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A qui profite le “putsch” en Turquie ?

erdoA QUI PROFITE LE COUP D’ETAT EN TURQUIE ?
Le 15 juillet 2016, des militaires turcs fomentaient un putsch à Istanbul et Ankara en occupant les aéroports et en bombardant le siège de l’Assemblée Nationale. Même s’il est fort peu probable qu’une prise de pouvoir par la force puisse permettre l’établissement de la démocratie, la question qui se posait lors de cet événement était : « Cette tentative de coup d’État laissait-elle présager un changement politique radical du pays ? »
Sachant que, déjà par le passé, les militaires avaient à plusieurs reprises sauvé des régimes autoritaires en Turquie comment en aurait-il pu être autrement aujourd’hui même si les rancœurs de l’armée vis-à-vis du président Erdogan sont profondes compte tenu des limogeages effectués à l’État-major turc. 
« Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » dit le dicton populaire. La politique machiavélique d’Erdogan ne serait-elle pas inspirée par cette phrase ? 
Lors des élections législatives du 7 juin 2015, le parti du président Erdogan n’obtint pas la majorité espérée alors que le parti pro kurde HDP faisait une percée historique en envoyant au Parlement turc 80 députés. Le projet de nouvelle constitution voulue par Erdogan lui permettant d’avoir des pouvoirs bien plus larges se trouvait avorté dans de telles conditions. Pourtant, bien que la démocratie se soit exprimée, le « nouveau sultan » ne pouvait pas laisser l’histoire s’écrire de cette façon. Une série d’attentats d’une extrême violence éclatait en Turquie, profitant du chaos généré par cette situation, le président Erdogan décida d’organiser en novembre 2015 des élections législatives anticipées. Basant toute sa campagne sur la menace terroriste et sur les risques de son expansion s’il n’obtenait pas la majorité au Parlement, Erdogan réussit à convaincre une population choquée par les images de cadavres ensanglantés. 
A cette époque-là, déjà la question se posait de savoir qui étaient les responsables des attentats, à voir à qui a profité le crime, est-il besoin réellement de s’interroger ?  
La situation géopolitique de la Turquie assurait l’aide et le soutien des pays européens, des États-Unis et de la Russie. Son intégration dans l’OTAN lui offrait une protection en cas d’une éventuelle attaque de ses adversaires. La sollicitation et la coopération dans les domaines commerciaux et militaires permirent à la Turquie de devenir un des 20 pays les plus riches du monde. 
Cet enrichissement économique et commercial eut aussi pour conséquence le développement d’une société civile avide de libertés et favorable aux droits de l’Homme. Des manifestants, sur la place de Taksim à Istanbul, se réunissaient régulièrement pour réclamer l’établissement de la démocratie. Cependant, la grande manifestation prévue fut interdite par le gouvernement qui ne voulait pas laisser la rue s’exprimer. L’ampleur du mouvement semblait inquiéter Erdogan ! La situation en Turquie était telle qu’il paraissait évident que quelque chose allait arriver, devait arriver. Une Révolution pouvait-elle être possible ? Les intellectuels, les journalistes, les juristes régulièrement arrêtés, emprisonnés puis relâchés allaient-ils pouvoir déclencher ce sursaut démocratique ? 
Stupeur générale : le 15 juillet 2016 ce sont des militaires qui tentent de renverser le pouvoir en place. Le président Erdogan qui se trouvait dans un lieu de villégiature lançait un appel au peuple pour descendre dans la rue.  

De retour à Istanbul, Erdogan haranguait la population en affirmant que le putsch avait avorté et que les responsables seraient condamnés. Cependant, la population devait continuer à le soutenir en restant jour et nuit dans les rues. La chasse aux sorcières démarrait. Des soldats arrêtés furent lynchés. Au regard des photos de ces individus qui frappaient et assassinaient les putschistes, des images sordides nous revenaient en mémoire celles de ces hommes qui organisaient des pogroms contre les Grecs, les Arméniens et les Juifs à Istanbul. Le signe des Loups Gris les accusaient. Profitant de cette situation, Erdogan engageait sans tarder des purges dans l’armée, les milieux judiciaires en désignant ses valets aux postes clés de l’administration. 
Il semble plus qu’évident que ce putsch soi-disant organisé contre Erdogan fut en réalité fomenté par luimême puisqu’il est le seul à qui profitent les conséquences de cette action.  
Ainsi, le président Erdogan faisait coup triple, il étêtait l’armée, renforçait son pouvoir et coupait l’herbe sous le pied des partisans de la démocratie. 
Il peut maintenant en toute légalité se faire voter les pleins pouvoirs pour rétablir « la paix dans son pays », et ce avec la bénédiction des pays occidentaux qui voient en Erdogan, un sauveur. Qui pourrait inquiéter cet homme qui de par sa grande maîtrise de la duplicité fait croire depuis des années qu’il combat Daech alors qu’il le soutient, qu’il va défendre la démocratie en Turquie alors qu’il ne fait que la museler.  
L’avenir nous dira « A qui a profité le coup d’État » ? 
Nemesis Paris

Nersè Durman