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L’Etat turc tente une sortie de secours au procès Hrant Dink

Commemoration dédiée à Hrant Dink

«Il n’y a pas d’organisations, mais il y a l’Etat», ironise Ozgür Mumcu, juriste, chroniqueur du quotidien Radikal (libéral) commentant le verdict d’acquittement des 18 personnes accusées d’avoir formé «une organisation terroriste» pour assassiner le journaliste arménien d’Istanbul, Hrant Dink, directeur de l’hebdomadaire Agos, tué par balle le 19 janvier 2007 par un jeune chômeur ultranationaliste.

Ozgür Mumcu
Ozgür Mumcu

L’assassinat de cette figure du dialogue arméno-turc engagé dans la bataille pour la mémoire de «la grande catastrophe» (l’extermination de plus d’un million d’Arméniens de l’Empire ottoman de 1915-1917) avait suscité un immense choc et plus de 100 000 personnes avaient défilé pour ses funérailles dans les rues d’Istanbul aux cris de «nous sommes tous Arméniens».

Aujourd’hui, l’ensemble des journalistes, activistes des droits de l’homme et avocats critiquent durement le verdict prononcé mardi par la 14e cour d’assise d’Istanbul. Seul Yasin Hayal, instigateur du meurtre, a été condamné à perpétuité, alors que Ogün Samast, le tueur – mineur à l’époque des faits – avait été condamné précédemment à trente ans d’emprisonnement par un tribunal pour enfants. Mais Erhan Tuncel, assistant des services de renseignement de la gendarmerie et de la police, considéré par les avocats de la défense comme le vrai organisateur de l’assassinat, a été acquitté. «On n’attendait pas une décision si mauvaise», a regretté Fethiye Cetin, avocate de la famille Dink. «Même le procureur a accueilli avec stupeur la décision de la cour», observe un membre du collectif les Amis de Hrant. La cour avait systématiquement refusé la demande des avocats de la défense d’ouvrir une information judiciaire contre les responsables militaires et policiers.

L’indignation face au verdict est à la mesure du symbole que représentait Hrant Dink. Il se battait pour que la Turquie regarde en face les tragédies de son histoire, mais il était aussi convaincu que ce travail de mémoire devait se faire sans ingérence externe. «Nous devons résoudre ce problème ici en Turquie. Les Arméniens sont les médecins des Turcs. Et vice-versa. Les interventions politiques des pays étrangers ne peuvent pas résoudre ce conflit», répétait-il. Critiqué par les Arméniens de la diaspora et par ceux de la République d’Arménie, Dink estimait que les événements de 1915 devaient être qualifiés de génocide, mais n’insistait pas sur ce terme afin de mieux faire passer son message.

Il avait été plusieurs fois jugé et condamné à cause de ses écrits et ses interventions publiques. Il a été assassiné à la suite d’une campagne publique et médiatique qui l’accusait d’être un traître à la nation. Les Amis de Hrant organisent une marche silencieuse aujourd’hui à Istanbul.

Ragip DURAN

Libération L’Etat turc indemne au procès Hrant Dink

Courrier International Amertume suite au procès des assassins de Hrant Dink

Le Parisien Des milliers de personnes commémorent le journaliste assassiné Hrant Dink