moment du centenaire du génocide arménien – au cours duquel le monastère de Narek fut d’ailleurs entièrement détruit – que le pape marquera lui-même le 12 avril prochain lors d’une messe place Saint-Pierre en mémoire du 1,5 million de victimes. De son côté, le 23 avril, le catholicos arménien Karekin II canonisera toutes les victimes du génocide, tuées « pour la foi et pour le pays ».

Sources: http://www.la-croix.com/